Une semaine après le séisme des élections européennes pour les Républicains, Laurent Wauquiez a annoncé qu'il quittait la présidence du
parti pour ne pas être "un obstacle" à la reconstruction de la droite. Le numéro 2, Jean Leonetti aura la lourde tâche de refonder ce parti.
Laurent Wauquiez, président des Républicains, subissait une énorme pression de la part de nombreuses personnalités de droite et des militants depuis la déroute historique de la liste de François-Xavier Bellamy (8,48%) aux Européennes le 26 mai dernier.
Il a annoncé ce dimanche, soit une semaine plus tard qu'il démissionnait.
Les victoires sont collectives, les défaites sont solitaires. Il faut que je prenne mes responsabilités: je vais prendre du recul. Je me retire de mes fonctions de président des Républicains
a t-il déclaré.
Jean Leonetti prend le relai
Le maire d'Antibes Jean Leonetti a pris acte de cette démission.
Avec beaucoup de sincérité etde dignité @laurentwauquiez quitte ses fonctions de Président des @lesRepublicains après l’échec collectif #LR aux élections européennes
— Jean Leonetti (@JeanLeonetti) 2 juin 2019
Je lui adresse toute mon amitié après cette décision difficile prise pour préserver l’unité de notre mouvement
Et c'est lui qui, vice-président délégué, assure désormais la présidence du mouvement. C'est ce que stipule les statuts des Républicains.
Jean Leonetti aura 71 ans le mois prochain. Il avait été appelé par Laurent Wauquiez voilà un an pour remplacer Virginie Calmels, qui avait été limogée. Il apparaît comme la figure modérée des Républicains.
Un médecin, et une loi
Né à Marseille, Jean Leonetti est cardiologue. Côté politique, il a occupé les postes de vice-président du Parti radical puis de l'UMP, avant d'être nommé Vice-Président délégué des Républicains. Il est maire d'Antibes depuis 1995, a été député pendant dix ans, de 1997 et 2017. Il a été ministre chargé des Affaires européennes du 29 juin 2011 au 10 mai 2012. Il avait soutenu Alain Juppé lors de la primaire de 2016.
Son nom est associé à une loi, la loi Leonetti du 22 avril 2005 relative aux droits des malades et à la fin de vie, revue en 2016 avec la loi Leonetti-Claeys.
Ceci ne manque pas de faire réagir sur les réseaux sociaux.
Le président #Leonetti va-t-il proposer l'arrêt des traitements des #Républicains pour une fin de vie digne ?
— HabeasCorpus (@HabeasCorpusM) 3 juin 2019
Non à l'acharnement démagogique ! Oui à la sédation !
Le @Gorafi est complètement dépassé une fois de plus. Mettre un spécialiste de la fin de vie à la tête de #LR, il faut le faire ! ? Pour mieux les achever via un arrêt des soins et une sédation longue et continue ? #Leonetti https://t.co/eweaK3Vvv9
— Lapnyx? (@lapnyx) 3 juin 2019
Jean #leonetti assurera l'acharnement thérapeutique à #LR suite à la démission de #Wauquiez
— Stan Mercury (@stanmercury) 2 juin 2019
Un parti au bord de l'explosion
La Haute autorité de LR doit organiser une nouvelle élection en Congrès dans les 65 prochains jours. Les Républicains devront se retrouver un leader, à huit mois des élections municipales. Jean Leonetti en sera un acteur essentiel.
Il faut désormais créer les conditions d’une droite ouverte et tolérante et d’une ligne politique de rassemblement fondée sur le gaullisme et sur des valeurs républicaines que j’ai toujours défendues au RPR puis à l’UMP. #TF1
— Christian Estrosi (@cestrosi) 2 juin 2019
Le maire LR de Nice a également saisi l'occasion de cette démission pour appeler ses désaccords avec la ligne de Laurent Wauquiez, dont il dénonce le "sectarisme" :
Bien connu pour ses travaux et réflexions sur la fin de vie, nul doute que Jean Leonetti pourra éclairer la direction du parti de Laurent Wauquiez sur son avenir. https://t.co/stK01IQA8M
— Richard Ferrand (@RichardFerrand) 17 juin 2018
Et la tâche sera immense, selon la sénatrice des Alpes-Maritimes Dominique Estrosi-Sassone au micro de France Bleu Azur.
Dans la journée, plusieurs députés LR des Alpes-Maritimes ont également réagi, à commencer par Eric Ciotti qui faisait partie des proches de Laurent Wauquiez au sein du parti :
Eric Pauget a lui aussi souligné la nécessité de reconstruction du parti :
Marine Bernier, députée des Alpes-Maritimes :
Je salue la décision courageuse et responsable de @laurentwauquiez. Nous avons le devoir de reconstruire la droite pour ne pas disparaître et continuer à travailler en faisant preuve d’humilité et de responsabilité à l’égard des français. La tâche qui nous incombe est immense #LR
— Marine Brenier (@marinebrenier) 2 juin 2019
Laurent Wauquiez
Président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, ancien ministre lors du quinquennat de Nicolas Sarkozy, ex-député de Haute-Loire et ex-maire du Puy-en-Velay, M. Wauquiez, 44 ans, avait été confortablement élu à la tête du parti en décembre 2017, avec environ 75% des voix, quelques mois après la défaite de François Fillon à la présidentielle.Depuis son élection, il faisait l'objet de nombreuses critiques sur sa ligne droitière et sur une gouvernance jugée "solitaire" à la tête du parti.