Le syndicat Ufap Unsa Justice appelait au blocage de la maison centrale d’Arles jeudi pour protester contre les sanctions disciplinaires annoncées à l'encontre d' un surveillant de l’établissement après la remise d’un rapport sur l’assassinat d’Yvan Colonna.
Cinq mois après l'agression mortelle d'Yvan Colonna à la prison d'Arles, une centaine de surveillants pénitentiaires, chasubles rouge sur les épaules ou en uniformes, s'est rassemblée ce jeudi, dès 6h30, devant la maison centrale d’Arles. Des dizaines de banderoles des syndicats pénitentiaires Ufap Unsa Justice, CGT et FO qui ont appelé à bloquer l'établissement, étaient accrochées à l'entrée.
Ils protestaient contre les sanctions disciplinaires annoncées à l'encontre d'un surveillant de la maison centrale, après la remise d'un rapport de l'Inspection générale de la Justice sur l'assassinat du détenu corse Yvan Colonna. " On est là pour montrer qu'on conteste les sanctions disciplinaires à l’encontre de notre collègue, on est là pour le soutenir " expliquait Eddino Wojak, secrétaire local FO de la maison de justice d’Arles, devant un feu de palettes et de pneus.
La Première ministre, Elisabeth Borne avait annoncé jeudi dernier "le déclenchement de procédures disciplinaires" à l'encontre de l'ex-directrice de la prison et d'un surveillant.
"Ce surveillant est un bouc émissaire. Il est accusé de tout alors qu'il n'a fait que son travail au mieux de ses capacités et en respectant les consignes qui lui ont été données" a dénoncé auprès de l'AFP Thomas Forner, délégué Ufap d'Arles. Il ajoute : "Pour nous, les fautes qui ont été commises viennent de l'administration pénitentiaire dans sa globalité, du ministère de la Justice".
Un "net défaut de vigilance" du surveillant
Le 2 mars, Yvan Colonna avait été violemment agressé dans la salle de sports de la maison centrale par Franck Elong Abé, un homme de 36 ans qui purgeait plusieurs peines dont une de neuf ans pour "association de malfaiteurs terroriste". Il est décédé des suites de ses blessures après trois semaines de coma.
Le surveillant chargé de l'aile où se trouvait l'indépendantiste corse, qui purgeait une peine de réclusion à perpétuité pour l'assassinat du préfet Claude Erignac, a fait preuve d'un "net défaut de vigilance" en restant "sans aucun motif éloigné" du lieu des faits, qui ont duré neuf minutes, a notamment conclut le rapport de l'Inspection générale de la justice (IGJ).
A la prison d'Arles, "il y a un rez-de-chaussée avec deux ailes, il ne pouvait pas être au four et au moulin. Il était sur son secteur, pas parti se promener. La note de service l'oblige à faire des rondes régulières mais ne spécifie pas le temps durant lequel il doit s'absenter ou non", avait argué mardi Thomas Forner en annonçant l'action de blocage.
La radicalisation de l’auteur mal évaluée
Le rapport pointe également les failles concernant l’identification de la radicalisation de l’agresseur, Franck Elong Abé. La responsabilité de l’ancienne directrice, Corinne Puglierini est mise en cause.
Il lui est notamment reproché d’avoir laissé le détenu en "détention provisoire" alors qu’il aurait fallu le déplacer en quartier d’évaluation de la radicalisation (QER). Franck Elong Abé avait été incarcéré pour "association de malfaiteurs terroristes".
De son côté, la sœur d'Yvan Colonna s'est exprimée à travers un tweet : "Un rapport qui tarde à sortir, des questions toujours sans réponse (...) et puis inévitablement le fusible".