À Cannes, ce 29 août, vers midi, une dame de 89 ans a été agressée par trois mineurs. Ce type de violences est-il un épiphénomène ?
Une scène violente et affligeante. Ce 29 août, un peu après midi, une octogénaire rentre des courses dans sa résidence de Cannes-La Bocca. Sur les caméras de vidéo-surveillance, on la voit marcher doucement avec son panier à la main. Elle sera retrouvée gisante sur le sol.
Sur ces mêmes vidéos, on voit trois jeunes suivre cette femme. Le premier arrive en courant, par-derrière, et la frappe violemment à la tête. Elle tombe instantanément et perd connaissance. Le deuxième lui dérobe son sac contenant une dizaine d'euros et le troisième semble filmer toute la scène avec son téléphone.
Son gardien la retrouve dans l'entrée. Il pense d'abord à une chute, mais constate des hématomes sur son corps. Transférée à l'hôpital, l'octogénaire a de multiples fractures faciales et des contusions.
Les trois jeunes, âgés de 14 ans, sont bien connus des services de police. Ils ont été interpellés un à un par les policiers. Selon nos confrères de Nice Matin, le Parquet de Grasse a requis leur placement préventif dans un centre éducatif fermé sous contrôle judiciaire. Ils seront ensuite convoqués devant le tribunal pour enfants le 30 novembre prochain.
Les violences urbaines augmentent-elles ?
Sur les réseaux sociaux, la vidéo de l'agression a fait réagir. Certains internautes parlent "d'ensauvagement", estiment que "l'armée devrait intervenir face au nombre de violences urbaines".
Si l'on regarde les chiffres donnés par le ministère de l'Intérieur, une hausse est en effet constatée : Le nombre de victimes de coups et blessures volontaires (sur personnes de 15 ans ou plus) enregistrées augmente très fortement en 2021 (+12%). On constate une hausse de 14% pour les victimes de violences intrafamiliales et de 9% pour les victimes d'autres coups et blessures volontaires. La hausse est également très nette pour les escroqueries et encore plus forte pour les violences sexuelles enregistrées.
Mais ces chiffres doivent être recontextualisés. Tout d'abord, l'augmentation est calculée par rapport à l'année 2020. Mais, conséquence de la pandémie de Covid-19 et des confinements : la délinquance a chuté cette année-là, sauf pour ce qui concerne les violences intrafamiliales et sexuelles, lesquelles continuent d’augmenter.
D'autres paramètres sont aussi à prendre en compte, pour contextualiser ces chiffres. La loi a évolué. L'article du code pénal qui fait d'une violence un délit (soit le niveau à partir duquel une infraction est enregistrée par les statistiques policières), classait à l'origine comme telles les seules violences ayant provoqué une ITT de plus de huit jours. Le périmètre de la loi s'est ensuite élargi. À partir de 1981, avec la loi sécurité et liberté, cet article du code pénal a intégré comme délit un nombre croissant d'événements, certes violents, mais pas caractérisés par le degré de gravité physique.
Élargir ce périmètre a un effet inflationniste sur leur recensement dans les statistiques policières. Si la loi a évolué sur les dernières années, d'autres facteurs sont aussi à prendre compte. On parle de faits enregistrés par les policiers ou les gendarmes quand les victimes portent plainte ou en cas de flagrant délit. Cela veut dire qu'on a une vision forcément partielle de la délinquance. Si on prend le chiffre des violences sexuelles, cela ne veut pas dire que le nombre d'agressions a explosé sur cette période, mais cela veut surtout dire que le nombre de victimes qui déposent plainte a beaucoup augmenté, notamment depuis le mouvement "Me Too".