Refoulement illégal de mineurs, privation de liberté prolongée, impossibilité de demander l'asile: les droits des migrants ne sont toujours pas respectés par la France près de Vintimille, ont déploré six ONG après une nouvelle mission d'observation sur le terrain ces dernières 48 heures.
Amnesty, Cimade, Médecins du Monde, Médecins sans frontière, Secours Catholique, Anafé : au total, six associations, réunies à Nice avec des partenaires italiens comme la Caritas, ont déployé une vingtaine d'observateurs ces deux derniers jours, du 24 au 26 juin, à la frontière franco-italienne, où la préfecture des Alpes-Maritimes assure que tout est fait dans le respect de la légalité.
Selon ces ONG, en réalité, "le rétablissement des contrôles à la frontière depuis 2015 est devenu le prétexte à la banalisation de nombreuses pratiques illégales de la part des autorités françaises, malgré les interventions de la justice et de nombreuses autorités indépendantes".
Ainsi en deux jours, elles ont vu des migrants enfermés dans un local de la police aux frontières de Menton jusqu'à 14 heures d'affilée avant leur reconduite en Italie, "dépassant largement la durée de 4 heures jugée admissible par le Conseil d'Etat en juillet 2017", selon leur communiqué.
Les mineurs
"Les forces de police n'ont pas pris en compte la minorité de 11 jeunes personnes, qui ont été refoulées illégalement vers l'Italie et ont ensuite été raccompagnées par les forces de police italienne en France", ajoutent-elles.
Elles ont aussi constaté "des contrôles au faciès", pourtant prohibés, dans les trains en provenance de Vintimille et "le refoulement de 157 personnes en Italie sans possibilité de demander l'asile ou que leur situation individuelle soit étudiée, alors que ces pratiques ont été jugées illégales par le tribunal administratif de Nice".
Renvoyant dos à dos les gouvernements italien et français, à la veille d'un sommet européen, ces associations ont appelé Rome à "cesser la surenchère verbale contre les migrants et à ne pas renoncer aux valeurs d'hospitalité de l'Italie" et Paris à "porter un coup d'arrêt aux pratiques illégales généralisées qui se produisent à la frontière".