Depuis dix ans, les procès s'enchaînent autour de ce site. Dernier rebondissement, Culturespaces peut continuer d'exploiter les Carrières des lumières alors qu'il devait arrêter début novembre. C'est une décision du Conseil d'Etat.
C'est un haut lieu du tourisme, une grotte dans laquelle on s'immerge pour en prendre plein les yeux et les oreilles. Le nom des Baux-de-Provence est associé aux Carrières de Lumières. D'immenses images de tableaux de maîtres sont projetées sur les sols, murs et plafonds, accompagnées de musique. Mardi 24 octobre, le Conseil d'Etat a annulé une décision devant mettre fin début novembre à la délégation de service public de l'entreprise Culturespaces. Cet arrêt est "pour nous une grande joie et un grand soulagement", cela signifie que "le contrat peut aller jusqu'à son terme" en 2027, réagit Etienne Devic, directeur des Carrières des lumières pour Culturespaces. Les enjeux économiques sont de taille, 700.000 visiteurs par an. La bataille juridique semble sans fin.
Novembre 2022, le contrat de Culturespaces est résilié
Le 28 novembre 2022, la cour administrative d'appel de Marseille met un terme à la convention de délégation de service public conclue en 2010 entre la mairie des Baux-de-Provence et la société privée Culturespaces pour la gestion des Carrières des lumières. Ce contrat devait être résilié le 1er novembre 2023, dans 7 jours. La maire des Baux-de-Provence, Anne Poniatowski, se dit soulagée. "Non seulement on va pouvoir avancer plus sereinement sur la commune des Baux-de-Provence", mais aussi "sur tout le territoire des Alpilles" qui bénéficie des retombées économiques générées par les Carrières des lumières.
Cathédrales d'images, le prédécesseur
Cathédrales d'images, l'ancien gérant des carrières, avait saisi la cour administrative d'appel de Marseille. Avant d'être évincée, elle a aménagé et géré pendant 35 ans des spectacles de vidéoprojection dans ces carrières. Cathédrale d'Images contestait l'attribution de la gestion du site à Culturespaces, estimant que cette société, devenue depuis une référence mondiale dans son domaine, avait à l'époque obtenu le marché public grâce à des avantages anticoncurrentiels. .
Dans son arrêt du 24 octobre, le juge administratif suprême décide d'annuler l'arrêt du 28 novembre 2022 de la cour administrative d'appel de Marseille et de rejeter la requête présentée par la société Cathédrale d'Images.
Le Conseil d'Etat estime en effet que la société Cathédrale d'Images n'a pas apporté la justification qu'elle avait été "lésée dans ses intérêts de façon suffisamment directe et certaine par la poursuite de l'exécution de la convention de service public conclue le 23 avril 2010". "La demande qu'elle a présentée devant le tribunal administratif de Marseille n'est ainsi pas recevable et sa requête d'appel doit, par suite, être rejetée", conclut-il.
Dans un autre volet de cette bataille judiciaire qui dure depuis plus de dix ans, Culturespaces a été condamnée en février pour "recel de favoritisme" dans l'obtention du marché des Carrières des lumières par la 11e chambre correctionnelle de Paris. L'entreprise a fait appel de cette décision.