Cette école de Nice sensibilise ses élèves à l'inclusion et au harcèlement scolaire

Toute la semaine, l'institut Saint-Joseph de Nice met en place des ateliers sur le thème de l'inclusion pour ses 850 élèves. Un événement ponctuel qui s'inscrit dans la démarche d'acceptation de l'autre que l'établissement souhaite véhiculer.

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Pas besoin de connaître son adresse exacte pour trouver l'institut Saint-Joseph dans la rue Barla de Nice (Alpes-Maritimes). Depuis lundi, l'établissement scolaire arbore fièrement sur sa façade une grande banderole blanche de plusieurs mètres. On peut y lire "Semaine de l'inclusion". Comme cela, tout le monde est au courant. 

Lorsque l'on pénètre dans Saint-Joseph - véritable cité scolaire de 854 élèves allant de la petite section de maternelle au BTS - le volume sonore des couloirs peuplés de jeunes gens nous rappelle à quel point les écoles sont des lieux éminemment vivants. L'aspect "inclusif", lui, n'est pas immédiatement flagrant.

Pour l'appréhender, il faut s'aventurer dans les étages et les salles de classe, où ont lieu les ateliers organisés dans le cadre de cette semaine de l'inclusion. C'est la première fois que l'établissement privé catholique, sous contrat d'association avec l'État, met cela en place.

Un conte pour les plus jeunes

Dans la chapelle, située au rez-de-chaussée du bâtiment, des élèves de CP, CE1 et CE2 assistent à un spectacle de conte. Dans une courtes saynète, une comédienne raconte l'histoire d'un cachet rejeté par des bonbons car il n'est pas comme eux. Celui-ci finit par se dissoudre dans de l'eau pour disparaître.

Elle invite ensuite des enfants sur scène pour rejouer la situation en exprimant les émotions qu'ils ont ressenties. Certains d'entre eux doivent imiter la joie des bonbons qui sont en groupe, d'autres, la tristesse du cachet isolé qui souhaite disparaître.

Ces mises en situation ont pour objectif d'aider les jeunes protagonistes à identifier la posture que peut adopter un enfant qui se sent seul et, si un tel cas venait à se produire dans leur école, à le prévenir en sensibilisant les camarades de l'élève.

Beaucoup d'élèves avec des troubles 

Si Saint-Joseph souhaite mettre l'accent durant cette semaine sur la notion d'inclusion, c'est "parce qu'il y a ici beaucoup d'enfants avec des troubles", explique Isabelle Chave, la présidente de l’Association des parents d’élèves de l’enseignement libre (Apel) de Saint-Joseph. C'est elle qui est à l'initiative du projet.

"Il y a des enfants dyslexiques, TDAH, HPI..., reprend-elle, et il y avait parfois des frictions, des problèmes dans la cour... Alors, on a eu envie de faire quelque chose et de l'élargir à tous les types d'exclusion".

"Bien-sûr, ça ne fait pas l'unanimité auprès de tous les professeurs. Il y en a qui trouvent qu'on en fait beaucoup trop. Mais, dans l'ensemble, le personnel éducatif est très investi", ajoute Isabelle Chave, dont le fils, en classe de première, a effectué toute sa scolarité à Saint-Joseph.

Se mettre à leur place

Dans une grande salle du deuxième étage, une classe de quatrième profite d'une exposition intitulée "Ce n'est pas juste une exposition sur le handicap". On y trouve plusieurs affiches qui illustrent chacune un phénomène d'exclusion. Les élèves doivent se rapprocher de celles qui les touchent le plus.

S'ensuit un débat sur ces différentes affiches. "J'ai appris que, sur huit milliards de personnes dans le monde, il y en a un milliard qui est atteint d'un handicap. C'est une personne sur huit, c'est énorme !", s'exclame Gaël, 13 ans.

Dans la chapelle, la professeure d'EPS, Madame Masson, anime maintenant un atelier dans lequel des collégiens ont les yeux bandés. Assis sur des tapis de sport, ils ont pour objectif de lancer un ballon dans une direction donnée en ne se repérant qu'au son de petits grelots à l'intérieur du ballon. Ceci pour les sensibiliser au handicap de la cécité et les inciter à s'appuyer sur d'autres sens.

"L'idée, c'est de leur faire comprendre concrètement ce que vivent les enfants en situation de handicap et quels sont leurs besoins", confie Yaël Thibaudeau, référente école inclusive de l'Apel académique de Nice-Toulon. "Et, évidemment, de mettre fin au harcèlement scolaire", ajoute-t-elle.

Le harcèlement scolaire n'est pas fréquent à l'institut Saint-Joseph, selon Jean-Pierre Velasco. Si le chef d'établissement du second degré peut s'en féliciter, c'est parce que l'acceptation de l'autre est quelque chose "de permanent de chez nous".

"Nous tenons à accueillir ces jeunes avec des troubles, qui représentent environ 15% de nos élèves", affirme Jean-Pierre Velasco. "Cela leur montre qu'ils peuvent tout faire comme nous. Et ce n'est pas nouveau, cela fait partie de notre état d'esprit depuis des années."

Philosopher l'inclusion

Les terminales sont moins loquaces que les plus jeunes. Les deux intervenantes de l'association Savoir Être et Vivre Ensemble (SEVE), qui animent "l'atelier philo", ont plus de mal à les faire réagir. "Ils sont plus vifs en classe"; s'amuse leur professeur. Mais lorsque le jeu de questions/réponses commence, les lycéens sont concernés.

Pêle-mêle, ils abordent des sujets profonds tels que la parité femmes-hommes dans le monde du travail, la liberté d'expression, les droits humains au Moyen-Orient, la tolérance, la Révolution française, le vote, le nazisme, la religion...

"Sur une échelle de l'inclusion de 1 à 10, où en est la France ?", demande l'une des intervenantes. "Je dirais entre 7 et 8", déclare un lycéen, "car il y a eu beaucoup d'avancées, mais tout n'est pas parfait. -Les autres, vous êtes d'accord ? -Plutôt, oui !", répondent la plupart de ses camarades.

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