C'est une ville au milieu de l'océan. Avec l'été, les paquebots de croisières sont de retour dans les Alpes-Maritimes. Mais ces vacances de rêves ont un prix. Les cheminées brûlent du fioul lourd. En se consumant, il rejette du soufre et des particules fines.
L'été ne fait que commencer. Jeudi 8 juin, deux bateaux de croisières transportant plus de 7.000 passagers ont accosté à Villefranche-sur-Mer. Une véritable plus-value pour les commerçants de la Côte d'Azur car ces touristes dépensent beaucoup. La CCI Côte d'Azur estime que les retombées économiques sont de 40 millions d'euros par an.
Les #croisieres : un enjeu capital pour la #cotedazur avec 40M€ de retombées économiques par an @CCIcotedazur pic.twitter.com/kkmucfIFH7
— ecomnews_live (@ecomnews_live) 8 juin 2017
Mais sur le littoral, les paquebots et les ferrys ne font pas que des heureux. Nombreux sont les riverains qui se plaignent de la pollution dégagée par ces mastodontes. Car en Méditerranée française, ces bateaux sont autorisés à naviguer avec un fuel contenant 1.5% de soufre. Un taux qui devrait baisser en 2020 pour atteindre 0,1% , comme en mer du Nord ou dans la Manche.
Cette pollution n'est pas à prendre à la légère. Selon un rapport de l’OCDE de 2014, le transport maritime est ainsi responsable de 5 à 10 % des émissions mondiales d’oxyde de soufre, un polluant qui accroît le niveau d’acidité des océans, participe à la formation de « mauvais ozone » et de particules fines et ultrafines.
Des taux de pollution aussi élevés qu'à Paris
En janvier 2017, une équipe de Thalassa était monté discrètement sur un de ces bateaux de croisière pour y mesurer la pollution. Les résultats sont édifiants. En pleine mer, lorsque les moteurs tournent à plein régime, 109.000 particules par centimètre cube d'air sont relâchées. Un chiffre très élevé, bien plus que dans une grande ville.Sur le pont supérieur où est installée une piste de jogging, le capteur mesure même un nouveau pic de pollution : 307.000. Des niveaux comparables à ceux mesurés en plein centre de Paris à l'heure de pointe. Et cette pollution ne se limite pas aux ponts des bateaux.
Croisières : un air pas si pur
Quelles solutions ?
Pour moins polluer des solutions existent. Certains navires en escale peuvent se brancher sur le réseau électrique de la ville d'accueil mais la puissance nécessaire impose de gros investissements car un navire de croisière a besoin d'une puissance électrique 10 fois supérieure à celle d'un ferry.
Une autre solution consiste à changer l'énergie utilisée par ces paquebots. A terme, le gaz naturel pourrait remplacer le fuel. A partir de 2019 la compagnie Costa Crociere, filiale du géant américain Carnival, proposera à ses clients des croisières à bord de méga-navires dotés de moteurs hybrides utilisant du gaz naturel liquéfié (GNL).
Pour en savoir plus...
Les paquebots géants sont une source géante de pollution marine (Reporterre, octobre 2016)La face cachée des bateaux de croisières dévoilée par Thalassa (Mr Mondialisation, janvier 2017)
Un navire de croisière à l'arrêt pollue autant qu'un million de voitures (Franceinfo, juillet 2015)