Une fois Noël passé, Olivier Bedel, pépiniériste de Biot dans les Alpes-Maritimes, propose de garder les sapins de ses clients tout au long de l'année. Une initiative parmi d'autres pour limiter la surproduction de ces conifères.
Quelques guirlandes multicolores par-ci, de larges panneaux estampillés "Sapins" par là… Depuis le chemin de la Romaine, à Biot, une odeur d'esprit de Noël s'échappe de la pépinière d'Olivier Bedel.
Et, dès que l'on y met un pied, on la respire à plein nez. À l'entrée, juste devant une grande serre en verre, des dizaines de sapins sont fièrement exposées. Certains sont petits, d'autres plutôt grands. Il semble y en avoir pour tous les goûts.
Verdoyant, épineux et bien droit, les conifères sont prêts à être décorés. "Ici, j'ai des Picea (Les Picea que l'on appelle aussi épicéas NDLR). Ce sont les sapins de Noël traditionnels, ceux qui sentent forts et qui perdent leurs petites épines. Là, j'ai des Abies, des Nordmann. Eux sont inodores", détaille Olivier Bedel. Ses tarifs varient de 25 à 120 euros le sapin.
L'homme de 51 ans en relève quelques-uns maladroitement tombés. Un peu plus loin, d'autres sapins à l'allure plus vieillissante sont à l'écart. Ils sont parés d'étiquettes rouges marquées au stylo-bille noir. "Les écritures, ce sont les noms de famille de leur propriétaire", lance le pépiniériste.
Après Noël, les gens me ramènent leur sapin et je m'en occupe toute l'année !
Olivier Bedel, pépiniériste
Parce que chez lui, les sapins ne se résument pas aux fêtes de fin d'année. "C'est une plante comme les autres, un être-vivant, il faut s'en occuper toute l'année", soutient Olivier Bedel. Alors, depuis 2015, une fois décembre passé, il propose à certains de ses clients de garder leurs sapins en pot, jusqu'au prochain Noël. Cela gratuitement.
"S'occuper d'un sapin, ce n'est rien de bien méchant. Il suffit de lui donner à boire et de surveiller qu'il ne tombe pas avec le vent", assure le pépiniériste. Ainsi, à deux semaines du réveillon, certains conifères attendent les retrouvailles avec leur propriétaire pour passer un troisième, voire un quatrième Noël à leur côté.
"Positif pour l'environnement"
En moyenne, il s'occupe ainsi de quinze à vingt sapins tout au long de l'année. "Je fais ça pour la plante, parce qu'il n'y a pas de raison de laisser mourir un être vivant", estime Olivier Bedel. Souvent, les personnes décidant de lui confier leur arbre de Noël sont celles habitant dans des appartements.
Cela, car elles ne peuvent pas s'en occuper. Les sapins sont effectivement faits pour vivre à l'extérieur et ont vocation à être plantés une fois les fêtes passées. "En réalité, il ne faut pas les garder en intérieur plus d'une semaine. Sinon, leurs racines risquent de sécher rapidement et de mourir", précise Florence Clément, coordinatrice à l'ADEME France.
Elle souligne également l'initiative d'Olivier Bedel : "cela semble intéressant puisque ça permet au sapin de grandir et de continuer à capter du carbone. En ce sens, c'est positif pour l'environnement."
Olivier Bedel regrette cependant le choix majoritaire de ces clients. Celui de se tourner davantage vers l'achat de sapins déjà coupés, au détriment de ceux en pot.
Il déplore : "Les coupés sont préférés parce qu'ils sont plus légers à transporter et moins chers. Mais, ça fait un petit peu mal au cœur de savoir qu'ils sont voués à être jeté alors qu'il a fallu entre 10 et 12 pour les produire".
Le pépiniériste achète la totalité de ses sapins à Emmanuel Grange, un producteur français labellisé MPS (Milieu Programma Sierteelt). Cette qualification, actualisée chaque trimestre, atteste des bonnes pratiques des exploitants en termes d’environnement.
Mais quant aux arbres préalablement coupés, Olivier Bedel assure qu'il arrêterait d'en proposer si la demande n'existait pas. "Mais il faut bien que je vende des choses…", souligne-t-il.
Vers des sapins créatifs
Chaque année, au moins 6,5 millions de sapins de Noël sont ainsi vendus en France, selon les chiffres de l'Ademe. Cela représente environ 5,3 millions de naturels, contre 1 million d'artificiels. D'après l'agence de la transition écologique, aucune étude démontrant lequel des deux à l'impact carbone le plus conséquent n'existe.
Mais, pour Florence Clément, le sapin en plastique est tout de même à éviter. "Il s'agit d'objets demandant beaucoup de pétrole pour être fabriqué et que l'on finit souvent par jeter... En somme, ça revient à créer un énième déchet que l'on est en capacité de ne pas produire", juge-t-elle.
Pour autant, elle ne conseille pas non plus de foncer tête baissée vers les sapins naturels. "Ils sont fait pour rester à l'extérieur", insiste-t-elle. La coordinatrice suggère notamment de bannir ceux floqués de fausses neiges : "ça empêche de les recycler..."
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Pour être sûre de tendre vers un Noël plus écoresponsable, elle dit alors préférer les alternatives créatives aux arbres de Noël traditionnels.
"Il suffit d'aller faire un tour sur les réseaux sociaux pour avoir plein d'idée", souligne-t-elle.
Florence Clément propose ainsi de fabriquer un sapin à base de branches ramassées dans la forêt ou en empilant des livres que l'on orne ensuite avec un tas de guirlandes lumineuses.
Comme quoi, le Père-Noël retrouvera peut-être un jour son manteau vert.