Moche ou futuriste, cet immeuble de Nice divise : nous sommes allés y voir de plus près

Sur un compte Twitter collectionnant les laideurs urbaines en France, la photo d'un immeuble de l'écoquartier du Ray à Nice a été publiée et comparée à un recyclage de "palettes". S'il ne plait pas à tous, il gagne à être connu selon ses résidents.

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Le compte La France Moche annonce la couleur sur Twitter : "On en a gros. Envoyez-moi vos horreurs locales en message privé, que tout le monde en profite". Le compte est suivi par 70 400 personnes.

Et dimanche 26 février dernier, une publication met Nice "à l'honneur". 

La publication a déjà été vue plus de 135 000 fois. Il s'agit d'une façade de l'un des immeubles de l'écoquartier du Ray à Nice.

Ce jeudi 2 mars, un post sur Facebook dénonce aussi ce projet :

De nombreux commentaires sont peu élogieux "honteux" "des gens vivent vraiment dans ce truc ?" Ce lotissement, livré en 2021, est à la base un projet très ambitieux : créer un poumon vert en lieu et place de l'ancien stade et de son immense parking.

Nice le Ray est le plus grand projet immobilier à façades végétalisées d'Europe selon le promoteur, Vinci immobilier. Mais la photo postée sur Twitter, au-delà de toutes considérations esthétiques, pose la question de la réussite, ou non, dudit projet.

"On nous a bien expliqué que cela prendra 5 ans"

Des tuteurs en châtaignier quadrillent entièrement les immeubles, des câbles inox courent le long des façades et quelques bacs, comme suspendus dans les airs, ponctuent l’espace. Ce n’est plus une façade, mais une scénographie. 

Le projet a dû faire face aux sceptiques, car les échecs sont légion. L'architecte Edouard François a réussi à combattre les nombreuses résistances. Reconnu pour la qualité de ses projets novateurs, il ne considère pas la végétalisation comme un accessoire ou un faire-valoir architectural, voire commercial. Dans sa vision, l'habitat et le végétal sont intimement liés. Sauf qu'au regard de certaines façades, la nature semble avoir manqué le rendez-vous.

Pourtant, depuis leur installation, les habitants sont ravis. Séduit par le projet écolabellisé, Olivier H. est un heureux propriétaire de la première heure. Le résultat est au-delà de ses espérances.

J'ai l'impression de mieux respirer. À l'intérieur des appartements, on sent la différence. Surtout au niveau de la température. L'été, il fait bon, l'hiver, je ne chauffe quasiment pas.

Olivier H. habitant du lotissement du Nice le Ray

Après ses journées de travail, sur son balcon, Olivier H. a l'impression d'être "un peu en vacances". La nature présente au bas des immeubles l'apaise. 

Et le manque de végétation sur les façades ? "On nous a bien expliqué que dans 5, 6 ans, toutes les façades dont on voit le béton seront entièrement recouvertes." Pour l'instant cela n'a aucun inconvénient. Son épouse s'étonne : "il y a des gens qui trouvent ça moche ? Tant mieux, qu'ils ne viennent pas, nous, on est très bien !"

C'est sûr, les plantes ne poussent pas du jour au lendemain, les gens ne se rendent pas compte.

Un habitant de l'immeuble dit "moche".

Sandrine Maestroni, de l'association de quartier GRAINN, relaye la même satisfaction des habitants de ce lotissement. Le projet est positif et très fédérateur. Après l'adhésion, l'inquiétude. Comme les autres résidents, elle s'inquiète des aléas du climat et des possibles canicules à venir. 

L'été a été chaud, les plantes ont souffert

Sandrine Maestroni, association de quartier GRAINN

Une peau végétale 

Les architectes paysagistes de la Compagnie du Paysage ont proposé une végétation rustique avec différentes plantes méditerranéennes. Au sud, principalement des bougainvilliers, des jasmins et des rosiers. Au nord, on peut trouver des Clématites, des Rhyncosperum et des Akebia. 

Dans les bacs suspendus, des arbustes et des graminées ont été plantés. Au moment de la livraison, il y a deux ans, les façades étaient quasiment nues, laissant apparaître le béton brut. 

Aucune quantité d'eau n'a été rajoutée

Il y a une culture à transmettre, il faut faire comprendre que l'on travaille avec du vivant. L'évolution des plantes dépassent nos prévisions.

Nathalie Melin, architecte paysagiste

L'arrosage s'effectue en circuit fermé. Les eaux de pluie sont récupérées à plusieurs endroits sur les bâtiments, et également les trop-pleins des bacs suspendus (la récupération se fait par les tubes gris -encore apparents- le long des murs). Le tout est stocké en sous-sol dans des cuves de rétention ayant une capacité de 300 m3. Nathalie Melin confirme que pour le moment le système a permis de passer les chaleurs estivales, car il a une autonomie de plusieurs mois. À ce jour, aucune quantité d'eau n'a été rajoutée.

3 000 bébés plantes sous surveillance

C'est simple, les habitants ont interdiction d'intervenir sur les plantations présentes dans les 572 jardinières accrochées aux façades par des systèmes anti-sismiques. C'est la société REV, pionnière dans la mise en place de murs végétaux sur les bâtiments, qui est chargée de veiller sur cette forêt verticale en devenir. Venues d'Italie et de France, 3 000 plantes sont en train de coloniser les murs au rythme de la nature.

C'est-à-dire, lentement. 

On fait tout pour planter la bonne plante au bon endroit, mais on ne sait jamais comment la nature va se comporter

Thierry Delarouère, directeur de l'entreprise REV

Mais deux ans après l'installation, Thierry Delarouère est agréablement surpris, seules 10 plantes sur 3 000 ont dû être renouvelées. Les jardiniers passent deux fois par an pour ajuster les plantations à l'aide d'une nacelle. Aucune intervention ne se fait par l'intérieur des appartements. 

Difficile d'imaginer les bâtiments totalement recouverts dans trois ans. Mais, le projet est surveillé de près. Par ceux qui ont peur que les plantes dépérissent, ceux qui ont cru au projet initial, par le promoteur qui souhaite valoriser ce qui pourrait bien être le futur.

Mais silence, ça pousse.

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