L'oligarque russe serait le véritable bénéficiaire de quatre villas de la Côte d'Azur qu'il détiendrait à travers plusieurs sociétés-écrans. Ces révélations pourraient relancer l'affaire Kerimov en France.
Le parquet de Nice a reçu en juin un signalement de la cellule antiblanchiment française Tracfin concernant Souleïman Kerimov, un milliardaire russe soumis à des sanctions européennes, sur lequel la justice française enquête depuis des années, a indiqué mardi 2 août le parquet de Nice.
Le parquet a refusé de donner plus d'informations sur ce signalement, pour ne pas obstruer l'enquête en cours.
Selon Le Monde, la note de Tracfin, en date du 10 juin, concerne des informations selon lesquelles le milliardaire russe serait le véritable bénéficiaire de quatre villas de la Côte d'Azur qu'il détiendrait à travers diverses sociétés écrans.
L'événement pourrait relancer l'affaire Kerimov en France. Souleïman Kerimov est suspecté de "blanchiment d'argent aggravé", même s'il n'est pas mis en examen à l'heure actuelle. L'affaire a démarré en 2014, quand des policiers ont repéré des mouvements suspects d'argents liquides qui remontaient jusqu'à l'oligarque russe.
Cela concernait notamment l'achat de la villa "Hier" à Antibes pour 35 millions d'euros, un montant sous-déclaré comparé au prix de 127 millions réellement payé selon les enquêteurs.
Radio France avait affirmé dans une enquête publiée en avril que la fille de M. Kerimov, Gulnara Kerimova, apparaissait au registre du commerce et des sociétés comme la propriétaire de plusieurs villas du cap d'Antibes suspectées d'appartenir à son père.
Des acteurs locaux impliqués
Notaire, agent immobilier, avocat, administrateur : de nombreux acteurs locaux avaient été mis en examen et le sont pour certains toujours aujourd'hui.
En novembre 2017, l'arrestation à sa descente de jet à Nice du sénateur russe avait été vivement critiquée par Moscou. Un temps, il avait été assigné à résidence à Nice. Ses avocats étaient parvenus à faire annuler sa mise en examen avant que la justice ne relance l'affaire en mars 2019.
En 2017, lors de l'arrestation de M. Kerimov, le parquet de Nice estimait que le montant d'argent clandestin entré en France se situait entre 500 millions et 750 millions d'euros, à coup de valises à 20 millions d'euros permettant de blanchir en France de l'argent illicite.
Avec un patrimoine estimé à plus de 16 milliards de dollars par le classement Forbes 2020, M. Kerimov, originaire du Daguestan, est l'un des hommes les plus riches de Russie. Il figure sur la liste des personnes sous sanctions de l'Union européenne dont les avoirs doivent être gelés depuis le déclenchement de l'offensive russe en Ukraine le 24 février.
Avec AFP