Les jeux de société sont-ils bons pour les enfants et les adolescents ? Trois questions au psychologue Jean-Paul Santoro

La 37ᵉ édition du Festival International des Jeux (FIJ) se déroule tout ce week-end à Cannes. Des milliers de visiteurs sont attendus au Palais des Festivals et des Congrès. Mais quels sont les bienfaits des jeux de société pour les enfants et les adolescents ?

Jean-Paul Santoro est psychologue et psychothérapeute à Roquebrune-sur-Argens (Var).

Conférencier, il est aussi cofondateur du site internet Psycheclic.com, spécialisé sur les jeux vidéo et la culture numérique au sens large. Un site qui regroupe plus de 120 articles dédiés à cette thématique.

Les jeux sont parfois vus comme futiles. Pourtant, ont-ils un intérêt pour le développement des enfants ?

Jean-Paul Santoro : Tout à fait. D'ailleurs, le jeu est une étape primordiale pour le développement d'un enfant. C'est plutôt lorsqu'il y a une absence de jeu que l'on devrait se questionner. 

Plusieurs grands psychologues et pédiatres comme Donald Winnicott ou Françoise Dolto ont travaillé sur ces questions. Ainsi, on distingue le jeu de société ("game" en anglais), qui a des règles, et le jeu libre ("play" en anglais), où c'est l'enfant qui va inventer ses propres règles. Les deux peuvent être utilisés en thérapie et sont très utiles et complémentaires.

D'un point de vue thérapeutique, les jeux de société sont aussi très utiles pour voir comment un enfant arrive à gérer les règles ou, au contraire, ne peut s'empêcher de les transgresser.  Ou encore s'il entre en collaboration ou plutôt en conflit. 

Pour nous, le jeu est un outil de travail majeur, souvent en association avec le dessin. Il permet de dépasser la problématique de verbalisation de certains jeunes, qui vont pouvoir s'exprimer plus facilement à travers le jeu.

Quels sont les bénéfices des jeux de société pour le cerveau ?

Jean-Paul Santoro : Je ne suis pas un spécialiste de cette question, mais évidemment le jeu fait travailler certaines fonctions cognitives qui sont bonnes pour le développement du cerveau et des capacités de l'enfant.

Cela permet notamment de solliciter les fonctions exécutives : planification, inhibition, raisonnement... Mais aussi la capacité à se situer dans l'espace et dans le temps, ou encore la gestion de la frustration. En réalité, le jeu est globalement très positif d'un point de vue cognitif.

Au-delà, le jeu peut aussi développer la socialisation. Par exemple, lorsqu'un enfant bute sur un casse-tête ou un jeu de logique, il peut être amené à chercher de l'aide et à trouver une solution avec l'adulte.

Faut-il s'inquiéter de l'omniprésence des jeux vidéo et des écrans ?

Jean-Paul Santoro : Pas forcément. En réalité, l'écran n'est pas le problème, c'est plutôt à quoi sert cet écran !

Si c'est pour faire une activité commune ou un jeu à plusieurs, il n'y a pas de raison de s'inquiéter outre mesure. On a tendance à trop stigmatiser les adolescents à ce propos. Un jeu vidéo, s'il est fait ensemble, en famille ou entre amis par exemple, c'est plutôt bien ! L’important est qu’il ne prenne pas trop de place par rapport aux autres domaines comme la scolarité ou la vie sociale.

Pour les parents qui s'inquiètent de voir leur enfant ou adolescent s'isoler face à l'écran, je conseillerais de proposer un jeu (pourquoi pas de société) qui se rapproche de son univers, pour pouvoir créer du lien avec lui et partager des moments communs.

Mais cela peut aussi se faire à travers d'autres types d'activités comme des sorties ou des randonnées en famille par exemple.

Pour aller plus loin :

La CPTS Dracénie Provence Verdon organise une conférence le 25 mars 2024 à 19h à la Salle Polyvalente de Trans-en-Provence intitulée « Les dangers de la surexposition aux écrans chez les enfants et les adolescents ».

Une conférence à laquelle Jean-Paul Santoro participera, aux côtés d'Anne-Lise Ducanda, médecin expert du sujet.

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