Après le décès d’une adolescente, dans un accident de la route à bord d’une voiture sans permis, à Saint-Victoret, dans la nuit de samedi 25 à dimanche 26 mars, voici cinq choses à savoir sur ces véhicules de plus en plus prisés.
Un drame qui soulève de nombreuses questions. Une adolescente est morte, samedi 25 mars, à la suite d'un accident de voiture sans permis à Saint-Victoret, près de Marignane. Les deux autres occupants du véhicule ont été blessés. Un accident qui met en lumière l'utilisation par de jeunes conducteurs de voitures sans permis. France 3 Provence-Alpes se penche sur le phénomène en sept questions.
- Quelles sont les circonstances de ce drame ?
Selon les premières informations, ils étaient trois passagers à bord du véhicule prévu pour deux personnes. Une personne de 17 ans et la victime se trouvaient sur le siège avant droit. La conductrice était âgée de 16 ans.
L'une des occupantes était probablement penchée à l'extérieur de l'habitacle au moment de l'accident. Elle a été écrasée par le poids du véhicule après plusieurs tonneaux. En arrêt cardio-respiratoire, la jeune fille a succombé à ses blessures à l’hôpital de la Timone, à Marseille.
Il semble que le véhicule sans permis soit le seul impliqué dans cet accident mortel. Il s'agit là de circonstances rarissimes : "C'est la première fois que je vois un accident grave avec une voiture sans permis", nous a confié un pompier des Bouches-du-Rhône.
Les deux autres jeunes sont légèrement blessés. Une enquête a été ouverte pour homicide involontaire. Des analyses pour déceler des traces d'alcool ou de drogue sont en cours.
Une cellule d'accompagnement psychologique a été mise en place lundi au collège Jacques-Prévert de Saint-Victoret où était scolarisée la jeune collégienne.
- A qui s’adressent ces véhicules ?
Ces voiturettes peuvent être conduites dès 14 ans. Il faut être détenteur d’un permis AM ou BSR. Il permet de conduire des cyclomoteurs (motocyclettes de moins de 50 cm3) et des voiturettes considérées comme "quadricycles légers". Il est délivré à l’issue d’une formation d’une durée minimale de 8 heures contre 5 auparavant. Cette catégorie est la seule exclue du régime de permis à points.
"80 % de nos ventes ce sont des jeunes", indique Rémy Cayol, concessionnaire Aixam à Marseille dans le 14e arrondissement. "Les parents ne veulent plus mettre leur enfant sur un deux-roues pour des raisons de sécurité", poursuit-il.
En ce qui concerne les acheteurs, on retrouve tous les profils. "Ce ne sont pas que des CSP +, ce sont Monsieur et Madame tout le monde", indique le spécialiste. Il reconnait aussi un "effet Covid", qui a boosté l'activité en 2020. "Les acheteurs ne voulaient plus que leurs enfants prennent les transports en commun, pour ne pas être en contact avec le virus", dit-il.
- En quoi consiste la formation ?
Elle est assurée par des formateurs qualifiés. D’une durée minimale de huit heures, elle est dispensée sur deux jours au moins. La formation se compose :
- d'une séquence dont l’objectif est d’échanger avec les élèves sur la sécurité routière (les comportements, les risques, leurs limites, etc.) ;
- de deux séquences qui sont consacrées à la formation à la conduite hors circulation et à la formation à la conduite en circulation et une autre séquence est dédiée à l’acquisition/révision de connaissances de base du code de la route ;
- une dernière séquence traite traite de la sensibilisation aux risques routiers, en présence de l’un au moins des parents ou du représentant légal de l’élève mineur.
- Où peut-on circuler et comment ?
Elles peuvent circuler sur les routes de campagne, les nationales, mais n’ont pas le droit d’emprunter les voies express et les autoroutes.
Le port de la ceinture de sécurité est obligatoire.
Les voitures peuvent transporter deux personnes : un conducteur et un passager seulement.
