La justice française s'est prononcée jeudi en faveur de l'extradition, en priorité vers la Russie, de l'opposant et oligarque kazakh Moukhtar Abliazov, soupçonné de malversations financières, après avoir validé également celle vers l'Ukraine.
La chambre de l'instruction de la cour d'appel d'Aix-en-Provence a suivi les réquisitions de l'avocate générale, Solange Legras, formulées le 12 décembre lors de l'audience sur le fond.
"C'est une honte pour la justice française", a réagi Madina Abliazov, une des filles de l'oligarque, présente au tribunal. "Le condamner à l'extradition, c'estle condamner à mort", a renchéri son épouse Alma Chalabaïeva, qui avait elle-même été expulsée d'Italie vers le Kazakhstan fin mai avant de pouvoir regagner Rome.
Comme ils l'avaient annoncé avant l'audience, les avocats de la défense vont déposer un pourvoi en cassation dans les 5 jours.
"La justice française ne s'honore pas d'une telle décision. Soit elle a fait preuve d'une très grande naïveté à l'égard de la parole d'Etats que le monde entier reconnaît comme corrompus, soit c'est le signe d'une forte dépendance du pouvoir judiciaire à l'égard du pouvoir politique et c'est extrêmement inquiétant pour un Etat démocratique", a déclaré Me Bruno Rebstock.
Lors des débats en décembre, les avocats avaient dénoncé le caractère uniquement politique de ces demandes d'extradition, bâties selon eux "sur un chapelet d'allégations sans preuve", et s'étaient dits convaincus que Russie et Ukraine se "donnaient la main" pour in fine ré-extrader leur client vers le Kazakhstan où le pire l'attendrait.