19 mars 1962 : "pour nous, c’est la date de la trahison de De Gaulle". Témoignage, d’un fils de soldat harki.

La commémoration du Soixantenaire du cessez-le-feu de la guerre d’Algérie, fait remonter de mauvais souvenirs, notamment auprès des familles de harkis, ces soldats algériens qui ont combattu pour l’armée française.

Malik Houamria, se présente toujours, comme fils d'un soldat harki, et d’une pupille de la nation française.

A 50 ans passés, l’approche de la date du 19 mars, fait remonter de mauvais souvenirs. Des souvenirs d’une enfance isolée, d’un papa soldat abandonné par l’armée française, d’une mère orpheline, qui a vu ses parents fusillés par le FLN, le Front de Libération Nationale.

Son enfance, il l’a passée dans le Logis d’Anne, à Jouques. Il y est même né. C’est un « hameau de forestage », créé en 1963 pour accueillir les soldats harkis et leurs familles.

Ces derniers sont alors menacés de représailles en Algérie, pour avoir combattu dans l’armée française.

Ce qui devait être une période transitoire, s’est pérennisé : "au lieu d’arriver en héros sur le sol français, on nous a parqué dans des camps, on nous a abandonnés", explique Malik.

Le camp de Jouques, à l’instar des 75 hameaux qui ont été créés partout en France à la fin de la guerre, pouvait héberger 25 familles. Malik lui, parle de 80 familles. Le hameau a en effet compté jusqu’à 350 personnes.

Les pères de famille, anciens soldats, travaillaient à l’entretien des forêts, pour le compte de l’Office National des Forêts. Les mères s’occupaient des enfants.

"Nous étions loin des villages, complètement isolés, entassés à 10-12 personnes dans des petits baraquements", explique Malik Houamria.

Eloignés de toute vie culturelle, analphabète, il était impossible pour les familles et les enfants de trouver du travail hors du camp : "nous n’avions même pas accès aux transports en commun pour se déplacer dans les villages, heureusement que nous avions des commerçants ambulants qui venaient nous vendre du pain, des fruits et légumes…", explique le quinquagénaire.

"Quand nos parents sont arrivés dans le camp, ils avaient à peine 20 ans. Ils en sont ressortis à 40 ans".

Malik a depuis créé l’association Action et Communication de la Communauté Harkis de Provence. Son but, témoigner de l’histoire de ses parents, et ainsi de toute la communauté harki. Car pour lui, le 19 mars 1962, marquera à jamais "la trahison de De Gaulle envers les harkis".

Un travail de mémoire qu'il doit à son père : "ils écrivent leur histoire comme çà leur convient. Mais l'histoire, il faut la lire dans son ensemble. Ce que je retiens, c'est que la France a abandonné nos parents". 

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