Moussa Coulibaly est jugé devant la cour d'assises spéciale de Paris pour l'attaque au couteau de trois militaires devant un centre communautaire juif à Nice en février 2015. Le verdict est attendu ce jeudi 12 décembre.
Lors du 2ème jour d'audience, le mardi 10 décembre, l'un des 3 soldats attaqué est venu raconter que Moussa Coulibaly avait la volonté de "tuer".
Ce vendredi 3 février 2015 vers 14 heures, un peu moins d'un mois après les attentats jihadistes de Charlie Hebdo, de Montrouge et de l'Hyper Cacher, les trois militaires sont en opération "Sentinelle" dans une artère commerciale très fréquentée de Nice.
Chargés de la surveillance d'un lieu sensible, un centre communautaire juif, ils attendent la relève quand un homme se jette sur un des militaires, un long couteau de cuisine à la main. Ce sergent est blessé à l'avant-bras ainsi qu'à la lèvre. Un deuxième soldat venu à son secours est frappé à la pommette. Un troisième se précipite sur l'assaillant et le fait tomber.
"Je lui ai fait une balayette, il a chuté. Au sol, il se débattait en me donnant des coups, il essayait de prendre mon Famas (un fusil d'assaut, NDLR). Il avait la rage", décrit d'un débit rapide Hervé, le seul des trois militaires à assister au procès devant la cour d'assises spéciale.
"J'ai cru qu'il était fou. Il avait les larmes aux yeux, les yeux tout rouges, mais il ne disait rien", se remémore le brigadier de 24 ans, partie civile comme ses deux collègues.
"Il y avait du sang sur moi, mais je ne savais pas d'où il venait. Quand j'étais sur (l'accusé), je pensais qu'il n'y avait plus que lui et moi", ajoute le militaire pour qui Moussa Coulibaly "voulait tuer". "S'il se débattait comme ça, c'est qu'il avait un sentiment de regret, de ne pas avoir fini son affaire", estime le brigadier.
1er jour de procès : les aveux
Lors du 1er jour d'audience, le lundi 9 décembre, l'accusé de 35 ans a reconnu pour la première fois "l'intégralité des faits" avant de ne répondre que par de courtes phrases ou d'opposer de longs silences aux questions du président de la cour. Le jeune homme encourt la réclusion criminelle à perpétuité.Il avait été arrêté le 3 février 2015 après avoir blessé avec un long couteau deux militaires.
Moussa Coulibaly, originaire de Mantes-la-Jolie (Yvelines) avait toujours nié vouloir se rendre en Syrie et contesté avoir prémédité son geste ou avoir eu l'intention de tuer les militaires.
Il était également "resté muet" en garde à vue, ne sortant de son silence que pour clamer sa haine de la France, a indiqué un policier de la Sous-direction anti-terroriste (Sdat), qui a témoigné anonymement par visio-conférence.
Selon ce témoin, Moussa Coulibaly avait notamment déclaré: "Les policiers, les militaires, les juifs, vous ne serez jamais en sécurité".
La radicalisation
Aîné d'une grande fratrie, travaillant comme intérimaire, Moussa Coulibaly se serait radicalisé en 2011 ou 2012 selon les membres de sa famille.Un second policier de la Sdat entendu par la cour a évoqué une "radicalisation grandissante", mais sans "élément catalyseur particulier".
Peu avant l'attaque, en décembre 2014, il avait été expulsé d'une salle de sport de Mantes-la-Jolie après s'être plaint de voir des hommes dénudés dans le vestiaire, et son prosélytisme avait fait l'objet d'un signalement.
Jusqu'à son passage à l'acte, Moussa Coulibaly (qui n'a pas de lien de parenté avec Amédy Coulibaly, auteur des attentats de Montrouge et de l'Hyper Cacher) était surtout connu pour des faits de droit commun et avait été condamné pour vol, usage de stupéfiants, outrage à personnes dépositaires de l'autorité publique.