Muté à Lyon après l'affaire Legay, le procureur de Nice règle ses comptes avant son départ

"Je n'ai jamais menti", clâme Jean-Michel Prêtre, le procureur de Nice. Le magistrat, muté d'office pour sa gestion de l'affaire Legay, a dénoncé une atteinte disproportionnée à l'indépendance" du parquet lors de son pot de départ, ce mardi. 

Il a refusé de s'en aller sans un dernier coup d'éclat. Jean-Michel Prêtre, le procureur de la République de Nice, muté d'office pour sa gestion de l'affaire Legay, a livré un discours d'une rare violence contre sa hiérarchie, lors de la réception organisée pour son départ.

Le magistrat voit dans sa mutation une "atteinte injuste et inacceptable" à son honneur. Jean-Michel Prêtre doit prendre ses fonctions d'avocat général à la Cour d'appel de Lyon, le 4 novembre, une forme de rétrogadation pour ce magistrat de 60 ans.

Très controversé depuis les graves blessures subies par Geneviève Legay, 73 ans, lors d’une charge policière pendant une manifestation interdite des "gilets jaunes", le 23 mars, Jean-Michel Prêtre rappelle "qu'aucune faute disciplinaire n'était établie contre [lui]".

Un procureur accusé de couvrir le président

Le magistrat s'était embourbé en l'espace de quelques jours, faisant d'abord porter la responsabilité de la chute de Geneviève Legay à un caméraman de France 3, comme le rappelle notre journaliste Hugues Nicolas :
Jean-Michel Prêtre a profité de cette allocution pour s'en prendre à la presse, alors qu'il est soupçonné d'avoir menti sur les circonstances de la chute de Geneviève Legay : "Je tiens à dire que les nombreux articles publiés à la suite du Monde [...] me prêtent des propos que je n'ai jamais tenus", assure-t-il. Le quotidien du soir avait titré dans son édition du 24 juillet : "Le procureur de Nice a disculpé la police... pour ne pas embarrasser Emmanuel Macron".

Jean-Michel Prêtre avait affirmé, lors de sa conférence de presse du 25 mars 2019, qu'il n'y avait eu "aucun contact" entre Geneviève Legay et les policiers. Cette déclaration faisait suite à une prise de parole d'Emmanuel Macron qui assurait, lui aussi, que la septuagénaire n'avait "pas été en contact avec les forces de l’ordre".

Entendu quelques semaines plus tard dans le cadre d'une audition demandée par le directeur des services judiciaires, Jean-Michel Prêtre aurait expliqué, selon plusieurs médias, avoir dédouané les policiers pour éviter "des divergences trop importantes" entre sa version et celle d’Emmanuel Macron. 

"Je n'ai jamais menti"

"Je n'ai jamais menti sur les faits, je n'ai jamais reconnu avoir menti, [...] je n'ai jamais dit ou déclaré avoir voulu couvrir ou protéger le président de la République ou ne pas avoir voulu mettre le chef de l'Etat dans l'embarras", clâme aujourd'hui Jean-Michel Prêtre.

"J'ai seulement voulu dire que j'ai veillé à indiquer qu'il ne résultait pas, en l'état de l'enquête, d'élément qui contredirait les propos tenus la veille par le Président", assure-t-il.

Le procureur insiste en outre sur un détail, qui fait - là encore - l'objet d'une controverse : "Ce n'est que le jeudi suivant que l'exploitation des images de vidéosurveillance a montré que Mme Legay avait été poussée par un policier, et j'ai aussitôt rendu publique cette information". Cet élément est néanmoins contesté par le journal Mediapart, qui affirme que le procureur Prêtre a assisté en tant réel à la charge policière.

M. Prêtre, en poste pendant quatre ans et demi à Nice, a notamment eu à gérer les conséquences de l'attentat de Nice du 14 juillet 2016. Il a par ailleurs été au centre d'une autre controverse, concernant la gestion de l'hôtel Negresco, qui lui a valu une perquisition par le parquet national financier.

 
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