La Fédération internationale de l'automobile ne cache pas ses envies de changement. Alternance des courses azuréennes, nouvelle date inscrite au championnat... Et Nice dans tout ça ? L'hypothèse du retour d'un Grand Prix dans la cité des Anges est-elle crédible ?

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Vraie ou fausse bonne idée ? L'idée d'un Grand Prix de Formule 1 à Nice agite associations et spécialistes de sports automobiles depuis quelques jours après que Christian Estrosi, le maire de la ville et président de la Métropole Nice Côte d'Azur, n'a pas fait secret de sa rencontre avec le patron italien de la F1, Stefano Domenicali.

On connait l'appétit des évènements sportifs pour l'ancien champion de moto, désormais à la tête de la cinquième ville la plus peuplée du pays. Tour de France, Paris-Nice, matches du Top 14, marathon, triathlon...

Le sport est clairement devenu un levier de croissance et d'attractivité sous ses mandats.

Dans son édition du 17 juin, l'Equipe - le quotidien sportif - affirmait que la ville menée par Christian Estrosi "travaille à la possibilité d'un GP" dans un article au titre évocateur "Domenicali met une option sur Nice".

Du côté du cabinet du maire, pas de commentaire. Ou presque. Christian Estrosi déclarait il y a quelques jours que "décidément, ces derniers temps Nice est au centre de tous les intérêts comme destination d'organisation des plus prestigieux évènements sportifs".

Projet ou coup de pression

Frédéric Ozon, le président de l'Automobile Club de Nice était encore en ce mois de mai auprès des dirigeants azuréens d'une ces courses : "J'étais au Grand Prix historique de France ce week-end, avec des dirigeants du Grand Prix de France du Castellet et les dirigeants du circuit. Eux n'étaient pas du tout, du tout, au courant de ce projet, et ils s'interrogeaient si c'était vraiment un projet ou un coup de pression, car vous le savez, il y a aujourd'hui beaucoup de discussions des Grand Prix de Formule 1. Les calendriers sont en train d'être décidés en ce moment pour l'année prochaine, avec des contrats qui se font sur plusieurs années, et le Grand Prix de Monaco est en porte à faux."

Le président de l'Automobile Club de Nice confirme par ailleurs avoir présenté à la mairie de Nice, par le passé, un tracé pour une course de Formule E - l'équivalent électrique de la F1. Il explique aussi avoir sollicité la mairie pour savoir si un projet concernant la F1 était dans les tuyaux, ce qu'elle n'a ni confirmé, ni infirmé.

Spa, le Castellet et Monte-Carlo en bout de piste ? 

Les négociations sont ouvertes entre la Fédération internationale de l'automobile FIA et certains circuits européens pour renouveler leur bail au sein du championnat de Formule 1. 

Le circuit de Spa-Francorchamps, situé en Belgique, voit son contrat avec l'organisateur international des courses arriver à son terme cette année.

Idem pour le circuit français du Castellet, dans le Var, qui n'a pas de garantie au-delà du prochain Grand Prix de France qui se court le 24 juillet prochain.

Christian Estrosi s'était d'ailleurs dit "plutôt conquis" par l’idée d’organiser seulement "une édition tous les deux ans"  lors de sa rencontre monégasque avec Domenicali.

Et la principauté de ne pas être épargnée par ces volontés de réforme. Le Grand Prix de Monaco, pourrait survenir une année sur deux. Pis encore, la FIA lorgne également sur cette manne financière qu'est la course monégasque.

Le rocher ne donne "que" 14,2 millions d'euros à la FIA pour figurer dans le calendrier... quand les Saoudiens en déboursent 52 pour faire courir les F1 sur les bords de la mer Rouge, à Djeddah.

Ce sont surtout les à-côtés qui intéressent la FIA. Les biens privés (yachts, appartements) accueillent une foule importante lors de l'évènement sans que cela tombe dans la poche de la fédération.

Certaines places huppées se négocient même à plusieurs dizaines de milliers d'euros pour avoir une vue imprenable sur le circuit monégasque, jugé par ailleurs peu spectaculaire, mais tellement historique.

