Gauthier Herrmann est musicien, violoncelliste plus précisément. Comme la plupart des artistes, il ne peut plus travailler depuis un an. Alors il a décidé de courir. 900 kilomètres en 13 jours, entre Paris et Aix-en-Provence. La course s'est achevée ce vendredi soir.
Le rapport entre la musique et la course ? C’est la révolte. Mais une révolte positive. "Ce défi, c’est ma grève de la faim", décrit Gauthier Herrmann, "je reprends le contrôle de mon avenir, je retrouve la liberté de me déplacer, je choisis d’aller de l’avant."
Egalement producteur de concerts, il en a annulé 60 en un an sur les 80 programmés. L’amertume aurait pu prendre le pas sur la musique. C'est justement ce que ce musicien veut éviter. "Je ne veux pas parler d'arrêt mais de reprise de la vie culturelle, elle sera compliquée pour nous, il faut mobiliser le public pour les festivals d'été," exprime Gauthier Herrmann.
Parti de Paris, le 18 avril dernier, avec 4 autres musiciens, le violoncelliste a laissé son instrument à la maison. Mathilde, sa femme, et Sarah Ghazi, responsable des réseaux sociaux de l'événement, transportent vêtements et ravitaillement dans leur voiture.
Sur la route, d'autres musiciens rejoignent le petit groupe et jouent. Des moments improvisés, parfois chez les habitants. "Le lien social, c'est ce qui me manquait. Moi je vis à Paris, mes parents sont à Aix-en-Provence, j'ai décidé de rencontrer plein de gens sur la route." Dans sa vie "normale", ce musicien voyage beaucoup, "l'itinérance" lui manque.
Depuis le début, il évite les grandes villes. Courir entre 50 et 80 kilomètres chaque jour sur l’asphalte n’est pas envisageable. Alors il privilégie les petits chemins de traverse et court dans les bois. Ses genoux sont fatigués, "il était temps que ça s'arrête", confie-t-il.
La course s'est achevée ce vendredi soir à Aix-en-Provence. "On est 100% satisfaits du résultat" se félicite Gauthier Herrmann. L'équipe avait peur que l'exploit sportif prenne le pas sur le message culturel. Mais ça n'a pas été le cas. Le violoncelliste a pris le pari de "finir cette course folle sur mes deux jambes et en souriant". Le corps a souffert, le sourire s'est épanoui.