Alors qu'une grève, très suivie selon les syndicats, est annoncée sur le réseau régional ce lundi 8 janvier, le président du conseil régional Renaud Muselier dénonce un mouvement qui va selon lui, "au pire moment possible, compliquer le quotidien des usagers". "On veut transporter les gens dans de bonnes conditions de sécurité et de sûreté" rétorque la CGT Cheminots, qui dénonce la privatisation du rail.
100% des conducteurs en grève dans les Alpes-Maritimes. L'annonce faite par la CGT Cheminots laisse peu de doute quant au niveau de perturbation du trafic ferroviaire en région PACA ces lundi 8 et mardi 9 janvier.
Il faut s'attendre à un trafic au plus bas.
Olivier Gaumet, secrétaire général de la CGT Cheminots des Alpes-Maritimes
Sur son site, la SNCF confirme que le trafic TER sera "très fortement perturbé le lundi 8 et le mardi 9 janvier 2024 sur les lignes entre Nice et Marseille, la Côte d'Azur et la vallée de la Roya".
De nouvelles perturbations qui ne passent pas du côté de la région. Ce dimanche, veille de la grève, le président du conseil régional Renaud Muselier a publié un communiqué cinglant, laissant peu de place la nuance, et cosigné avec son vice-président en charge des transports, Jean-Pierre Serrus.
Nos usagers n'ont pas vocation à être les otages récurrents des syndicats de la SNCF.
Renaud Muselier, président de la région PACA, et Jean-Pierre Serrus, vice-président en charge des transports (Renaissance)
Les deux élus regrettent le choix du 8 janvier, jour de rentrée, pour entamer un mouvement de grève particulièrement suivi.
Sollicité, Olivier Gaumet, secrétaire général de la CGT Cheminots dans les Alpes-Maritimes, a répondu du tac au tac :
Les usagers n'ont pas à payer les choix politiques du conseil régional : le choix d'avoir mis en avant la concurrence et d'avoir privatisé le transport ferroviaire alors que partout ailleurs en Europe ils sont en train de renationaliser tellement ça ne fonctionne pas.
Olivier Gaumet, secrétaire général de la CGT Cheminots dans les Alpes-Maritimes
Car c'est bien le cœur des revendications des grévistes, réunis en intersyndicale (CGT-CFDT-Sud-Rail et FO) : ils protestent contre l'arrivée d'une filiale de la SNCF et de la concurrence privée Transdev en 2025.
Ces choix stratégiques entraînent, selon les syndicats, une productivité à outrance : "moins de cheminots dans les gares, et ceux qui restent, à bord du train notamment, doivent faire le boulot de ceux qui ne sont plus là. Il y a des démissions, des fautes qui entraînent des sanctions" regrette Olivier Gaumet. "La sécurité des trains et la sûreté à bord et dans les gares, c'est une vraie responsabilité, les voyageurs ne doivent pas être mis en danger".
Pourtant, comme le rappellent Renaud Muselier et Jean-Pierre Serrus dans leur communiqué :
Chaque année, plus d'un milliard d'euros est engagé par la Région, pour faire circuler les trains régionaux et les cars ZOU.
Renaud Muselier, président de la région PACA, et Jean-Pierre Serrus, vice-président en charge des transports (Renaissance)
Ils rappellent aussi les engagements de la région : début du chantier de la ligne nouvelle dans quelques mois, bouclier tarifaire, zéro fermeture de gare ni de ligne, contrat de plan historique avec l'Etat d'1,5 milliard d'investissements.
"Renaud Muselier devrait déjà voir les bienfaits de tous ces milliards, peste Olivier Gaumet : qui va les payer ? C'est bien le contribuable. Tous ces millions que nous on demandait en tant que cheminot... on nous répondait : "on n'a pas le budget", et d'un seul coup parce que Transdev arrive, on trouve les milliards ? Vous voyez bien que c'est politique".
Le responsable de la CGT affirme qu'à plusieurs reprises, en amont de la grève, l'intersyndicale a demandé à la SNCF des rendez-vous tripartites avec la région, refusés par cette dernière.
"Oui la grève va casser les pieds des usagers (..) mais on veut transporter les gens dans de bonnes conditions" poursuit-il.
Ce sont avant tout les usagers entravés dans leurs déplacements demain qu'il faudra convaincre.