Deux jours après l'annonce du palmarès du 75e Festival de Cannes, l'Iran a dénoncé l'éloge "biaisé et politique" fait par le festival du film "Les nuits de Mashhad" qui raconte l'histoire d'un serial killer de prostitués dans la République islamique.
Le Festival de Cannes 2022 a couronné samedi dernier l'actrice iranienne Zar (Zahra) Amir Ebrahimi du prix d'interprétation féminine pour son rôle dans le thriller réalisé par Ali Abbasi, d'origine iranienne.
Le film retrace le parcours de l'assassin de 16 prostituées, qui lors de son procès clame avoir voulu nettoyer du vice les rues de Mashhad, l'une des principales villes saintes du chiisme, dans le nord-est de l'Iran.
Un thriller militant inspiré d'une histoire vraie.
> Retrouvez tout le palmarès de cette 75e édition.
L'Organisation cinématographique de l'Iran, affiliée au ministère de la Culture, a depuis vivement critiqué le Festival pour avoir "commis un acte biaisé et politique en faisant éloge d'un film faux et dégoûtant", selon un communiqué officiel.
"Les nuits de Mashhad" présente "une image déformée de la société iranienne et insulte ouvertement les croyances transcendantes des chiites.
Selon l'Organisation cinématographique de l'Iran.
Selon elle toujours, le film "suit le même chemin emprunté par Salman Rushdie dans les Versets sataniques", allusion à l'écrivain britannique d'origine indienne et son ouvrage.
Le fondateur de la République islamique, l'ayatollah Rouhollah Khomeiny, avait jugé le livre blasphématoire et lancé en 1989 une fatwa appelant au meurtre de Salman Rushdie.
Dans "Les nuits de Mashhad", Zar Amir Ebrahimi incarne une journaliste qui tente de percer le mystère de ces meurtres mais est confrontée au machisme d'une société iranienne patriarcale.
Ce film parle des femmes, de leur corps. C'est un film rempli de haine, de mains, de pieds, de seins, de sexes, tout ce qu'il est impossible de montrer en Iran,
avait déclaré en recevant son prix.
La carrière de l'actrice a été brutalement interrompue en 2006 à cause d'un scandale sexuel, la forçant à quitter son pays pour la France deux ans plus tard.
-Avec AFP