Un médecin et deux infirmières de la maison d'arrêt de Grasse (Alpes-Maritimes) seront renvoyés devant la justice pour "homicide involontaire", après la mort en 2010 d'un détenu italien de 31 ans. Ce décès avait suscité un vif émoi en Italie.
L'audience devrait avoir lieu à la fin de l'année, a précisé le procureur adjoint du tribunal correctionnel de Grasse, Jean-Louis Moreau. Le centre hospitalier de Grasse sera également poursuivi en tant que personne morale.
Emoi en Italie
Ce décès avait suscité un vif émoi en Italie. Le ministre italien des Affaires étrangères de l'époque, Franco Frattini, était notamment intervenu pour que le corps du détenu soit rapatrié pour une seconde autopsie.L'ex-première dame française Carla Bruni-Sarkozy avait même écrit à la mère du détenu, Cira Antignano, l'assurant que "la justice française répondrait à ses attentes".
C'est "un tournant sensationnel dans l'enquête sur Daniele Franceschi, le jeune charpentier italien mort dans la prison de Grasse le 29 août 2010 dans des circonstances encore mystérieuses", a commenté vendredi Aldo Lasagna, l'avocat italien de la famille.
Décédé officiellement d'une crise cardiaque
Le jeune homme, originaire de Viareggio (nord de l'Italie), est décédé officiellement d'une crise cardiaque et l'autopsie française a exclu des chocs traumatiques. Mais la famille n'a cessé de réclamer des éclaircissements sur les circonstances exactes du décès.Daniele Franceschi, incarcéré en France pour l'utilisation d'une carte bancaire falsifiée dans un casino, s'était plaint de la lenteur de l'administration pénitentiaire à répondre à ses demandes médicales, dans une lettre à sa famille.
"La mère n'est pas satisfaite avec les réponses obtenues jusqu'à présent", explique Me Lasagna.
"Elle avait cru voir un petit hématome au front de son fils et avait remarqué que son corps était entièrement recouvert d'un voile à l'hôpital de Grasse. Elle a eu l'impression que quelque chose de plus sérieux avait pu se passer à la prison", précise-t-il.
Le corps de Daniele Franceschi avait été rapatrié en Italie 55 jours après son décès dans un état de décomposition avancé, sans organes, ce qui avait rendu impossible une deuxième autopsie, déplore Me Lasagna.