Le président de la chambre d'agriculture s’inquiète : « ceux qui sont encore en estive ne se sont même pas encore rendus compte de la catastrophe ». Des vaches ont disparu mais les animaux sont sont en grande majorité sains et saufs. Les services de l'état et les collectivités se mobilisent.

Partir ou rester ? La question se pose pour les habitants des villages sinistrés mais aussi pour les éleveurs. Ce lundi 5 octobre, le président de la Chambre d’agriculture a survolé la vallée de la Roya pour faire un état des lieux et surtout prendre des nouvelles des 19 éleveurs qu’il ne parvenait pas à joindre par téléphone. L'appareil a pu se poser, tous les éleveurs sont sains et saufs.

2000 tonnes de foin

Depuis les intempéries, les villages de la Roya sont coupés du monde, pas de voie d’accès, pas de téléphone ou seulement parfois par intermittence. On cherche encore les animaux en montagne. A ce jour, il n’y a qu’un troupeau dont la moitié est partie dans le ruisseau, dans la Roya. Même en alpage, il a été impacté…

Ma crainte c’est que les éleveurs partent de la Roya. Là on va vers l’hiver, on n’aura pas le temps de remettre les bâtiments en état. Et puis comment les approvisionner ? Il faut 2000 tonnes de foin dans le département. Le problème c’est de les acheminer.

Michel Dessus, président de la chambre d’agriculture des Alpes-Maritimes.

Il précise qu’il y a des dons de foin qui viennent de partout du 04 du 13. Et il s’inquiète : « ceux qui sont encore en estive ça va, ils se sont même pas rendus compte de la catastrophe ». Quelques vaches ont disparu mais les animaux sont sont en grande majorité sains et saufs. Seul la moitié d'un troupeau a péri dans la montée des eaux.

Les convois sont "compliqués"

Il estime les besoins logistiques à une centaine de semi-remorques. D’ores et déjà, une vingtaine de camions a pu redescendre des moutons. Mais les convois sont « compliqués » : le tronçon saint Sauveur, le col de la Couillole : "parfois on ne passe qu’à une voie." Un héliportage en urgence pour apporter du foin est prévu pour une éleveuse de Tende qui n’a plus de stock pour nourrir ses bêtes. Il faut aussi s'occuper des troupeaux italiens : 3000 bovins se trouvaient dans les alpages au moment des intempéries.

Passer par Vernante en Italie

Dans l'affolement, certaines bêtes se sont éparpillées dans la montagne. Dorénavant, la seule piste pour redescendre, c'est de passer par Vernante en Italie, affirme Benoit Esmorgiaud, technicien à la chambre d'agriculture, qui a lui aussi survolé la vallée de la Roya. Plus de 3000 bovins italiens doivent redescendre, 5 cheptels bovins et ovins du 06, qui passeront probablement par l’Italie.

"Les animaux échappés dehors risquent de se faire croquer, il ne peuvent pas survivre à des températures basses... laisser un cheptel tout seul à + de 1800 mètres, c’est le condamner", s'alarme la chambre d'agriculture. Donc, il faut les rassembler. Mais comme les pistes sont coupées et les bâtiments agricoles ont pris des mètres cube de coulées de boue, regrouper les animaux s'annonce une entreprise difficile.

Stock de la fromagerie perdu

A long terme, les conséquences pourraient être plus lourdes pour les éleveurs. Faute de nourriture suffisante, ils ne mettront certainement pas les animaux à la reproduction. Peut-être un retour de bâton économique supplémentaire pour les éleveurs.
Nadia Paire, productrice de fromages de chèvre à Malaussène s'est sentie abandonnée. Elle a perdu tout le stock de sa fromagerie. Le déblayage des routes n'a commencé que dimanche. La piste qui mène à la bergerie a été complètement emportée. Le comité des fêtes de Malaussène publie des photos de l'état des routes : Heureusement, la veille de l'alerte rouge, son fils a rentré les bêtes. Elles se sont éparpillées mais il est possible de les suivre grâce à des puces GPS. Sauf quand il n'y a plus de connexion ! Elles ont été retrouvées lundi. L'électricité est aussi revenue. A la fois philosophe et combattive, Nadia précise :

Elles ont perdu leurs repères, parce que les pistes avec le courant, elles ont disparu. Il y a beaucoup d’eau qui coule dans les chemins et les bêtes c’est à l’instinct pour rentrer. On a perdu la production de fromages. Depuis vendredi, je jette le lait de vache. Ça me fait de la peine, mais on ne se plaint pas. On a eu des coulées de boue mais c'est passé au-dessus des bâtiments. Il y a des cailloux et de la boue partout... Le paysage est défiguré. Ça vraiment été l'apocalypse ! 

Nadia Paire, productrice de fromages de chèvre à Malaussène

"Ils perdent gros"

Le président de la chambre d'agriculture est surtout très inquiet pour les élevages de l'ensemble du département : "certains pensent à partir dans d’autres départements, ils se renseignent déjà..." Il insiste ausi sur le suivi psychologique : « ils perdent gros… Tout va changer, même la vie du village.» D'autres vaches, un temps perdu, ont été retrouvées. Les éleveurs partagent leurs infos sur Facenbook et via Messenger pour trouver les meilleures pistes praticables pour le retour des troupeaux dans les vallées : 

Situation d'urgence suivie par le ministre de l'agriculture

Il a rédigé une fiche par éleveur pour faire un état des lieux très précis. Cet après-midi, le président de la chambre d’agriculture des Alpes-Maritimes doit rencontrer le préfet à 13h30. Les services de l’état, les assureurs seront présents, les services du département, de la métropole, la MSA pour évaluer au mieux les besoins des éleveurs. Une situation d’urgence suivie de près également par Julien Denormandie, le ministre de l’agriculture.

Dans la vallée de la Roya, les travaux de remise en état des routes pourraient prendre plusieurs mois : il n'y a pas d’accès par le col de Tende, le tunnel de Tende est en partie détruit. Finalement, l'une des possibilités de transport des bêtes pourrait être le train. 
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