Près de 300 personnes ont manifesté ce samedi matin contre le projet d'extension du terminal 2 de l'aéroport. Selon eux, les nombreux impacts seraient négatifs et irrémédiables sur l'environnement, la santé et la qualité de vie des Niçois.
Article mis à jour le 10 février, à 10h :
La commission saisie dans le cadre d'une enquête publique ordonnée par la justice a rendu un nouvel avis favorable au projet d'extension de l'aéroport de Nice. Dans cet avis publié le 7 février et consulté par l'AFP, la commissaire enquêteur reconnaît toutefois que ce projet "est peu accepté par la population" et assortit son feu vert de recommandations concernant des mesures régulières des émissions de gaz à effet de serre et de la pollution atmosphérique.
------------------------------
Même si le projet de la future extension du Terminal 2 semble se dérouler (presque) sans heurts, leur mobilisation reste intacte. Ce samedi 8 février, les opposants manifestaient près de l'aéroport. Depuis de nombreuses semaines, ils étaient dans l'attente de la publication de l'enquête complémentaire demandée par la cour administrative d’appel de Marseille le 14 décembre 2023.
Selon leurs informations, elle était déjà sur le bureau du préfet des Alpes-Maritimes. Alors, Alliance Écologique et Sociale 06, un collectif d’associations écologistes, altermondialistes et de syndicats a organisé une manifestation ce samedi. L'enquête complémentaire a été publiée ... hier.
Une très belle manifestation et des centaines de citoyen-nes ce matin à #Nice, pour dire Stop à l'extension de l'aéroport de Nice !
— Collectif Citoyen 06 (@CollecCitoyen06) February 8, 2025
Un projet néfaste opposé à tous les engagements pour le climat et la santé des populations. @StopExtAeroNICE @ResterSurTerre @prefet06 @cestrosi pic.twitter.com/wrVgdmp66I
Quel impact ?
Le 14 décembre 2023, la cour administrative d’appel de Marseille précisait que l’étude d’impact réalisée "n’a pas étudié l’accroissement du trafic aérien que l’augmentation de la capacité d’accueil des passagers était ainsi susceptible de générer." Elle demandait donc un complément qui devait évaluer "l'impact sur l’environnement et la santé", et qui devait prendre en compte l’augmentation du trafic aérien. La Cour a laissé un délai de 12 mois à la société Aéroports de la Côte d’Azur et au préfet des Alpes-Maritimes pour compléter cette étude.
Dans cette dernière, pour la première fois en 5 ans, il est clairement indiqué que le trafic aérien va croître de 28 730 mouvements annuels entre 2024 et 2034, et 14 249 par le seul fait de l’extension T2. Les impacts de cette extension sont de ce fait très importants en termes de santé publique (pollution atmosphérique et nuisances sonores en hausse) et environnementaux (émissions annuelles supplémentaires de près de 380.000 tonnes de CO2 entre 2024 et 2034, et 233.460 tonnes par le seul fait de l’extension T2).
370 000 tonnes de CO2 par an
Les chiffres donnent le tournis. À terme, chaque jour, 80 vols supplémentaires dans le ciel niçois. Environ 28 000 vols annuels en plus, cela représente, selon le collectif, près de 25% d'émissions de polluants supplémentaires. "370 000 tonnes supplémentaires de gaz à effet de serre chaque année, c'est contraire à l'urgence climatique", souligne Airy Chrétien, collectif Citoyen 06.
Les membres des associations et leurs soutiens défendent une "vision profondément sociale et environnementale" de la société. Guillaume Urvoy-Keller est un scientifique. Aujourd'hui, il est venu manifester en blouse, afin d'apporter sa caution : "Cela fait 30 ans que le GIEC documente toutes ces problématiques. Faire une extension, ce n'est pas la bonne idée", "l'avion, c'est typiquement quelque chose qu'on ne sait pas décarboner". Il pointe du doigt la menace du surtourisme alors que la région connaît de plus en plus d'épisodes de canicule, et que des problèmes d'approvisionnement en eau apparaissent.
On sait que c'est difficile. Ce n'est pas la bonne solution cette course en avant à toujours vouloir plus d'activité économique sans penser à quels impacts.
Guillaume Urvoy-Keller, professeur à l'Université Nice Côte d'Azurà France 3 Côte d'Azur
De plus, Thierrry Bizouté cofondateur du collectif Citoyen 06 ne cesse de le marteler : "Le nouveau bâtiment va aller jusqu'à la lisière du fleuve du Var. C'est une zone protégée par un arrêté de protection de biotope et c'est une zone Natura 2000".
Le collectif s'inquiète également de la santé de la population environnante et tout particulièrement des élèves et des enseignants des deux établissements scolaires proches du site : les écoles primaires Flore et celles des Moulins qui finalement ne situent à quelques centaines de mètres des pistes.
Il y a de la poussière noire, et des enfants sont asthmatiques, certains ont les yeux qui pleurent.
Marie-Claude Duchien, professeure et membre du Collectif citoyen 06à France 3 Côte d'Azur
Un trafic record
Le 20 janvier dernier, l'aéroport Nice Côte d'Azur annonce avoir enregistré en 2024, 14,8 millions de passagers. C'est la première fois que le nombre de passagers dépasse celui de 2019, avant la crise du Covid, soit 14,5 millions de personnes. C'est le second aéroport de France. De son côté, l'aéroport Nice Côte d'Azur affirme être l'un des aéroports de sa catégorie ayant les indicateurs sanitaires les plus favorables. Il est le 1ᵉʳ aéroport de France à avoir obtenu le label Airport Carbon Accreditation niveau 4+ en 2021. Il compte le demeurer avec la réalisation du projet d'extension. "La livraison reste prévue en deux tranches, en 2025-2026". Pour l'instant, le permis de construire n'est pas invalidé, et aucune suspension est en cours.
L'étude complémentaire démontre que les émissions atmosphérique du projet d'extension du terminal 2 génère des risques sanitaires non significatifs.
Communiqué de l'aéroport Nice Côte d'Azur
Cette extension prévoit deux bâtiments d'une surface de 25 000 mètres carrés au sol, avec six nouvelles salles d’embarquement, ainsi qu'une salle d’enregistrement et de livraison des bagages.