Elles sont limitées à une vitesse de 45 km/h. Quant à leur poids, à vide, il n’excède pas 350 kg.
Un enfant de moins de 10 ans peut être transporté dans un système homologué de retenue spécialement conçu pour être installé à l’avant du véhicule, dos à la route.
L’assurance de responsabilité civile, au moins, est obligatoire.
Les quadricycles légers à moteur dits "voiturettes" sont définis à l’article R.311-1 du code de la route :
- Pourquoi sont-elles de plus en plus prisées en France ?
Ces véhicules à quatre roues, plus sécurisants que les scooters, rassurent généralement les parents. De plus en plus d’adolescents sont séduits par la liberté que procurent ces voitures sans permis ou VSP.
Il y a eu d’abord des marques historiques comme Aixam, Bellier, Chatenet, Ligier ou encore Microcar, puis de nouveaux venus comme Citroën, au look futuriste. Le modèle électrique Ami, née en 2020, s’est écoulé à 9 000 exemplaires lors de sa première année sur le marché en 2020. Un chiffre qui ne cesse de grossir aujourd'hui.
Les arguments marketing ne manquent pas puisqu’il est possible de personnaliser ces voiturettes à l’envie, en choisissant sa peinture, ses jantes ou son système audio par exemple...
Aujourd’hui, si beaucoup de seniors la conduisent, la moyenne d’âge est en train de baisser puisque plus de 40 % des conducteurs ont moins de 18 ans.
- A quel prix ?
Même si leurs prestations sont modestes, les voitures sans permis ne sont pas données, bien au contraire. Il faut débourser en moyenne, entre 8 000 € et 20 000 € pour une voiture sans permis thermique.
Côté électrique, on trouve de nombreux modèles car les concessions sont très nombreuses. Selon les options, il faudra débourser entre 7 000 € et 22 000 €.
Chez Ligier par exemple, la voiture sans permis la moins coûteuse est la JS50. Elle est actuellement proposée à partir de 13 999 euros. D’ici quelques mois, la marque proposera également un véhicule électrique, la Ligier Myli, facturé 12 499 euros.
Pour la Citroën Ami, électrique, il faut compter en moyenne de 6 890 € à 8 290 € (déduction faire du bonus écologique de 900 € de l'Etat). Autre exemple, la Renault Twizy coûte entre 10 700 € à 12 777 €.
Pour les rendre encore plus accessibles, il existe aussi des solutions de leasing ou de location avec option d'achat. La Microcar Dué est par exemple proposée ainsi dès 98 euros/mois.
- Quelle est l'accidentalité routière ?
Pour l'année 2021, 487 accidents ont impliqué une voiturette : 17 personnes sont décédées, dont 14 usagers de voiturettes, selon le bilan de l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR).
Attention, même à 45 km/h les accidents restent possibles. Il y a quinze jours, deux jeunes hommes se sont fait une grosse frayeur en roulant sur le circuit urbain de Monaco. Leur voiturette électrique s’est renversée en descente dans l’épingle du Fairmont. Plus de peur que de mal heureusement. Pris en charge par les sapeurs-pompiers de Monaco, ils n'ont été que légèrement blessé.
Parmi les 511 conducteurs de voiturettes impliqués dans un accident corporel, près d’un quart a entre 14 et 24 ans, 17 % entre 35 et 44 ans et 15 % entre 25 et 34 ans. Les deux tiers de ces conducteurs sont des hommes.
Dans les accidents mortels, 5 des 11 conducteurs de voiturette décédés ont entre 65 et 74 ans.
"En trois ans, sur 200 voitures vendues, nous avons eu trois gros sinistres, avec un seul tonneau", précise Rémy Cayol, concessionnaire et réparateur Aixam à Marseille dans le 14e arrondissement.
"Les accidents c'est souvent de la bobologie de type pare-chocs ou des portes abimées, car malgré leur formation, les jeunes n'ont pas l'expérience de la route" , ajoute-t-il. "Mais nos châssis sont en acier extrudé, ce qui donne une coque de protection pour les conducteurs."