Entre les pins et les vipères, il faut choisir. Les vipères d'Orsini constituent une espèce rare, en danger. Dans le massif du Cheiron où elles sont encore présentes, l'ONF mène une vaste opération de coupe d'arbres pour préserver les milieux ouverts qu'elles affectionnent.

Cela peut impressionner, et interpeller le promeneur du dimanche.

Sur la route qui serpente dans le pittoresque massif du Cheiron (Alpes-Maritimes), en arrivant à la station de Gréolières-les-Neiges, sur le bas-côté, des tas de bois à perte de vue.

Des pins coupés par centaines, et un paysage qui parait avoir été pelé par l'homme. Et pour cause.

L'Office National des Forêts mène sur place une vaste opération de coupe ciblée des pins sylvestres qui ont, explique l'ONF, fortement colonisé ce massif calcaire des Préalpes.

Or ce secteur, constitué traditionnellement de pâturage, est aussi un des derniers refuges pour la vipère d'Orsini.

Un petit reptile rare et en danger

Ce petit reptile se nourrit d’insectes et en particulier de criquets que l'on trouve dans les milieux ouverts, riches en herbes et lavandes au sol.

Pour cette raison, la vipère d’Orsini ne se trouve que sur quelques montagnes à aspect lunaire des Alpes du Sud, telles que les crêtes de l'Audibergue, le plateau de Calern, la montagne de Thiey ou encore... le massif du Cheiron.

"Sa population est rare et en danger", souligne l'ONF. La vipère d'Orsini fait d'ailleurs l'objet d'un Plan national d’actions en sa faveur.

Dans certains secteurs, comme aux abords des pistes de ski de fond de Gréolières-les-Neiges, la récolte de bois est massive. 80% des tiges sont retirées. Les arbres entiers sont enlevés, de manière à recréer un biotope favorable à la vipère et au pâturage.

Des coupes très (trop ?) visibles

L'opération n'a pas été du goût de tous les habitants du secteur.

Ils y ont été avec les grosses machines et ils n'ont laissé que quelques arbres... Ca change complètement le visuel quand on arrive à Gréolières-les-Neiges.

Un habitant

Pour le moindre projet d'aménagement, nous, on nous embête avec des études d'impact sur la faune... Là, s'il y avait un nid d'oiseau dans un arbre, je vous assure qu'il n'y est plus...

Un autre habitant

L'ONF nous confirme qu'il n'y a pas d'étude d'impact particulière pour ce type de travaux. Mais le chantier était inscrit dans le document de gestion durable de la forêt appelé "aménagement forestier", et validé par les services de l'Etat et la commune.

La récolte de bois concerne 30 hectares, sur une surface totale de 2000 hectares dans le secteur. Ca peut paraître beaucoup parce que c'est en bordure de route, mais en réalité c'est très relatif.

Emmanuel Joyeux, technicien ONF du secteur

L'ONF dit veiller à maintenir une "mosaïque de milieux", puisque les dolines, souvent privées, et les endroits où les arbres sont le plus vigoureux seront préservés.

Agé de 67 ans, Marc Malfatto, le maire de la commune de Gréolières à qui appartient cette forêt, se souvient  :

Quand j'avais 7 ans, cette forêt n'existait pas. Elle a colonisé le site quand les moutons ont commencé à disparaître du Cheiron. Et elle a poussé de manière très désordonnée.

Marc Malfatto, maire de Gréolières

Aujourd'hui, il voit donc d'un bon oeil le chantier de l'ONF et la réouverture du secteur au pastoralisme. Il le dit d'autant plus librement que la vipère d'Orsini n'est pas sa meilleure amie en toute circonstance : "De part sa présence, on nous impose, à chaque tentative de faire quoi que ce soit, des enquêtes environnementales. Nous avons un projet de luge 4 saisons sur un site qui accueillait précédemment un bike park. Le permis de construire est déposé mais l'Etat, par l'intermédiaire de la DREAL, nous impose une nouvelle étude d'impact..."

Restaurer les milieux ouverts pour lutter contre le risque d'incendie

L'ONF avance un autre avantage à la restauration des milieux ouverts : celui de prévenir le risque d'incendie de forêt en réduisant la biomasse sur place. Selon l'office, "récolter une partie de la forêt peut être un moyen de protéger le reste des parcelles".

Depuis 2017 et le manque chronique d'eau, les arbres étaient en mauvais état. Cette opération est un essai : à l'automne, après les pluies, on pourra voir reverdir les prairies, et l'aspect paysager s'améliorer.

Emmanuel Joyeux, technicien ONF

Les lavandes, elles, devraient commencer à refleurir dès le début du mois de juillet. 

Environ 3000 m3 de bois ont été prélevés. Entreposé depuis plusieurs mois pour permettre son séchage, il va maintenant être transformé en plaquettes pour alimenter notamment des chaufferies bois. Le broyage est prévu cette semaine.

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