Depuis le début de l'épidémie de Covid-19, les blocs opératoires sont réservés aux interventions urgentes. Les autres sont reportées. Mais aujourd'hui, les médecins lancent un cri d'alarme : les produits anesthésiants essentiels manquent, car réquisitionnés par l'Etat.
Pour Hervé Caël, médecin urgentiste Nice et secrétaire au conseil régional de l'ordre des médecins,
il devient extrêmement urgent sur le point médical, social et économique de reprendre le programme opératoire des hôpitaux, les bilans et examens endoscopiques qui se déroulent sous anesthésie générale.
En clair, au début de l'épidémie, les hôpitaux français ont reporté leurs opérations non-urgentes pour d'augmenter leur capacité d'accueil des patients atteints du coronavirus, mais aujourd'hui, alors que cette épidémie semble jugulée, les médecins font face à une pénurie de produits anesthésiants.
Endoscopies, coloscopies, prothèses de hanche, il faut à chaque fois une anesthésie générale et les chirurgiens n'ont aucune lisibilité sur les stocks. Les salles d'opération restent donc vides.
Un stock de trois semaines à peine
Le centre hospitalier d'Antibes, par exemple affiche un stock qui pourrait être épuisé d'ici trois semaines. Voilà qui complique la programmation des interventions à une date ultérieure. Les médecins voudraient plus de lisibilité.Pour faire les bons choix, il faut de la transparence au niveau des stocks, des possibilités de réassortiment, et la clé de répartition au sein des différents établissements de santé
affirme Fabrice Tiger, médecin réanimateur en cardiologie. Prévoir des interventions dans ces conditions devient compliqué et aléatoire.
Une réquisition de l'Etat
Romain Alexandre, directeur délégué de l'agence régionale de santé PACA, ne donnera pas plus de chiffres. Il évoque les besoins d'autres départements en produits anesthésiants, ce qui l'oblige à les répartir.
Nous aurons pleinement les effets de la situation du déconfinement dans la semaine du 15 eu 22 juin, la semaine chanière pour la suite des opérations
déclare t-il. Pour lui, des départements comme l'Ile de France ou Outre mer ont encore des patients en réanimation, ce qui oblige à une gestion très économe.
Une chose est sûre : cette pénurie met au jour l'incapacité des structures françaises de fabriquer des produits qui viennent presque tous d'Asie.