Ils sortent en librairie, comme chaque année depuis 1956, début janvier. "J'attends un enfant" et "J'élève mon enfant" ont été réactualisés, mais surtout réécrit et reformaté par la petite-fille de la journaliste Laurence Pernoud, Clémence. Ces deux livres ont été traduits en 33 langues, jusqu'en braille.
Ce sont deux pavés de 400 pages chacun qui se repassent de mère en fille ou entre amies depuis que son auteur, Laurence Pernoud, enceinte de son premier enfant (Jérôme, le papa de Clémence), s’est retrouvée dans le vide sidéral de la littérature concernant l’accompagnement de cette période de bouleversements qu’est la grossesse. Encouragée par son époux, lui-même à la tête du magazine Paris Match, elle se lance en 1953 dans la recherche d’informations auprès de spécialistes du milieu médical.
Son guide, "J’attends un enfant", elle le termine trois ans plus tard à la naissance de son second fils. Depuis 69 ans, des générations de parents ont utilisé cette bible devenue un véritable phénomène d’édition. Constamment réactualisé, ce grand classique a été suivi d’un second ouvrage : "J’élève mon enfant", écrit avec le même comité de gynécologues, obstétriciens, sages-femmes et experts de la petite enfance.
La grande nouveauté : la place du papa
Dans plus de 70 pays, ces ouvrages de référence, généralistes, bienveillants et complets, explicatifs au pas à pas, ont été réécrits et repensés par Clémence Pernoud, sur la forme et le fond.
"C’est une refonte totale", explique-t-elle. "C’est une nouvelle ère pour accompagner les parents d’aujourd’hui, comme moi, j'ai eu besoin d’accompagnement. Il y a des sujets à présents incontournables que je voulais absolument approfondir et des sujets qui avaient besoin d’être retravaillés. J’ai repris tout le chapitre sur l’accouchement par exemple, mais le premier sujet qui me vient à l’esprit est le rôle du papa."
C'est une première en effet et cela se voit sans ouvrir le livre. Exit les photos de mères exposant leurs baby bump (ventre d'une femme enceinte) ou cajolant leur bébé. Sur la photo de couverture, un homme. C’est Laurent, le papa de Cléo et Clémence. Le couple et leur petite fille arborent tous les trois un grand sourire dont on devine qu’il s’épanouit au soleil d’un harmonieux foyer.
C’était très important pour moi. Aujourd’hui, on demande aux papas d’être présents et c’est super, donc je m’adresse à eux à toutes les pages. Le papa est auprès de la maman, il la porte. Il a toute sa place dans la grossesse, dans l’allaitement, dans la vie de l’enfant.
Clémence Pernoud, auteurà France 3 Côte d'Azur
Clémence Pernoud poursuit : "quand il y a une césarienne, et c’est un exemple typique, que la maman doit être recousue et ne peut pas être près de son enfant, on fait du peau-à-peau avec le papa…"
Clémence Pernoud a toujours été associée au travail de sa grand-mère. Il était naturel qu’elle reprenne le flambeau en insufflant un grand vent de modernité sur ces fameux ouvrages.
J’étais très proche de ma grand-mère et elle m’a toujours incluse dans son travail.
Clémence Pernoud, auteurà France 3 Côte d'Azur
"Elle me montrait les couvertures, les illustrations et parfois, on choisissait ensemble. Elle était très attachée au courrier des lectrices, à ce lien avec son public, elle me racontait des choses… et je me demande même si elle n’avait pas une petite idée derrière la tête", dit-elle en souriant.
"Quand j’étais adolescente, je disais à papa que j’aimerais bien reprendre les livres, et finalement, c'est ce que j’ai fait, sans l'avoir décidé, parce que cela s'est littéralement fait tout seul avec l'éditeur. Toute la famille est toujours restée très proche."
Le post-partum, première cause de suicide maternel
En les repensant, Clémence Pernoud a étoffé la partie psychologique et neurologique des livres. "Tout l’organisme et la psyché de la maman vont être tournés vers l’enfant et, c’est fascinant, parce qu’il se passe à peu près la même chose chez le papa, au même moment… Il y a de plus en plus d’études qui montrent cela."
Elle a retravaillé tout le chapitre sur l’accouchement avec des illustrations claires et a accordé une attention toute particulière sur le vertige solitaire du post-partum. "Une étude qui date d’il y a quelques mois a montré que le suicide est la première cause de décès maternel, compris entre le début de la grossesse et les 1 an de l’enfant. C'est effrayant. C'est une période de vulnérabilité extrême pour les parents et il y a des moyens de s’y préparer et de l’accompagner en trouvant des relais et des soutiens. J’ai ajouté un questionnaire d’auto-évaluation, le Edinburgh Postpartum Depression Scale, qui est très bien fait et qui permet de se faire aider quand il y a besoin."
Le vent de modernité de ce phénomène de la littérature parentale permettra à des générations de futurs parents d'y trouver une somme d’informations afin que chacun emprunte le chemin qu’il jugera le meilleur dans ce rôle d'une vie entière.