Des véhicules sans volant ni chauffeur - mais avec opérateur - s’essaient, pour les 6 mois à venir, à une toute autre idée de la mobilité dans la technopole azuréenne.
Difficile de passer à côté sans les remarquer. Deux navettes dites autonomes arpentent depuis ce matin du 7 avril l’avenue Roumanille, à Sophia Antipolis, située dans le quartier Saint-Philippe.
Elles doivent desservir 5 arrêts sur cet axe routier autour duquel travaillent quelque 2000 salariés, et atteindre la vitesse de 30 km/h.
Le lancement de ces navettes SophIAbus, accessibles gratuitement au public, a été salué par le maire d'Antibes et président de la Communauté d’Agglomération Sophia Antipolis, présent sur place, y trouvant une "réponse pragmatique au défi des énergies renouvelables".
"Lutter contre l’autosolisme"
De couleur verte et rose, ces deux engins motorisés sont estampillés du logo de la société lyonnaise Navya. Cette nouvelle solution de mobilité doit venir compléter les transports traditionnels, sur la logique du dernier kilomètre, et à terme "lutter contre l’autosolisme, soit la pratique de venir seul en voiture à Sophia".
C'est ce qu'indique Sylvie Ponthus, la directrice adjointe du service mobilités de la CASA - la communauté d'agglomération, qui met en oeuvre ce projet.
Ce dont on rêve à la CASA, avec Envibus, c’est de pouvoir avoir un réseau structurant, c’est-à-dire des lignes qui sont principales, qui vont vite d’un point à un autre, et après, à partir des arrêts principaux de ces lignes, de pouvoir avoir des navettes autonomes qui vont jusqu’aux portes des entreprises.
Sylvie Ponthus, Directrice adjointe du service mobilités de la CASA
"Sur Sophia Antipolis, faire du transport en commun traditionnel, c’est extrêmement difficile parce qu’il y a 38.000 salariés, cela fait beaucoup de personnes, mais qui sont dans un environnement qui est très très diffus. C’est-à-dire que les entreprises sont espacées les unes des autres, avec un environnement naturel qui fait toute l’attractivité de la métropole. Et ça c’est un casse-tête." explique t-elle.
Un projet au-delà du million d'euros
Pour cette expérimentation orchestrée par la CASA, il aura fallu débourser 1,2 million d’euros, dont 700.00 euros de travaux d’aménagement qu’il sera possible de récupérer pour d’autres projets, dont des arrêts aménagés pour les personnes à mobilités réduites ou des espaces de remisage, "indépendamment d’une navette autonome ou d’un transport traditionnel" explique Sylvie Ponthus. 400.000 euros sont dédiés quant à eux à l'exploitation, qui comprend notamment la présence d'un opérateur à bord.
Sur ce budget, 50% sont payés par l’Etat, la région Sud a également donné une subvention, à hauteur de 200.000 euros.
Manette de X-Box et sécurité routière
On ne badine pas avec la sécurité routière, encore moins en phase d’expérimentation. Ces navettes, bien que pleinement autonomes sur le papier, se doivent d'avoir un personnel à son bord pour évoluer sur une route ouverte à tous les véhicules. C'est ce qu'impose la législation.
De quoi permettre a un chauffeur de débrayer, ou de stopper le véhicule pourtant équiper de moyens de détection LiDAR - qui permet de mesurer les distances et d'appréhender les obstacles. Et c'est bien à l'aide d'une manette de console de jeu que l'homme peut dompter la machine. une garantie de sécurité pour la quinzaine de passagers qu'elle peut embarquer, avec 11 places assises.
De quoi produire le plus bel effet sur la terre des nouvelles technologies azuréennes.
Pas une première sur la Côte d'Azur
En janvier dernier, une autre expérimentation du même acabit s'était déroulée dans la zone d’activités de Carros. La Milla Pod, construite par Renault, permettait de transporter à son bord 6 passagers.
Ce véhicule électrique et autonome, de service à la demande, d’un peu plus de 4 mètres et 760 kilos à vide, posé sur un châssis aluminium. Développée par l’IMREDD, l’Institut Méditerranéen du Risque, de l’Environnement et du Développement Durable, la Milla Pod peut rouler sans recharge sur une distance de 100 kilomètres et atteindre une vitesse de 50km/h.
L’institut travaille au développement de plusieurs projets pour des territoires azuréens et s'est même penché sur une version logistique permettant de transporter 1 tonne d’équipement.