"On a toujours travaillé, jamais rien demandé" À Cannes, les victimes économiques du Covid ont besoin d'aide

La municipalité cannoise a mis en place une cellule de soutien aux “victimes invisibles” du Covid-19, les travailleurs indépendants, les commerçants, tous ceux que la crise sanitaire pénalisent durement. Depuis, les appels affluent.

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Le Centre communal d'action sociale (CCAS) a plus l’habitude de recevoir des appels provenant de personnes âgées, de sans-abris ou de personnes sans ressources. Mais ces derniers temps, ceux qui téléphonent n’avaient jamais sollicité les services sociaux auparavant. Eux, ce sont les victimes collatérales de la crise sanitaire de la Covid-19.

Le 27 octobre dernier, la municipalité a mis en place pour eux, une cellule de soutien avec un numéro vert. En 10 jours, elle a enregistré 165 demandes d’aide.
 

Ils disent qu'ils ont toujours beaucoup travaillé, jamais rien demandé

une écoutante

L'annulation du festival du cinéma et des grands salons qui portent l'économie de cette ville  a ruiné de nombreux professionnels. Ils sont artisans, hôteliers, chauffeurs, commerçants, restaurateurs, ex-salariés de la restauration ou de l'événementiel et pour la première fois, ils sont obligés de demander de l'aide. Les entretiens pour le suivi ou la première demande de revenu de solidarité active (RSA) sont un autre indicateur de la crise. À Cannes, ils ont augmenté de 30% en octobre.

« Les victimes invisibles » 

Thierry Gomez a 55 ans, il est salarié de sa propre société Ninazur Tourisme, qui propose des chauffeurs et guides en japonais. « C'est la folie, on était surbooké jusqu'à fin décembre, je devais embaucher deux chauffeurs mais il n'y a plus de travail pour personne. Heureusement qu'on avait mis de l'argent de côté et que je n'ai pas de crédits, mais j'ai un zona à cause du stress. On gamberge… »

Passer de 12 à 13 heures de travail par jour à rien, c'est hallucinant

En septembre, avec son épouse japonaise, ils avaient imaginé des visites guidées à distance, lui au téléphone portable en visioconférence avec le Japon et elle sillonnant la Côte d'Azur. Avec le reconfinement, l'expérience a tourné court "On n'a plus rien à leur montrer".

Deux de ses collègues ont été contraints de revendre des bus de tourisme, l'un pour payer ses chauffeurs en attendant que l'activité reprenne, l'autre pour quitter le métier et devenir gardien d'immeuble.

A 56 ans, Elise Michel a fermé sa société de prestations de services et s'est reconvertie dans l'immobilier. Elle s’inquiète pour ses anciennes hôtesses " Il y en a pour lesquelles c'est tragique s'il y a des crédits, des enfants avec des études à payer et pas un mari derrière, beaucoup jonglent ou se disent mieux vaut se reconvertir+". Thierry Le Gall, la cinquantaine également, pâtissier dans une grande enseigne, a travaillé 10 jours en huit mois.

Cannes, ses paillettes et ses travailleurs

Le maire LR David estime que Cannes est Lisnard est « une des villes les plus sinistrées d'Europe, car elle abrite le premier palais des congrès de France (hors de Paris), et la moitié de sa richesse repose sur le tourisme et le tourisme d'affaires.

"Cannes, les gens pensent que c'est des paillettes, mais derrière ça, il y a (…) beaucoup d'indépendants. Nous, notre usine, c'est ces gens-là et ils ne veulent pas être aidés, ils veulent travailler, remplir des papiers ce n’est pas leur truc", ajoute-t-il, très remonté contre la gestion gouvernementale.
 

Sur un plan sanitaire, le Palais des festivals est plus sûr que le supermarché du coin car on contrôle les accès

"Il faut arrêter de prendre des mesures tous les trois jours (...) sans suivi des mesures nécessaires » estime David Lisnard. De plus, il ne veut pas renoncer au projet d'agrandissement du Palais des festivals, avec une nouvelle salle au 6e étage. "En Asie, ça reprend très fort", dit-il, évoquant des réservations encourageantes pour le salon de l'immobilier Mipim de juin 2021.
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