"Pêcheurs, promeneurs, kayakistes et photographes les dérangent": les Sternes pierregarins sous haute surveillance à l'embouchure du Var

Si vous vous arrêtez sur le pont Napoléon III au-dessus du fleuve Var à l'entrée de Nice, vous pourrez actuellement observer de nombreux couples de Sterne pierregarin et leurs petits. Mais leur présence est souvent menacée.

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On l'appelle aussi la goélette ou l'hirondelle de mer. Son nom véritable est la Sterne pierregarin. Lors de sa migration, entre les zones tropicales de l'hémisphère sud et les zones tempérées de l'hémisphère nord, ce palmipède apprécie particulièrement le littoral français. Comme dans les Alpes-Maritimes, à l'embouchure du Var.

Les oiseaux arrivent vers la fin du mois d'avril et repartent vers la mi-juillet.

L'hirondelle de mer apprécie la petite Camargue

Installés dans le lit du fleuve, principalement sur les îlots proches du pont Napoléon III qui relie Saint-Laurent-du-Var et Nice, les membres d'une colonie de Sternes pierregarins ont été soigneusement comptabilisés par la LPO, la ligue pour la protection des oiseaux.

Aujourd'hui, 267 couples sont présents avec leurs 128 poussins. D'autres sont encore attendus dans les semaines à venir. 

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Des Sternes pierregarins et leurs petits à l'embouchure du Var, Saint-Laurent-du-Var, 18 juin 2024. ©FranceTélévisions

 

Son nom proviendrait du terme "pierregarin" qui fait référence aux sols de pierres qui a les préférences de cet oiseau pour faire son nid. "Garin" comme "se garer" en vieil argot.

Ses mensurations : une trentaine de centimètres de long et une envergure allant de 82 à 95 cm. C'est un poids plume pas plus de 150 g. La Sterne pierregarin est reconnaissable à son plumage blanc et gris, et une calotte entièrement noire jusqu'aux yeux, un bec rouge-orangé à pointe noire. Il peut vivre jusqu'à 25 ans environ.

Sur son site, la LPO explique que le nid est construit à même le sol, "sous la simple forme d’une dépression creusée dans le sable où les trois œufs seront couvés durant environ trois semaines". Une fois éclos, les poussins explorent les abords du nid, attendant les ravitaillements des parents, soit "exclusivement de petits alevin".

C'est en juillet que les jeunes oisillons tenteront leurs premiers vols au vol, puis s'émanciperont avant d'entamer une migration vers les côtes sénégalaises jusqu'en Afrique du Sud.

La Sterne pierregarin bénéficie d'une protection totale sur le territoire français depuis l'arrêté ministériel du 

Mais ici, elle est menacée

Le cours inférieur du Var est la plus grande zone humide des Alpes-Maritimes. Coincée entre un aéroport, une zone commerciale et une autoroute, cet espace naturel offre pourtant des conditions idéales pour la nidification des oiseaux migrateurs. 

À elle seule, elle rassemble une grande variété de milieux naturels : des gravières, des eaux vives, des roseaux et des ripisylves, ces arbres au bord des cours d'eau. Un paradis pour l'avifaune, 260 espèces d'oiseaux y ont été déjà dénombrées.

Hélas, des pêcheurs, des promeneurs avec leurs chiens, des kayakistes, des photographes animaliers sont régulièrement présents sur le site.

Sarah Wolf, LPO Alpes-Maritimes

Hélas, car si le bruit ne semble guère les déranger (avions, voitures, etc.), la présence humaine, en revanche, les met en complète insécurité. 

En 2023, 243 couples séjournés sur la zone, 4 poussins étaient nés. Ils ont été dérangés par des promeneurs, car cette année là, les îlots étaient accessibles depuis la plage. La colonie a quitté les lieux autour du 15 juin en abandonnant leurs petits.

Sarah Wolf, LPO Alpes-Maritimes

En 2016, la LPO avait recensé 55 poussins qui ont pu s'envoler, et seulement 18 poussins en 2022. Une diminution qui semble inexorable. Si la colonie paraît pouvoir s'adapter à un espace restreint, les nids pouvant se situer à moins d'un mètre d'écart, plusieurs facteurs semblent mettre à mal les conditions de reproduction. Les activités humaines, mais également des facteurs naturels.

  • Le régime fluvial. Les eaux montent et descendent brutalement, en raison des pluies tardives par exemple, elles peuvent emporter l'habitat des oiseaux.
  • Les îlots. Ils se déplacent selon l'activité hivernale du fleuve. Si les îlots sont accessibles par la plage, les promeneurs s'y rendent facilement, sans même s'en rendre compte parfois.
  • L'embroussaillement. Au naturel, le fleuve arrache régulièrement les buissons, laissant les îlots nus. S'il reste trop de végétation, les Sternes pierregarins ne peuvent pas s'installer.
  • La prédation. Les faucons pèlerins et les hiboux Grand-duc des alentours profitent du regroupement de la colonie sur une petite superficie.

Informer, sensibiliser et verbaliser

Cette zone a donc été protégée par deux arrêtés préfectoraux, l'accès y est strictement interdit depuis 2018. Mais les infractions, elles, ne diminuent pas, même si l'endroit est beaucoup moins fréquenté que dans les années 2010 lorsque des fêtes improvisées s'y déroulaient.

Depuis quelques années, la police municipale de Saint-Laurent-du-Var, accompagnée des gardes pêches, de la Ligue de protection des oiseaux (LPO) des Alpes-Maritimes, et du SMIAGE (Syndicat Mixte pour les Inondations, l’Aménagement et la Gestion de l’Eau Maralpin) mènent de concert des actions de sensibilisation. Et de verbalisation.

L'amende pour le non-respect de l'accès est d'un montant de 135 €, majorée à 375 € et pouvant atteindre 750 €. Plus sévère l'amende concernant les oiseaux protégés.

Il est interdit : la destruction, la mutilation, la capture ou l’enlèvement, la perturbation intentionnelle, la naturalisation et, qu’ils soient vivants ou morts, le transport, le colportage, la détention, la mise en vente, l’achat, l’enlèvement ou la destruction des œufs, ainsi que la destruction, l’altération ou la dégradation de leurs milieux.

Tout responsable d’un de ces délits s’expose à une amende pouvant aller jusqu’à 150 000 € et d'une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à 3 ans. (Art. L415-3 du Code de l’environnement).

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