Le milliardaire russe Dmitry Rybolovlev plus Monégasque que les Monégasques

Après avoir eu bien des difficultés à se faire accepter par le microcosme monégasque à son arrivée en 2011, le président du club de la Principauté, le milliardaire russe Dmitry Rybolovlev, 46 ans, est devenu, en moins de deux ans, une personnalité incontournable sur le Rocher.

Le 23 décembre 2011, lorsque le capital du club de la Principauté a été pour la première fois de son histoire ouvert à plus de 50% à une société non chapeautée par le palais princier, Albert II avait précisé avoir ouvert "de façon inévitable une nouvelle page de l'histoire de l'équipe (...) dont (je) souhaite qu'elle retrouve (...) la stature qui (...) a fait d'elle l'un des fleurons de la vie sportive de Monaco". Après bien des errements dans sa gestion, le club était alors en faillite et dernier en L2.

En lâchant l'une des vitrines de Monaco, le prince perdait la main sur un vecteur de communication essentiel mais terriblement cabossé. Les Monégasques voyaient majoritairement d'un mauvais oeil l'arrivée d'un inconnu à la tête du club.

Avec 66,67% du capital, Monaco Sport Invest avait alors cinq mois pour sauver un monument. L'entourage de Rybolovlev tenta, un temps, un exercice de communication interne à la Principauté. Peu de portes s'ouvrirent spontanément.

Même en annonçant 100 millions d'euros d'investissement sur 4 ans et en recrutant à tour de bras joueurs comme membres de l'exécutif du club. Seul le sauvetage sportif permit à l'ex-patron d'Uralkali, géant mondial de la production d'engrais potassique, de gagner du temps.

Ancien cardiologue, reconverti dans les affaires qui l'ont mené à construire un empire de plus de 7 milliards d'euros, ayant fait onze mois de détention préventive en Russie après avoir été accusé d'avoir commandité l'assassinat d'un patron de la région - avant d'être blanchi pour faux témoignage accusateur -, Rybolovlev souhaite demeurer à Monaco. Ses affaires y fructifient, sa sécurité y est assurée. Et dans l'adversité, il a les moyens de répondre. 

Son ex-femme lui demande la moitié de sa fortune après le divorce? Il lance une armée d'avocats pour la contrer. Les Monégasques sont dubitatifs? Il engage Claudio Ranieri, gagne le titre de L2, débourse près de 150 M EUR pour attirer Falcao et consorts.

Si Monaco est enfin conquis, le football français l'est beaucoup moins. Monaco possède trop d'avantages fiscaux.

Dès l'été dernier, des signaux avant-coureurs laissaient présager un clash avec la LFP. Rybolovlev sous-estima la fronde des présidents français. Sa réaction fut tardive. Jean-Louis Campora, dépêché en diplomate urgentiste, n'eut pas les résultats escomptés.

Pourtant, lorsque la LFP mit en demeure le club de déplacer son siège social en France, il comprit qu'une part de la souveraineté de Monaco était en jeu. Aujourd'hui, le recours du club devant le Conseil d'Etat pour annuler la décision de la Ligue est autant son combat que celui des Monégasques. Dans ce dossier, il possède le soutien du gouvernement et du palais. C'est la plus importante victoire de celui qui, en rachetant l'ASM, évoquait "le commencement d'un partenariat efficace" avec la Principauté.
 
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