Un administrateur judiciaire a été mis en examen et écroué après la découverte sur un compte en Suisse d'environ 2 millions d'euros, une somme en lien possible avec la vente d'une villa d'Antibes pour laquelle le milliardaire russe Souleyman Kerimov a été mis en examen.
Les enquêteurs agissaient dans le cadre d'une commission rogatoire internationale délivrée par un juge niçois, qui instruit sur ce tentaculaire dossier de blanchiment de fraude fiscale.
L'administrateur judiciaire de Valbonne (Alpes-Maritimes) a été mis en examen pour des faits de corruption et de fraude fiscale, a indiqué cette source, et il a été incarcéré jeudi, a-t-elle précisé, confirmant une information de Nice-Matin.
La somme découverte sur ce compte suisse, dont l'administrateur judiciaire est le bénéficiaire, pourrait correspondre, selon les enquêteurs, à une rétribution pour avoir facilité la vente de la villa "Hier", sise à Antibes, qui est au coeur de cette affaire retentissante.
Milliardaire et sénateur
Originaire du Daguestan, le sénateur Souleyman Kerimov, dont l'arrestation à sa descente d'avion à l'aéroport de Nice Côte-d'Azur le 20 novembre 2017 avait été critiquée par Moscou, est l'un des hommes les plus riches de Russie.
La justice niçoise le soupçonne d'avoir acquis sous un prête-nom cinq villas de grand luxe, dont la villa Hier, au Cap d'Antibes, à grand renfort d'argent liquide. Le montant de l'argent clandestin entré en France depuis la Russie a été estimé entre 500 à 750 millions d'euros.
La vente de la villa Hier, pour un montant de 35 millions d'euros, aurait été selon les enquêteurs manifestement sous-déclarée, ces derniers estimant que le prix réellement payé avait été de 127 millions d'euros.
13 personnes mises en cause
Au total, 13 personnes, dont des professionnels de l'immobilier, ont été mis en cause dans cette enquête débutée fin 2014. Intrigués par des mouvements suspects d'argent liquide observés lors d'une banale planque de la brigade des stupéfiants, les enquêteurs étaient remontés jusqu'à l'oligarque russe.
Initialement, la justice niçoise s'était saisie de poursuites pour "blanchiment de fraude fiscale" mais les avocats de M. Kerimov avaient démontré que le blanchiment n'était pas caractérisé, faute de prouver qu'il y ait eu préalablement une fraude fiscale.
En juin 2018, M. Kerimov avait ainsi obtenu l'annulation d'une première mise en examen, mais en mars dernier, la justice française a relancé des poursuites à son encontre, cette fois-ci pour complicité de fraude fiscale aggravée. Il a alors été mis en examen pour ce motif puis placé sous contrôle judiciaire contre un cautionnement de 20 millions d'euros.