Alors qu'en France on ne parle que de ça, nous nous sommes demandé comment nos voisins analysent la situation depuis la dissolution de l'Assemblée nationale en France puis la probabilité qu'un Premier ministre du Rassemblement National soit élu. Les réactions sont surprenantes. Petit tour d'horizons réalisé dans les rues de Vintimille.
E simpatico Macron ! Voilà comme Raffaele commence son propos quand on l'interroge sur notre sujet.
Cet Italien aux cheveux couleur cuivré, qui n'a pas d'âge, a une opinion toute tranchée sur ce qui se passe en France. Il n'a pas beaucoup de temps à nous accorder car sa boutique qui vend charcuterie et fromages ne désemplit pas. Avec sa bonhomie, il s'inquiète cependant : "si vous élisez un parti nationaliste est-ce qu'on pourra continuer à passer d'un pays à l'autre comme c'est maintenant ? Moi vous savez, je suis d'abord pour la paix".
Il faut dire que la boutique de Raffaele est très prisée des Français, d'où son motif d'inquiétude. Quant à Emmanuel Macron, il estime que c'est un bon président : "il a bien géré les affaires européennes et les liens entre la France et l'Italie, je ne comprends pas trop pourquoi vous voulez changer".
Macron, "un homme qui compte sur le plan diplomatique"
Le commerçant fait référence aux prochaines législatives. Mais ici, on a du mal à comprendre que l'Assemblée a été dissoute. Le système italien est assez différent du nôtre. Pour faire simple, en Italie, le président du Conseil des ministres, l'équivalent de notre Premier ministre, est nommé par le président de la République mais dépend de la majorité du Parlement.
Dans les rues, beaucoup connaissent à peine le président français. Luca, un avocat, s'excuse d'avance de vouloir faire un discours. Pour lui, Macron est avant tout une personnalité européenne de marque et il retient ses déclarations vis-à-vis de la guerre en Ukraine : "avec les Allemands, il a tenté de trouver un moyen d'arrêter le conflit entre la Russie et l'Ukraine, il compte vraiment sur le plan diplomatique", résume Luca.
Assis à la terrasse d'un bar, Stefano lit la presse italienne. Mais ce lundi, rien sur la situation politique en France, pourtant cet Italien qui partage sa vie entre Vintimille et Nice a un avis sur la question : "ça fait bizarre quand même de se dire que la France, qui est un pays d'accueil, va peut-être élire un parti nationaliste, peut-être il faudrait éviter ça".
Protestation
Nous voici dans l'une des plus grosses quincailleries de Vintimille où deux Italiens refont le monde. Nous les interrompons, le sujet trouve une résonance auprès de Claudio, la soixantaine, visage jovial : "c'est un vote de protestation qui s'est produit chez vous, je ne suis pas surpris que les gens aillent vers l'extrême droite, surtout avec ses positions sur la guerre avec l'Ukraine".
"C'est un vote de protestation, je ne suis pas surpris que les gens votent pour l'extrême droite"
Un Italien à Vintimille
Un peu plus loin, un jeune italien fume une cigarette. Pour lui le parti d'extrême droite en France est encore plus à l'extrême que le parti Italien de Georgia Meloni, il dit son malaise mais ne souhaite pas continuer la conversation.
La France reste quand même un objet de curiosité pour certains médias de presse écrite comme La Repubblica qui consacre, dans ses colonnes, une rubrique spéciale aux élections législatives et évoque les influences existantes ou supposées entre la droite extrême en France et Georgia Meloni.