Une 24e date au calendrier est aussi à l'étude du côté de la FIA.

De nouveaux circuits envisagés... pour toucher une nouvelle clientèle

La catégorie reine des sports auto attire célébrités et clientèle fortunée. Lors du dernier Grand Prix de Miami, nombre de stars internationales ont envahi le paddock pour défiler sur le bitume, à tel point que certains journalistes avaient du mal à mettre la main sur un pilote. Ce relais média sur de nouveau circuit est fortement apprécié par la FIA, et porteur pour l'image de ce sport.

Les pays émergents s'intéressent aussi à cet outil de softpower. Au Maroc, en 1958, les F1 courraient déjà dans le royaume. Les autorités n'ont pas caché leur intérêt pour organiser la seule étape africaine du championnat. Stefano Domenicali a déjà avoué au journal allemand Bild être très sollicité par ce continent. Une délégation de la FIA destinée à évaluer et homologuer un circuit pour les épreuves automobiles, dont la F1, étaient sur place il y a encore quelques jours. 

De plus, la guerre en Ukraine menée par la Russie a coûté au pays mené par Vladimir Poutine son Grand Prix. Le circuit de Sotchi s'est vu retirer sa course, et le championnat de F1 passer de 23 étapes à 22.

Une pétition lancée

Du côté de certaines associations niçoises. C'est une levée de bouclier. Airy Chrétien, l'un des fondateurs du Collectif Citoyen 06 peste contre cette nouvelle idée :

Ils vont montrer surtout le contre-exemple. Le plan climat de la Métropole de Nice est très en retard, une saison de Formule 1, c'est 250.000 tonnes de CO2 au bas mot. Donc un circuit de Formule 1 à Nice, c'est plusieurs milliers de tonnes de CO2. Comment voulez-vous demander ensuite aux gens de faire des efforts sur le plan climatique.

Airy Chrétien, l'un des fondateurs du Collectif Citoyen 06

L'association a lancé une pétition en ligne contre ce projet de course, qui flirte ce vendredi 24 juin avec les 1 500 signataires.

Facile à organiser

Si le projet venait à être validé par tous les acteurs, il faudrait au moins "entre 12 et 18 mois pour organiser un tel évènement" souligne Frédéric Ozon. Il juge les infrastructures faciles à adapter, et Nice offrirait un tracé qui pourrait proposer du spectacle, même si des travaux sur certaines surfaces seraient nécessaires.

Avec les grandes lignes droites de la plaine du Var, et celles de la promenade des Anglais, cela permettrait les dépassements entre les monoplaces. Une chose rare chez le voisin monégasque où la place est comptée. 

Un retour du Grand Prix à Nice permettrait de retrouver une partie du circuit historique. Couru entre 1932 et 1935, et en 1946 et 1947, face à la Méditerranée, l'épreuve niçoise proposait à l'époque  un circuit de 3,213 km.

Certains sites spécialisés ou comptes de passionnés relaient des rumeurs qui se propagent au sein du paddock.

Selon le journaliste spécialisé en Formule 1 Joe Saward, le tracé de la course serait même établi dans le voisinage de l'Allianz Riviera... 

De quoi faire un peu de placement produit selon certains observateurs.

Des retombées financières importantes

Quoi qu'il en coûte, les retombées financières pourraient être très intéressantes pour Nice et son agglomération. Nuitées d'hôtels, services, transports... Des dizaines de milliers de personnes pourraient se rendre sur la Côte d'Azur pour apprécier cette nouvelle course.

Au Castellet, avant le retour du Grand Prix de France il y a quelques années, 70 millions d'euros de retombées étaient vantées par les politiques ayant oeuvré pour voir le retour des monoplaces dans le Var, parmi lesquels Renaud Muselier, le président de la Région, et Christian Estrosi.

Ce sont 80 millions d'euros qui ont été investis entre 2002 et 2018 pour mettre aux normes le circuit varois à l'époque.

Une dépense de cette ordre sera t-elle indispensable en cas de validation d'un Grand Prix niçois par la FIA ? La réponse dans quelques mois.

C'est bien connu, quand on aime, on ne compte pas.  

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