Les assassins présumés du fondateur d'un étrange club de motards niçois devant les assises

Deux garçons et une fille, membres d'un confidentiel club de motards sans motos, aux pratiques humiliantes, comparaissent à partir de lundi devant la cour d'assises des mineurs des Alpes-Maritimes pour l'assassinat de leur chef et la tentative d'assassinat de sa petite amie qui a survécu.

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La mise à mort de Mayeul Gaden dit "Karl", commise le 27 octobre 2011 à Nice, aurait pu rester un macabre secret unissant la bande. Mais quinze mois après les faits, une jeune fille, quittée par l'un des assassins présumés, se rend au commissariat pour tout raconter. Les accusés ont avoué leurs crimes. Le procès sera l'occasion d'une incursion dans l'univers en vase clos de jeunes gens à la dérive. "Des paumés affectifs, sans réflexion, racistes", décrit Me Bernard Ginez, le conseil du père et du grand-père de Mayeul.

Des paumés affectifs, sans réflexion, racistes

Modèle des Hells Angels nord-américains

L'avocat, qui connaissait personnellement Mayeul lorsqu'il était enfant, le décrit comme "fragile, très sensible, souffrant de ne pas avoir d'amis, recherchant la fraternité". "Ses parents, séparés, faisaient partie de clubs de motards. Il a refait ce qu'il avait appris". Sans permis et sans moto. Il attire dans son organisation - baptisée "Fenry" en référence à un conte nordique - une dizaine de jeunes, qu'il soumet à des épreuves pour grimper dans la hiérarchie, sur le modèle des Hells Angels nord-américains. Les membres devaient vendre du cannabis et des T-shirts pour financer le club.  

Le chef menaçait de représailles les déserteurs

Nicolas Pastorino, âgé de 22 ans aujourd'hui, rejoint le club en septembre 2010, puis y fait entrer son ami, Marvin Zmorek, du même âge. Nicolas veut monter en grade, mais ne supporte pas d'être soumis à des épreuves sportives de plus en plus dures par Karl, qui l'humilie, le torture, a-t-il décrit.
Le chef menaçait de représailles les déserteurs. Les deux recrues vont planifier l'élimination de Karl, avec l'appui de la seule mineure au moment des faits, surnommée "Tess" et aujourd'hui âgée de 21 ans.  Ils ont bénéficié du concours plus indirect d'un quatrième comparse, Alexandru Dulce, 23 ans, qui comparaît libre au procès "pour complicité de tentative d'assassinat  sur la petite amie.

"sortes de sectes"

Mayeul Gaden sera lardé de 32 coups couteaux sur une colline de Nice, attiré dans un guet-apens par Nicolas et Marvin. Sa petite amie Manuela (nom fictif) sera emmenée en voiture non loin de la station de ski d'Isola 2000 dans un chalet abandonné. Nicolas, Marvin et Tess ont préparé un trou. La jeune fille reçoit des coups de pelle sur la tête, s'effondre dans le trou et se fait lapider avec des gros rochers.

 

Grièvement blessée, elle réussit à s'extirper et supplie ses bourreaux de la laisser en vie, ce qu'ils accepteront contre son silence. Ils enterrent Karl dans le trou et vont vivre dans l'appartement de Manuela. Son avocat Me Adrien Verrier explique que la survivante a gardé le silence car elle était "sous pression permanente". Elle sera d'ailleurs partie civile d'un autre procès d'assises en 2016, pour les graves sévices qu'elle aurait subis dans l'appartement. "Elle parle des événements, de manière factuelle et indirecte, comme si elle racontait un film. Elle s'est créé une carapace difficile à fendre", décrit son avocat.

"sorte de gourou"

Egalement sur le banc des accusés lundi, les parents de Nicolas Pastorino, qui auraient aidé à maquiller le crime de leur fils en faisant disparaître la voiture ayant transporté le cadavre. Les avocats des Pastorino espèrent que "l'audience aidera à comprendre comment sous la domination d'une sorte de gourou, de très jeunes gens ont pu être formatés au point d'accepter de subir toutes sortes de violences, tant physiques que morales, (...) ne trouvant que le crime pour rompre l'emprise".

Ils soulignent "le caractère extrêmement pernicieux et dangereux de ces sortes de sectes que sont les groupes de +bikers+ où se mélangent, l'identitaire, la drogue, le sexe et la violence, voire la torture, sur fond de lois qui font froid dans le dos".


Reportage de J. Sanna, D. Beaumont, K. Schmid
Intervenants: 

  • Jean-Bernard Gaden, père de Mayeul Gaden - partie civile
  • Me Bernard Ginez, avocat des parents de Mayeul Gaden - Partie civile
  • Me Joseph Cohen-Sabban, avocat de Nicolas Pastorino
  • Me Adrien Verrier, avocat de la partie civile
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