Après le drame familial qui s'est noué le 9 septembre dans les Bouches-du-Rhône, où un septuagénaire a abattu sa belle-mère, son beau-frère, tous deux invalides, et sa femme, avant de se donner la mort, nous avons souhaité donner la parole à une association d'aidants.
Un homme s'est suicidé lundi après avoir tué sa femme, sa belle-mère et son beau-frère à Maussanne-les-Alpilles et Mouriès, dans les Bouches-du-Rhône. Ce drame illustre la difficulté des aidants, alors que deux des personnes abattues étaient invalides, contraints de rester dans un lit médicalisé.
Un aidant familial, c'est la personne qui aide et accompagne, à titre non professionnel, une personne âgée dépendante ou en situation de handicap dans les actes de la vie quotidienne. C'est souvent un membre de la famille.
"Le risque suicidaire des aidants est une thématique forte dans les structures d'accompagnement des aidants comme les nôtres, nous savons que les aidants s'épuisent", explique Camille Dupré, directrice de l'association A3.
Créée en 2006, cette association d'Aide aux Aidants, a pour objectif de faciliter l'accès des aidants de personnes âgées dépendantes aux dispositifs d'accompagnement des malades et de leurs aidants sur Marseille et plus largement dans les Bouches-du-Rhône.
L'association est née du regroupement de professionnels exerçants dans des domaines médicaux, sociaux, mais aussi de la prévention et de l'accompagnement.
Les aidants s'épuisent
"Souvent ils viennent nous voir un peu tard, explique Camille Dupré, nous souhaitons que les aidants acceptent d'être accompagnés mais pour eux c'est difficile. Sur 11 millions d'aidants seulement 30% acceptent d'être accompagnés."Qui sont les aidants, quels sont les dispositifs existants en France et dans les Bouches-du-Rhône avec Jérémy Hessas.
Des structures insuffisantes
Pour la directrice de l'association A3, "les structures existent mais elles ne sont pas toujours suffisantes par rapport à l'augmentation de la population vieillissante. Il faut maintenant mieux orienter et mieux informer, beaucoup d'aidants souffrent d'un déficit d'informations."Seuls deux dispositifs existent à ce jour pour les personnes en situation d'handicap. La MDPH (Maison départementale des personnes handicapées), prend en charge les personnes en situation de handicap, par le biais de différentes aides. Pour les personnes âgées c'est l'APA, l'Allocation Personnalisée d'Accompagnement qui s'applique.
La grande difficulté de l'aidant, c'est l'isolement
Autre difficulté soulevée par Camille Dupré, l'isolement des aidants, confrontés souvent seuls à l'handicap d'un proche."Nous proposons un accompagnement psychologique de l'aidant pour lui faire comprendre que son statut d'aidant a des limites et qu'il se doit de prendre du répit, ne pas s'oublier, car finalement les aidants s'abandonnent à leur rôle et perdent tout contrôle sur leur propre vie", explique la directirce d'association A3.
"Nous faisons des groupes de parole, des analyses de pratique à l'intérieur de leur sphère familiale (...), nous les accompagnons vers des sorties plus récréatives. Les aidants aiment bien être entre eux, ils se sentent mieux compris (...) la grande difficulté de l'aidant, c'est l'isolement."
Un vrai statut pour les aidants
Un grand plan, demandé par le président de la République, porté par la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, et Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat chargée des personnes handicapées, doit être dévoilé à l'automne. L'objectif est d'aller vers une meilleure reconnaissance de l'aidant familial."La majorité des aidants travaille et notre grande inquiètude concerne les aidants en activité, explique Camille Dupré, conjuguer une double vie, d'aidant, de salarié, de mère de famille, c'est excessivement compliqué."
Pour Camille Dupré, "il y a beaucoup de choses à faire, en matière de jours de congés ou d'aménagement du télétravail."
Selon la directrice de l'association A3, "il faut aller vers un vrai statut de proche aidant (...) la notion d'aide, c'est une belle notion, c'est un enjeu sociétal fantastique."