A l'occasion de la Freediving World CUP en Egypte, l'apnéiste Adelatif Alouach a établit un nouveau record de France le mercredi 12 mai. L'occasion de revenir avec l'athlète sur sa performance.
A 111 mètres sous la surface de l’eau. C’est à cette profondeur que l’apnéiste martégal, Abdelatif Alouach a établi le nouveau record de France en plongée bipalme avec poids constant. Un exploit réalisé bien loin de l’hexagone, en Egypte à la Freediving World CUP qui se déroulait du 11 au 15 mai.
"Au delà de 100 mètres chaque mètre est très cher"
Une performance hors du commun, Abdelatif Alouach le reconnaît volontiers. "Au-delà de 110 mètres, on est une poignée à s’y aventurer. Dans le monde, on est très peu à arriver à cette profondeur." Comme un autre univers, auquel on accède à la seule force de ses bras et de ses jambes... en retenant son souffle. Mais le sportif, qui fait "des apnées en moyenne de 4 minutes", est un habitué de l'exercice.
Et pour descendre plus loin que les autres, la compétition est rude. "C’est ça qui est spectaculaire dans l’apnée. Arrivé à ce niveau là, on progresse mètre par mètre. On ne peut avancer que de ce qu’on est capable d’avancer. La progression est très lente passé 100 mètres. Au-delà, chaque mètre est très cher."
Car pour chaque mètre supplémentaire, on augmente le temps passé sous l'eau. Et le calcul est millimétré : "Le mètre qu'on va rajouter, c’est 2 secondes à la descente et 2 secondes à la montée."
Un entraînement minutieux
La tête sur les épaules, l'apnéiste ne laisse rien au hasard. "C'est l’entrainement régulier et la répétition de telles performances qui me permet de réaliser des record comme cela." Et pour cause, pour une performance comme celle là, c'est un an et demi de préparation.
"Pour arriver à une telle profondeur c’est un ensemble." Le professionnel de l'apnée explique avoir suivi "une grosse préparation physique" et de nombreux "exercices de respiration" pour augmenter sa capacité à retenir son souffle très longtemps.
"A 111m de profondeur on se dit pas beaucoup de choses, on se dit surtout qu’il faut vite remonter."
Il voulait battre le record du monde
Le 15 mai, dernier jour de la compétition, il fait une ultime tentative à 115 mètres, voulant battre le record du monde établit à 113 mètres. Ce jour là, les conditions météorologiques sont difficiles. "On avait beaucoup de courant, je pensais avoir assez de temps, mais j’ai dépassé mon temps de plongée de 20 secondes et à la remontée il fallait lutter contre ce courant."
Des conditions défavorables qui augmentent la consommation d’oxygène. A la remontée, le plongeur passe l'habituel test où, arrivé à la surface, il doit prononcer les mots "I am ok" pour vérifier son état et que la performance soit validée. Mais cette fois pour Abdelatif, c'est trop dur, le record du monde ne sera pas battu.
"J’ai le soutien de toute ma famille qui fait bloc derrière moi"
"Quand on a réalisé une grosse performance et qu’on rentre de compétition, toute cette ambiance s’évapore une fois arrivé à la maison." L'athlète avoue que c'est chaque fois un soulagement de rentrer chez lui et retrouver sa famille.
Et c'est peut-être là, le petit secret derrière la réussite d'Abdelatif Alouach."Je suis souvent absent de la maison et avoir du soutien c’est très important." Mari, mais aussi père de 3 enfants, qui lui vouent une grande admiration. "Ils sont très fiers de leur papa" s'amuse-t-il.
Une fascination pour les profondeurs que le sportif partage même à ses proches."J'initie mon fils de 14 ans à l'apnée. La dernière fois il est arrivé à 30 mètres."