Avez-vous planté votre blé pour la Sainte-Barbe ? On vous dit tout sur cette tradition provençale et azuréenne

En Provence et dans l'ex-Comté de Nice, la tradition veut que des grains de blé soient plantés le 4 décembre, jour de la Sainte-Barbe. Si les germes poussent, cela signifie que l'année débute sous les meilleurs auspices. En PACA, cette coutume très ancienne est toujours suivie. 

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Célébrée tous les 4 décembre, l'histoire de la Sainte-Barbe est loin d'être barbante ! En Provence et sur la Côte d'Azur, elle a même une signification très particulière car elle marque le début de la période calendale. 

La tradition veut que des grains de blé soient plantés dans du coton ce jour-là, puis placés dans trois coupelles ou assiettes creuses. Le chiffre trois n'est d'ailleurs pas anodin : pour les Chrétiens, il fait référence à la Trinité. Les coupelles de grains germés prendront ensuite place sur la table de Noël lors du Gros Souper provençal, puis resteront près de la crèche jusqu'à l'Épiphanie. À noter qu'il est possible de remplacer le blé par des lentilles ou des pois chiches. 

Une tradition qui remonte à l'Antiquité

"Pendant l'Antiquité, on était très superstitieux et on redoutait que la terre nourricière ne soit pas fertile. Ainsi pour les Romains, lorsque des germes de blé poussaient dès la mi-décembre, c'était un bon présage pour les cultures à venir", explique Anne-Lise Chevalier, membre de l'association de sauvegarde des langues Félibrige et professeure de provençal.

Depuis, la coutume s'est transmise de génération en génération dans le sud de la France, et pas toujours pour des raisons agricoles.

Chez nous, on dit : "Quand lou blad vèn bèn, tout vèn bèn" (Quand le blé va bien, tout va bien) ! Et on peut l'appliquer pour tout : la santé, la famille, le travail... Si le blé pousse bien, on sait que l'année sera prospère.

Anne-Lise Chevalier, professeure de provençal et membre de l'association Félibrige.

Où trouver les grains et comment entretenir les jeunes pousses ?

Dans les Bouches-du-Rhône, l'association "Blé de l'Espérance - Maguy Roubaud" vend depuis 1988 des sachets de grains de blé pour perpétuer cette tradition... mais aussi pour la bonne cause. Une partie des bénéfices est reversée aux hôpitaux pour aider les enfants et les adolescents malades à mieux vivre leur séjour. 

Cette année, au moins 50 % de la récolte seront dédiés à l'association "Le Petit Monde de Mathilde" : cette petite fille de 8 ans, originaire de Lançon-Provence, est atteinte de neurofibromatose et du syndrome de West. Les sachets de grains sont disponibles dans des commerces de proximité partenaires (boulangeries, pharmacies, bureaux de tabac et de presse etc.)Autrement, il reste toujours possible de se fournir dans les jardineries, les pépinières ou encore au supermarché. 

De son côté, Anne-Lise Chevalier cultive chaque année des lentilles. "Pour se développer, elles ont besoin de chaleur et de soleil : vous pouvez donc les laisser à la fenêtre quand il fait beau. Il est également important de les humidifier un peu chaque jour." 

Pour éviter que le grain ne s'affaisse une fois germé, la professeure de provençal a une astuce. "J'accroche un petit ruban à mi-hauteur pour maintenir les pousses." Mais que faire de ces plantations une fois la période des fêtes passée ?

Il y a plusieurs possibilités avec les germes de blé : après Noël, on peut les enfermer dans des petits sachets et les placer dans les armoires. Certains les jettent dans la cheminée pour éloigner les mauvais présages. Il y avait aussi une tradition qui consistait à planter les germes aux quatre coins d'un champ pour protéger la récolte.

Anne-Lise Chevalier, professeure de provençal et membre de l'association Félibrige.

Une coutume encore suivie aujourd'hui

En tant que membre d'une association de défense de la langue provençale, Anne-Lise Chevalier a à coeur de préserver le patrimoine culturel de sa région. "En cours de provençal, on essaie au maximum de respecter les traditions avec mes élèves, comme la messe de minuit, les treize desserts etc."

Dans les Alpes-Maritimes, l'Office de Tourisme de La Colle-sur-Loup tient également à rappeler chaque année cette coutume antique sur ses réseaux sociaux. "Il y a deux ans, nous avons publié un post Facebook sur l'histoire de la Sainte-Barbe et nous avons été étonnés de voir l'engouement qu'il a suscité", confie Vincent Pomparat, son directeur. 

C'est une tradition ancrée et certains la redécouvre, nous recevons d'ailleurs beaucoup de messages à ce sujet. Beaucoup nous disent que ça leur rappelle leur enfance et qu'ils peuvent facilement faire cette activité avec leurs enfants ou petits-enfants.

Vincent Pomparat, directeur de l'Office de Tourisme de La Colle-sur-Loup

Qui est Sainte-Barbe ?

Le mythe de Sainte-Barbe remonte au IIIe siècle. La légende raconte que cette jeune femme, originaire d'Orient, a refusé de se marier pour se consacrer au Christ. Furieux de ce choix, son père la mena devant un juge. Refusant de renoncer à sa foi, elle fut condamnée au supplice avant d'être finalement décapitée par son propre père. L'histoire dit que ce dernier aurait été aussitôt frappé par la foudre. 

Le patronyme de "Barbe" viendrait du nom que les catholiques lui auraient donné à l'époque, "la jeune femme barbare".

Considérée comme "la Sainte du feu", la Sainte-Barbe est devenue la patronne des pompiers, des cannoniers et des mineurs. Encore aujourd'hui, des célébrations sont organisées le 4 décembre en son honneur. 
 
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