Les deux candidats en lice au second tour aux élections municipales à Arles ont eu de vifs échanges lors du débat organisé sur France 3 Provence-Alpes. Ils se sont notamment fortement opposés sur la question de la sécurité.
Dans un face à face très tendu sur le plateau de France 3, Patrick de Carolis et Nicolas Koukas ont tenté de convaincre les Arlésiens qu’ils incarnent le changement.
Premier à engager le fer, l'ancien patron de France Télévisions Patrick de Carolis pointe d’emblée "19 ans de laisser-aller dans cette ville".
Le candidat centriste attaque sans relâche les "mensonges", les "dénis" et "la faillite de l’équipe sortante" notamment sur la brûlante question de la sécurité.
"Monsieur Koukas a dit récemment au conseil municipal que les chiffres de la délinquance était excellents en 2019", indique l’ancien journaliste qui lui oppose "une augmentation des coups et blessures volontaires de 20 %, des vols et cambriolages de 9 %, des trafics liés aux stupéfiants de 35 %... Ouvrez les yeux sur la ville !", lance-t-il.
Nicolas Koukas riposte "qu’on ne sauvera pas Arles avec de belles paroles et un discours flamboyant à la Patrick de Carolis".
"Il faut être précis, projet contre projet, c’est l’objectif d’un débat", rappelle-t-il, déclarant assumer "totalement" la création de la police municipale en 2011, l’investissement de deux millions d’euros sur plus de 164 caméras.
Le sujet de vidéo-surveillance est l’objet d’une nouvelle passe d’armes cacophonique entre les deux candidats, chacun poussant ses arguments sans chercher à débattre, et au bout du compte, sans pouvoir faire entendre sa démonstration.
Quand Nicolas Koukas demande des "effectifs de la police nationale pour lutter contre la grande délinquance", Patrick de Carolis lui renvoie "c’est le résultat de 19 ans de votre politique".
"C’était dans votre projet il y a six ans et ce n'est toujours pas réalisé", lance le candidat centriste. "Je n’étais pas maire, ça ne vous a pas échappé", rétorque le candidat communiste.
Le duel des urnes s’annonce serré à Arles. Avant l’ultime combat, les deux adversaires continue de fourbir leurs armes.
Arles, les forces en présence
Ancrée à gauche depuis des décennies, Arles est l'une des rares grandes villes encore dirigées par le PCF. C'est l'un des points chauds du second tour de ces élections municipales en Paca.
De retour dans sa ville natale, l’ancien président de France Télévisions, Patrick de Carolis, qui s'est présenté sans étiquette au premier tour a pris une avance de 890 voix (26,41 %) sur son rival communiste, Nicolas Koukas (21,16%).
A la veille de la clôture des listes du second tour, le candidat LR arrivé 3e, Cyril Juglaret (15,32%) s'est retiré à son profit selon le souhait du président de Région Renaud Muselier pour faire barrage à la gauche.
Patrick de Carolis veut incarner le changement. "C'est vraiment un choix crucial pour l'avenir de notre ville, soit on continue avec le même, parce que Nicolas Koukas est là depuis 19 ans, il est co-signataire des 19 années que nous avons passées, ici à Arles, soit on change de cap".
"Notre modèle économique est uniquement fondé sur quatre mois de l'année. Nous avons aujourd'hui la responsabilité de faire en sorte que cette ville puisse vivre 365 jours par an. Nous devons continuer à développer et soutenir notre activité culturelle mais aussi développer notre économie fluviale, agricole".
Le candidat dit vouloir également "remettre cette maison en ordre" et fait de la sécurité une question centrale.
Je prends l'engagement dès le 1er Conseil Municipal de remettre la délibération pour l'installation des caméras de vidéoprotection. Ce dispositif viendra notamment compléter ma promesse de renforcer les effectifs de la police municipale ainsi que l'ouverture d'un CSU 24h/24h.
— Patrick De Carolis (@CarolisPatrick) June 6, 2020
"On voit bien que les problèmes que nous rencontrons aujourd'hui dans certains quartiers sont le résultat d'une inaction", détaille Patrick de Carolis.
"Pour moi la sécurité n'est pas un objectif en soi, c'est un outil, pour faire en sorte que les gens vivent correctement et sereinement".
Arythmétiquement, Nicolas Koukas, membre de la majorité sortante depuis 2001 et conseiller départemental, ne part pas favori de ce duel malgré le retrait du candidat DVG David Grzyb (10,30 %) et l'alliance conclue avec la liste écologie et citoyenne de Cyril Girard (8,31%).
? Je suis très heureux de vous annoncer, dans le cadre du 2nd tour des élections municipales du 28 Juin prochain, une alliance inédite avec le collectif « Changeons d’Avenir » autour d’un projet progressiste, humaniste et écologique pour les Arlésiens et pour Arles. pic.twitter.com/PefImWf1UY
— Nicolas KOUKAS (@nicolaskoukas) June 2, 2020
"La meilleure configuration possible pour les Arlésiens, c'est ce duel entre Patrick De Carolis qui incarne la droite dure, qui s'est allié sur sa liste à des personnes qui ont été au Front national, notamment l'ancien responsable d'Arles", souligne Nicolas Koukas.
L'élu se présente comme le candidat de la proximité et de l'expérience. Pour lui, Patrick de Carolis "n'a pas les compétences pour gérer cette ville qu'il ne connaît pas. Etre maire d'Arles, ça demande de l'expérience et de la connaissance d'un territoire".
Le candidat communiste explique que "la fusion avec la liste écologiste s'est faite naturellement" sur la base de discussions entamées avant le premier tour.
"J'avais dès le début dit que les grands axes de mon programme tournaient autour de l'écologie, et de la démocratie locale (...) la tête de liste sera n°3 et ils auront en charge des délégations assez importantes au lendemain du 28 juin".
"Je veux m'engager sur un plan "résilience" sur les 100 premiers jours après mon élection", indique Nicolas Koukas.
Le candidat affirme vouloir mettre rapidement en place des mesures économiques "pour aider les artisans et les commerçants" ou encore résoudre des questions de stationnement.
Dix listes se présentaient à la succession d'Hervé Schiavetti et le report de ces voix éparpillées déterminera l'issue du scrutin arlésien.
Le RN accuse un net recul sur la ville avec 8,50 % des voix alors qu'aux Européennes de juin 2019, il avait devancé largement les autres partis avec 32,41 %. Quant à la députée LREM Monica Michel, elle n'a totalisé que 4,92%.
Les indécis iront-ils grossir les rangs des électeurs qui ne se sont pas déplacés au premier tour (53,42%) ?
Rien de moins sûr, alors que l'épidémie reste présente dans le secteur avec un nouveau foyer découvert parmi des travailleurs agricoles de Noves et Maillane.
Retrouvez le détail des résultats à Arles pour ce second tour des municipales.