Le parquet d'Aix-en-Provence va ouvrir une enquête après une plainte de la Ligue des droits de l'Homme. Cette dernière accuse une professeure de droit de l'université d'Aix-Marseille d'avoir tenu des propos "antisémites et islamophobes".
Une enquête va être ouverte après une plainte de la Ligue des droits de l'Homme qui dénonce des propos "antisémites et islamophobes" d'une professeure de droit de l'université d'Aix-Marseille, a appris l'AFP jeudi 10 décembre auprès du parquet d'Aix-en-Provence. L'enquête sera ouverte pour "injures publiques en raison d'appartenance à des religions", a précisé le parquet.
Le 8 décembre, Médiapart a révélé un bref extrait du cours enregistré sur Zoom le 27 octobre. La professeure de droit affirme devant ses étudiants que "si on naît d'un père musulman, on est musulman à vie. Une sorte de religion sexuellement transmissible, je n'ai jamais compris. On dirait du judaïsme, c'est pareil, c'est par la mère. Une sorte de MST, de RST, de religion sexuellement transmissible".
"On a été informés par des étudiants"
La Ligue des Droits de l'Homme a porté plainte. "On a été informés par des étudiants. Sur l'enregistrement, on a été assez ahuris par ses propos qui sont une injure en raison de la religion", a déclaré à l'AFP Michel Tubiana, président d'honneur de la LDH.
De son côté, le président d'Aix-Marseille Université, Eric Berton a expliqué à l'AFP qu'il n'a "communiqué à l'extérieur étant donné le contexte sécuritaire", après l'assassinat de Samuel Paty.
Si les propos sont avérés, ils seront fermement condamnés.
Interrogée par Mediapart, l'enseignante a argumenté que ses propos se référaient à une religion et pas à ses croyants, une question qui sera au coeur de l'enquête pour déterminer si ces propos relèvent de l'injure ou du blasphème.
Des propos tenus 10 jours après l'assassinat de Samuel Paty
La CGT FERC Sup de l'université estiment que "ces propos s'apparentent à du racisme pur et simple et n'ont rien à voir avec une liberté d'opinion ou pédagogique. Ils sont proprement injurieux et dans le contexte actuel, ils ne font que jeter de l'huile sur le feu".
"L'expression "RST" qui crée la polémique, je l'ai employée vraiment sous le coup de la colère. Parce que ce cours est un cours qui date du 27 octobre, soit à peine dix jours après l'assassinat de Samuel Paty. Je ne sais pas si vous avez conscience de la déflagration que cet assassinat extrêmement violent a entraînée parmi le corps enseignant", s'est-elle encore défendue.
"Il n'y a pas de religion transmissible par le sang, c'est une question de volonté libre et quelle que soit la religion", a-t-elle souligné, expliquant avoir voulu questionner la notion de liberté de conscience auprès de ses élèves.