Condamné à neuf ans de prison pour le viol de son petit-fils qui est, depuis, revenu sur ses accusations. Christian Iacono, 78 ans, a obtenu jeudi la saisine de la Cour de révision. Il reviendra à celle-ci de dire si elle annule ou non cette condamnation et ordonne un nouveau procès.
L'ex-élu des Alpes-Maritimes avait été condamné en première instance en 2009, puis en appel en février 2011.
Les défenseurs de M. Iacono ont affiché leur "satisfaction" jeudi, affirmant avoir "toujours cru en (son) innocence". "La première étape vers la révision a été franchie", s'est félicité Me Gérard Baudoux, l'un des avocats de l'ancien élu.
La commission qui a statué "pointe", outre les rétractations du petit-fils, Gabriel Iacono, "trois autres éléments nouveaux", a noté Me Baudoux, après avoir pris connaissance des détails de la décision. Elle constate qu'il "avait en réalité déjà envisagé de rétracter ses accusations avant le procès qui s'est tenu devant la cour d'assises d'appel des Bouches-du-Rhône", a-t-il poursuivi.Pour son client, qui ne peut pas s'exprimer dans la presse, "c'est un soulagement", a précisé l'avocat. "Il commence à apercevoir la révision du procès et, au-delà, son acquittement et au-delà de son acquittement, la déclaration de son innocence", a indiqué l'avocat.
"Elle constate également que Gabriel Iacono avait, avant, porté des accusations à l'encontre d'une autre personne (...) de même nature", a-t-il précisé.
Gabriel Iacono, apprenant la nouvelle, s'est également déclaré "ultra-satisfait". "C'est parfait, la justice a enfin compris la vérité, ça fait du bien. Je suis à deux doigts de pleurer", a-t-il déclaré à l'AFP.
L'affaire avait connu un spectaculaire rebondissement en mai 2011: Gabriel Iacono était alors revenu sur ses accusations, maintenues pendant onze ans et portant sur des faits qui se seraient déroulés entre 1996 et 1998 dans la villa de Christian Iacono à Vence, alors que l'enfant avait entre 5 et 8 ans.
Rétractations
C'est sur cette base que la défense de l'ancien maire de Vence avait saisi la Commission de révision des condamnations pénales. "Il nous semble que les rétractations de Gabriel, indubitablement, constituent un élément nouveau de nature à engendrer le doute sur la culpabilité de Christian Iacono", avait déclaré Me Baudoux, à l'issue de l'audience à huis clos le 27 mai.Le 23 janvier 2012, la Commission de révision avait rejeté la demande de suspension de peine de Christian Iacono et ordonné un supplément d'information. Celui-ci a apporté de nouveaux éléments et confirmé les rétractations de son petit-fils, assurant qu'elles étaient "exemptes de toute manipulation" et n'étaient pas liées à un quelconque intéressement financier, selon l'avocat.
Les investigations avaient également éclairé la commission sur les raisons qui avaient pu conduire Gabriel à accuser son grand-père dans un contexte familial conflictuel. Il avait dit avoir porté ces accusations par volonté de "rapprocher (ses) parents après leur divorce et d'être au (coeur) des attentions de tout le monde". "Personne ne m'a poussé à l'incriminer. Pour autant je n'ai pas menti. J'y croyais vraiment. Et puis j'ai pris du recul et de la maturité", avait-il expliqué après son revirement.
"J'ai peut-être effectué une transposition, désigné mon grand-père à la place de quelqu'un d'autre", avait-il avancé, avant d'estimer n'avoir jamais été violé. Après avoir purgé au total 16 mois en quatre séjours sous les verrous, Christian Iacono a été remis en liberté le 5 avril 2012.
Depuis 1945, seuls huit condamnés pour des crimes ont été acquittés au terme d'une procédure de révision, dont une seule fois dans une affaire sexuelle. Loïc Sécher, condamné en 2003 à 16 ans de réclusion pour le viol d'une adolescente qui, après l'avoir accusé, a finalement avoué avoir menti, a été acquitté le 24 juin 2011.
Le reportage de JB Vitiello, B. Loth, M. Lamant et B. Prou:
Intervenants:
- Me Gérard Baudoux Avocat de Christian Iacono
- Me Dominique Romeo Avocat de Christian Iacono