"Une réalité monégasque" : à Monaco, un procès questionne la limite entre proxénétisme et tolérance envers la prostitution

A Monaco, le Sass'café est connu pour être un haut lieu de la jet-set, des prostituées en quête de clients et des salariés accommodants. C'est un procès pour proxénétisme devant le tribunal correctionnel de la principauté qui se déroule cette semaine.

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C'est un procès pour proxénétisme qui vient montrer les limites de la tolérance monégasque envers la prostitution.

Si le racolage sur la voie publique est interdit à Monaco, la prostitution y est tolérée et les prostituées, enregistrées auprès de la police locale, font partie du paysage dans les établissements fréquentés par une clientèle fortunée.

La qualité de la clientèle, c'est justement une des fiertés du Sass'Café, haut lieu des soirées monégasques fondé il y a 30 ans, dont les abords débordent chaque soir de voitures de luxe et qui affiche sur son site des clients prestigieux : le Prince Albert, les chanteurs Will Smith, Lady Gaga, Bono,  les acteurs Sean Penn, Matt Damon, Whoppy Goldberg ou le pilote de Formule 1 Charles Leclerc...

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10 millions d'euros de chiffre d'affaires

Fort d'un chiffre d'affaires annuel d'environ 10 millions d'euros, il est actuellement dirigé par Samuel Treves, 45 ans, fils du fondateur portugais Sassa Treves, 86 ans. Sassa, son épouse Yolande et leur fils Samuel en sont propriétaires à parts égales.

Là aussi, les prostituées étaient tolérées. "La prostitution est autorisée à Monaco, alors pourquoi les refuser ? C'est des clientes normales", a expliqué une ancienne hôtesse d'accueil, face au grand Christ en croix qui orne la petite salle d'audience tout en boiseries et insignes du palais de justice de poche jouxtant la cathédrale, sur le Rocher. 

La religion catholique est religion d'État à Monaco.

Mais à l'occasion d'une enquête menée conjointement, pour la première fois, par la France et Monaco sur un trafic de stupéfiants, les policiers ont repéré que les prostituées qui venaient librement fréquenter le Sass'Café avaient des liens plus étroits qu'ailleurs avec une partie du personnel.

Or toute personne qui assiste une prostituée ou bénéficie d'une partie des revenus de son travail est considérée comme proxénète et passible de six mois à trois ans de prison en vertu du Code pénal monégasque. 
Sur le logiciel de réservation et d'attribution des meilleures tables, les prostituées étaient signalées par la lettre T, pour "travailleuses", soumises à des quotas, à des critères d'entrée -- élégance, élocution, odeur... --, ou encore à des comportements précis dans l'établissement.

Un mode de gestion active d'un commerce, avec un "cercle vertueux illégal" entre les femmes cherchant des clients, les clients venus spécifiquement chercher des prostituées et l'établissement bénéficiant des consommations et pourboires des unes et des autres, a fait valoir le tribunal.

Le café est situé en plein cœur du quartier de Larvotto :

"Une réalité monégasque"

Pour M. Treves et l'ancien gérant, Pascal Cotillon, il s'agissait plutôt d'une nécessité de réguler "une réalité monégasque". Et M. Cotillon, à l'origine de l'ajout du T, a ironisé sur l'idée d'une lettre G pour "gigolo" compte tenu de l'évolution des moeurs locales. Même si désormais, les prostituées ne sont plus les bienvenues au restaurant, sans que le chiffre d'affaires n'en ait souffert.

Au-delà de ce débat, le tribunal s'est attardé sur les prostituées ayant assuré pendant l'enquête que contrairement à d'autres établissements de la Principauté, pour entrer et avoir une bonne table au Sass'Café, il fallait verser des pourboires spécifiques, ce que MM. Treves et Cotillon ont fermement démenti.

Au Sass'Café, les salaires modestes sont susceptibles d'être doublés ou triplés grâce aux pourboires, via un pot commun réparti entre service et cuisine, qui peuvent monter jusqu'à 4 ou 5 000 euros par mois. 
En revanche, certains salariés comme les portiers ou certaines hôtesses d'accueil, qui faisaient entrer et plaçaient les prostituées, ont pu toucher des pourboires privés -- contrairement aux directives de la direction --, ce qui leur vaut de comparaître au côté de leur ancien employeur.

"Pour moi, le proxénète, c'était quelqu'un qui arrachait de l'argent à des filles qui travaillaient, quelqu'un qui battait les filles", a expliqué un ancien portier qui a reconnu avoir touché ces pourboires et convoyé des prostituées vers le domicile ou la chambre d'hôtel d'un très bon client.

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