Le Parti pirate présente deux candidats dans les Alpes-Maritimes pour les élections législatives. Dans les 7e et 9e circonscriptions adjacentes, le défi de la démocratie se profile pour ce parti politique méconnu inspiré par la culture internet. Un parti présent dans 95 circonscriptions françaises pour ces votes des 12 et 19 juin.
Un étendard noir, flottera-t-il bientôt sur l’Assemblée nationale ?
C’est en tout cas ce qu’espère le Parti pirate en lice pour ces élections législatives avec près de 95 candidats sur le territoire, en Métropole et en Outre-mer.
Les deux candidats azuréens, Nicolas Boulay (9e circonscription) et Stanislas Marechal (7e) vont connaître leur baptême du feu face aux urnes avec un seul cap : celui des 1%.
Depuis 2006, ce parti créé en Suède par Rickard Falkvinge s’appuie sur les fondations d’une culture web, ouverte et accessible à tous. Avec en vue, la mise en œuvre d’une démocratie davantage participative. C’est dans la plus pure lignée de ces ambitions politiques que les candidats azuréens s’inscrivent.
"Hackons la politique sur le même principe de hacker les logiciels"
Nicolas Boulay a 45 ans, il vit à Mouans-Sartoux et son CV comporte plus de 20 ans d’expérience dans la micro-électronique et l’informatique.
Ses accointances avec la ligne du parti politique qu'il représente pour ce scrutin de juin lui vienne de son intérêt pour les technologies et la culture internet :
"historiquement, je suis assez proche de tout ce qui est "logiciel libre", j’ai pas mal suivi tout ce mouvement-là. On peut voir le Parti pirate un peu comme une continuité des idées du logiciel libre, mais appliquées à la politique. Il y avait un vieux slogan du parti qui disait ‘Hackons la politique sur le même principe de hacker les logiciels’."
Ne pas s'arrêter à une position dogmatique
Son parcours scientifique se retrouve dans sa manière d'envisager l'organisation de la vie politique, le but étant, pour lui, "d’appliquer certaines méthodes ou organisation que l’on peut trouver dans l’informatique et qui peut s’appliquer un peu partout. Ca revient à chercher plutôt une solution en creusant vraiment le problème, à en regarder toutes les facettes, et ne pas s’arrêter à une position un peu trop dogmatique, et de rester ouvert à toutes les solutions possibles. Quitte à changer d’avis d’ailleurs."
Cette conception de la raison, parfois évolutive, Nicolas Boulay l'assume.
Pour lui, c'est surtout le choix de la raison qui doit guider les actions politiques.
Par exemple, pour le nucléaire, "les gens ont simplement fait une étude de savoir quels sont les inconvénients et les avantages de chacun des modes production. Le Parti Pirate passe pour pro-nucléaire, mais c'est juste que l’on voit bien qu’à long terme, c’est une solution qui est assez satisfaisante. Évidemment, ce serait mieux d’avoir des barrages, mais l’état de la France fait que l’on n’est déjà pas loin du maximum de ces capacités, les éoliennes ont d’autres problèmes, comme la quantité de matériaux utilisés, l’intermittence à gérer, etc.
C’est plutôt d’essayer de trouver la solution la plus pérenne à long terme, une solution d’ingénieur je pourrais dire."
Un système électoral à rebooter
Pour ce quadra avec deux enfants qui a entièrement financé ses quelque 2 000 euros de campagne, c'est avant tout un engagement de coeur auprès du parti.
"Je le suis depuis un moment, c’est un parti qui a été lancé en Suède il y a presque une vingtaine d’années. En 2012, il y avait une campagne européenne pour laquelle j’ai collé quelques affiches, c’était un peu anecdotique. Là, il y avait eu une demande qui avait été faite pour chercher des candidats pour des régionales, et ils ont fait la même chose pour les législatives. C’est relativement facile pour les grands partis, même si c’est moins vrai ces derniers temps comme on peut le voir pour les Républicains ou les Socialistes. Dès qu’ils atteignaient le seuil des 5% ils étaient remboursés. Mais pour faire ça, il faut être connus, pour être connus, il faut se présenter… C’est un peu le serpent qui mord la queue. Le but du parti pirate est de commencer à rentrer dans les financements publics qui sont liés aux résultats des élections".
Le système électoral français est fait pour favoriser les partis en place, et tout ce qu’il finance, est fait par des avances de fond s’il y a un certain niveau.
Nicolas Boulay, candidat aux législatives du Parti pirate dans la 9e circonscription des Alpes-Maritimes.ap sur les 1%
Cap sur 1%
Même son de cloche pour Stanislas Marechal. Et même profil. Il travaille également dans une société d'informatique, de logiciels, et en est venu à s'intéresser au Parti pirate via les logiciels libres ou l'open source.
A 34 ans, cet "ingé" de la technopole azuréenne s'est porté vers le parti suédois après s'être interrogé sur une éventuelle candidature après les précédentes législatives.
"Je n'ai pas voulu concrétiser il y a 5 ans, et cette année quand j'ai voulu le faire, [...] je me suis remis à la recherche d'un parti qui représentait mes idées, et tout de suite j'ai pensé au Parti Pirate et ils m'ont dit qu'ils cherchaient des candidats, et qu'ils accueillaient ma candidature avec plaisir" explique le trentenaire.
Au niveau national, entre 500 et 600 personnes portent les couleurs de la piraterie suédoise. Le parti donne les grandes lignes du programme, relaie le code des pirates, et a même mis en place une cagnotte en ligne pour porter les candidatures du parti en France.
Avec 60784 euros récoltés au 7 juin, l'objectif visé est de 75.000 euros pour aider 50 candidats dans leurs démarches. Ce qui donne un don moyen de l'ordre d'un peu plus de 170 euros.
Pour Stanislas Marechal comme pour Nicolas Boulay, pas d'équipe de campagne, ils fourniront eux-mêmes les bulletins. "On a passé du temps avec mon suppléant à coller les 80 affiches pour l'élection, c'était sportif" s'amuse Stanislas pour qui ces contraintes logistiques ne sont pas un frein.
L'objectif avéré est de récolter 1% des voix dans 50 circonscriptions pour pouvoir disposer des fonds de l'Etat et d'amplifier les idées du parti dans le débat public.
Déjà en 2021, le parti avait présenté des candidats lors des élections départementales dans les Bouches-du-Rhône.
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Cette stratégie doit permettre de pérenniser le parti dans le paysage politique français, et pourquoi pas, à terme, de faire son entrée au sein de l'Assemblée - comme ce qui a été fait en Allemagne.
Le but du parti pirate est de commencer à rentrer dans les financements publics qui sont liés aux résultats des élections.
Nicolas BoulayCandidat aux législatives du Parti Pirate dans la 9e circonscription des Alpes-Maritimes
Le slogan du parti étant ‘ne votez pas pour nous, votez pour nos idées’, les pirates de ces prochaines législatives ambitionne d'adopter la même tactique que des partis bien établis. "Si les autres partis reprennent nos idées, on est très contents. C’est un peu ce que les écologistes ont fait en leur temps. Ils ont beaucoup poussé pour mettre leurs thématiques dans la vie politique, on peut dire que sur ce point de vue-là, même s’ils ont perdu politiquement, elles ont diffusé de partout." souhaite Nicolas Boulay.
Etre au coeur du débat, comme tous les autres partis...
Voici le coup de Trafalgar démocratique que prépare nos deux postulants azuréens pour ce scrutin législatif.