Il a séduit et impressionné tout le monde, les supporteurs, les observateurs, les journalistes, mais Hatem Ben Arfa, tout disponible et pétri de talent soit-il, n'en demeure pas moins réserviste de l'équipe de France et seule une blessure d'un des 23 lui permettra de disputer l'Euro-2016.
A Biarritz, Didier Deschamps jouait à la maison en cette première semaine de préparation avec ses 17 Bleus. Le natif de Bayonne a incontestablement été la star du premier jour d'entraînement mercredi, s'offrant notamment un bain de foule après une conférence de presse, avant que le public basque ne scande son nom plus fort que les autres dans les tribunes du stade Aguilera.Mais guère loin à l'applaudimètre figurait Ben Arfa. La ferveur autour de l'attaquant, ressuscité cette saison avec Nice, n'a cessé de grandir au fil des apparitions publiques, du moment partagé mercredi matin avec des enfants de 10 et 11 ans, licenciés du district Pyrénées-Atlantiques, jusqu'à samedi et cette dernière séance sous forme d'opposition devant plus de 10.000 spectateurs.
Quatre jours durant, le public n'a pas ménagé sa peine pour encourager André-Pierre Gignac, Dimitri Payet, Olivier Giroud et les autres, mais aucun n'a eu autant les faveurs que Ben Arfa. Il faut dire que le gaucher de 29 ans a régalé avec ses gestes techniques, ses buts après frappes limpides ou lobs. Au pays de la chistera, ses talonnades ont suscité une adhésion totale.
"Ben Arfa à l'Euro !"
Si Ben Arfa a offert du rêve, il ne l'a pas fait de façon ostentatoire pour éclipser ses partenaires ou instiller le doute dans la tête de Deschamps, ce qui serait peine perdue. La retenue a aussi été dans sa panoplie basque, preuve que oui, finalement, comme il l'assure, Ben Arfa a certainement "mûri".
Ce qui n'a pas empêché la vox populi d'exprimer son admiration face à l'artiste du ballon rond. "Avec lui on sent qu'il peut se passer quelque chose d'incroyable à tout moment. C'est dommage qu'il ne soit que réserviste", relevait Pierre, venu assister à un entraînement jeudi.
Lucas, petite tête blonde de 10 ans, arborait quant à lui fièrement son maillot signé par son idole qui venait de lui prodiguer ses conseils mercredi matin et formulait un voeu: "Ben Arfa c'est celui que je préfère et j'espère bien qu'il finira dans les 23". Un souhait partagé en choeur par les spectateurs, qui appelaient à des "Ben Arfa à l'Euro ! Ben Arfa à l'Euro !", samedi matin au cours du match contre les moins de 19 ans de l'Aviron Bayonnais
Depuis l'annonce faite le 12 mai par Deschamps, le statut de HBA, convoité par le Barça, le Paris SG ou encore Lyon, est certainement la décision la plus discutée par les suiveurs des Bleus. Et son implication réelle au cours du stage biarrot a continué de le placer sous un halo de lumière.
Comme en 2008 et 2010 ?
Tant et si bien qu'à chaque conférence de presse, exercice auquel il ne s'est pas encore prêté, ses quelques coéquipiers sollicités ont été invités à s'exprimer sur lui.
"On ne le présente plus. C'est un talent, il ne force pas les choses. Il voit plus vite que les autres. Quand il est comme ça, c'est un régal", s'est ainsi épanché Eliaquim Mangala, avant logiquement d'éluder la question du statut de réserviste de Ben Arfa: "Il y a des choix qui se font, il faut les respecter, ça n'enlève rien à son talent".
Même son de cloche provenant d'André-Pierre Gignac: "il est assez fantastique. Mais il n'y a que 23 places, et ce n'est pas moi qui décide".
En effet, le seul qui décide est Didier Deschamps et il a fait son choix.
Pour HBA, d'ici le 31 mai à minuit, la date limite pour que DD donne à l'UEFA sa liste définitive des joueurs qui défendront les couleurs de la France à l'Euro, seule une déconvenue d'un des heureux élus qui le devancent lui permettra d'être finalement de l'aventure.
Sinon, il restera à quai comme avant l'Euro-2008 et le Mondial-2010. Cette fois avec probablement plus de regrets qu'auparavant.