L'association des familles des victimes du mystérieux accident de la caravelle Ajaccio-Nice, qui fit 95 morts en septembre 1968, a annoncé le dépôt d'une nouvelle plainte après un énième revers judiciaire.
Une enquête de gendarmerie pour "soustraction de preuves" (ouverte en mars 2012) a été classée sans suite le 7 juillet dernier par le procureur de Nice Eric Bedos, qui a jugé l'infraction "insuffisamment caractérisée", dans une lettre envoyée à l'Association des familles des victimes de la catastrophe de la caravelle Ajaccio-Nice.L'association a déposé une nouvelle plainte dans le cadre de cette enquête auprès d'un juge d'instruction de Nice, selon une copie du document.
L'enquête porte sur le témoignage d'un technicien de l'ORTF présent le jour où des hommes étaient venus saisir, après le crash, une bande-son mettant potentiellement en cause l'armée française.
L'association (35 membres) soupçonne l'armée d'avoir procédé le jour de l'accident à des manoeuvres au cours desquelles un missile aurait touché par erreur la caravelle.
Près de 46 ans après les faits, son président Mathieu Paoli et ses deux frères attendent toujours la vérité sur la mort de leurs parents.
"Les récentes catastrophes aériennes nous remémorent tout ce qu'on a vécu", a commenté vendredi Mathieu Paoli, 70 ans.
"A l'époque les prises en charge psychologiques n'existaient pas. On nous a emmenés deux jours après à Nice à la chapelle ardente devant des cercueils alignés. Puis nous sommes allés à la PJ récupérer sur une table un porte-monnaie de maman. Le soir ont nous a emmenés au train", se souvient M. Paoli, qui a créé l'association en 2008.
Le tribunal correctionnel de Nice avait déjà débouté en décembre 2011 l'association qui avait déposé une citation à comparaître du ministère de la Défense, la jugeant irrecevable.
2 précédentes plaintes, déposées en 2006 et 2008, ont également été rejetées pour cause de prescription.
Les familles avaient réclamé en mai 2011 que les débris de l'avion, qui s'est abîmé au large d'Antibes le 11 septembre 1968, soient repêchés, faisant valoir un nouveau témoignage accréditant la thèse d'un tir de missile militaire.
Un militaire en retraite avait en effet affirmé, dans un entretien télévisé, que l'accident avait été provoqué par un missile désarmé tiré depuis l'île du Levant, en Méditerranée.
Cet homme, Michel Laty, indiquait avoir tapé le rapport de l'armée, classé secret-défense, lorsqu'il travaillait à la préfecture maritime de Toulon.
Mais il est décédé en décembre 2011 sans avoir pu être entendu par la justice.
Reportage : Jean-Bernard Vitiello, Didier Beaumont, Antoine Perron, Jimmy Juvigny