A Marseille, des habitants solidaires accueillent des mineurs migrants chez eux

Des mineurs isolés vivent dans les rues de Marseille. L'association RAMINA crée un lien avec un collectif de bénévoles. Ils les hébergent chez eux en attendant leur prise en charge par l'Etat.

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Pour seul bagage, ils portent un sac à dos. Des jeunes arrivent régulièrement à Marseille après des mois d'errance. La plupart vivait en Guinée, en Côte d'Ivoire ou au Mali… Chaque semaine, une quinzaine d'entre eux se retrouve au centre-ville de Marseille où l'association RAMINA les rencontre. RAMINA comme Réseau d'Accueil des Minots Non Accompagnés, une structure créée en 2019.

L'association aide les mineurs non accompagnés. Ousmane a 16 ans, il en fait partie. Arrivé du Sénégal en octobre, il recherche une vie meilleure. En attendant que le Conseil départemental le mette à l'abri, comme doit l'être tout mineur isolé, il est hébergé chez Fanny. 

"Quand je suis arrivé ici, j'avais un problème de place pour dormir donc ça m'a aidé, c'est ici que je vis depuis 3 semaines. Elle m'a payé des habits, c'est super, elle est gentille", raconte l'adolescent.

Fanny Bounant fait donc partie des hébergeurs solidaires de Ramina. "L'envie d'accueillir permet de se poser psychiquement et physiquement, ça peut rassurer toute personne qui a envie de s'engager. La nuit surtout, ils sont en errance, en insécurité dans la rue." 

"Ils ont de multiples questions en arrivant. On peut déblayer même s'ils ont encore 1000 questions dans leur tête. Ils se sentent plus sereins et peuvent investir leur vie après," explique la bénévole.

D'après la loi, un mineur, qu'il soit Français ou étranger, a droit à une mise à l'abri immédiate par les Conseils départementaux. Cependant, les délais d'attente avant une place en hôtel peuvent varier de plusieurs semaines à plusieurs mois. Actuellement, la durée à Marseille est d'environ trois semaines.

Au sein de l'association, une trentaine de personnes hébergent bénévolement des jeunes exilés. D'autres les accompagnent avec des cours de français, en attendant qu'ils soient scolarisés. Le parcours classique (ou idéal) se déroule ainsi : hébergement chez un particulier, puis à l'hôtel en enfin dans un foyer. 

"Le premier objectif de ces jeunes, c'est de vivre dans de meilleures conditions que dans leur pays d'origine,"  selon Dominique Zavagi présidente association Ramina, " nous sommes organisés dans une relation triangulaire, avec un référent qui va pouvoir aider l'hébergeur."

Cette personne référente aide à réaliser les démarches administratives, souvent compliquées. Parmi ces démarches : la justice, avec l'intervention d'avocats.

"Chaque mineur va faire valoir ses droits. Si la procédure de protection tarde à être mise en place, que ce soit l'hébergement d'urgence ou la scolarisation, on va pouvoir, on va devoir, on va même être contraints d'aller en justice pour faire valoir les droits de nos jeunes clients," témoigne Frédérique Chartier, membre de la commission des mineurs non accompagnés du barreau de Marseille.

Moussa Camara est arrivé à 16 ans à Marseille. Il termine aujourd'hui un bac professionnel d'électricité. A son arrivée, il y a 4 ans, il a lui également  été hébergé par une famille.

"C'est grâce à eux (Ramina) que j'ai eu une famille et cette famille est devenue aujourd'hui la mienne. J'ai eu la chance d'être scolarisé et de faire des études," raconte Moussa.

Le jeune homme a passé quatre diplômestravaille et loue son propre appartement. Il a une carte de séjour et continue ses études. Il deviendra chef d'équipe. Pour aider les jeunes migrants comme lui, il a même créé sa propre association, Guinée à Marseille.

"Il ne faut pas attendre pour réagir, il faut réagir en attendant" déclare joliment Moussa, "le mieux, c'est de venir en aide à ton prochain que de le voir vraiment dans la difficulté."

Alors que les températures descendent en dessous de zéro, l'association cherche  de nouveaux bénévoles. Pour accueillir un mineur quelques jours, ou jusqu'à sa mise à l'abri. 

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