Dans un courrier que France 3 Côte d'Azur s'est procuré, la directrice générale des services du Conseil régional de Paca souligne le passif budgétaire de l'école, et annonce un contrôle de l'inspection générale de la Région. La collectivité a déjà attribué 2,9 millions d'euros à l'antenne niçoise du campus de Xavier Niel.
Le courrier date du 5 mai dernier, soit plus d'un mois avant la mise en redressement judiciaire de l'École 42 de Nice, l'établissement local spécialisé en codage informatique fondé par Xavier Niel, le patron de Free.
La lettre est adressée à Rachid Abarki, le président de "42 Nice". Sur son profil Linkedlin, l'homme se présente comme un "serial entrepreneur et spécialiste depuis 17 ans dans la création et le développement d'entreprises dans le secteur du digital, formation et enseignement".
Déjà 2,9 millions d'euros attribués par la région Paca
Mais pour faire fonctionner son école privée de codage informatique implantée dans l'éco-vallée Nice Meridia, il a besoin de financements publics du Conseil régional de Paca.
Début mai, il prévient la collectivité que son école - qui a un statut d'association à but non lucratif - risque d'être mise en cessation de paiement à la suite du "non-déblocage des subventions" régionales.
La réponse du Conseil régional va être cinglante. Sa directrice générale des services rappelle que l'institution "a toujours été l'un des principaux soutiens de l'Ecole 42 Nice depuis sa création".
Au total, 2,9 millions d'euros ont été attribués, par l'intermédiaire de 6 subventions, dont l'essentiel a déjà été versé. Si le reste ne l'a pas été, d'après le conseil régional, c'est parce que Rachid Abarki n'a pas réalisé les démarches nécessaires.
Un audit de la Région est en cours
Mais ce n'est pas fini : d'autres demandes de subventions ont été adressées à la Région, qui va commencer à tiquer. Une réunion est organisée le 12 avril dernier en présence de responsables régionaux et métropolitains. Ils constatent que toutes les subventions n'apparaissent pas en recettes dans le budget prévisionnel de l'école.
Des recettes incomplètes, et un prévisionnel imaginaire : pour 2023, l'école table, de manière unilatérale, sur un nouveau soutien important du Conseil régional. Or face à un passif de plus de 450 000 euros, la collectivité veut d'abord s'assurer de la solidité financière du demandeur.
Elle a donc lancé un contrôle de son inspection générale : un audit, dont les résultats sont attendus dans les prochaines semaines.
La direction nationale reconnait des dysfonctionnements
Ca n'est pas la version que l'école niçoise donne à ses étudiants, évoquant dans un mail "des subventions non versées" et affirmant même ne pas connaitre "toutes les raisons de cette situation".
De son côté, la direction parisienne se désolidarise déjà de cette gestion locale jugée défaillante. Elle précise que "le campus est géré par un partenaire indépendant" et reconnait "un problème de gouvernance et des dysfonctionnements".
Elle envisage de poursuivre l'enseignement en distanciel pour les étudiants déjà inscrits.