"Aujourd'hui, nous crions au secours !" : dans l'ombre des Jeux olympiques, des commerçants marseillais en plein naufrage

JO à Marseille : dans l'envers du décor, une association de commerçants lance une bouteille à la mer. Installés face au chantier de la Marina olympique, ils se disent otages des travaux et abandonnés par les pouvoirs publics.

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Ce sont principalement des restaurants : bien alignés sur la promenade Georges Pompidou, face aux plages du Prado, une quinzaine de commerces prospèrent à l'abri de la contre-allée depuis des décennies. Mais cet été, tout a basculé avec l'avancement du chantier de la Marina olympique du Roucas-Blanc qui accueillera les épreuves de voile des JO du 28 juillet au 8 août 2024.

Les travaux et leur cortège de nuisances sont venus s'ajouter à la suppression de places de stationnement et à l'insécurité, sur fond de crise économique. "La saison a été bousillée", confie Lizzy Rahmaoui à France 3 Provence-Alpes ce jeudi 11 janvier.  "Les clients ont déserté nos établissements, on a dû attaquer l'hiver avec de l'argent que l’on n'a pas gagné", ajoute-t-elle. Loyers impayés, factures qui s'accumulent, "on s'endette et on perd patience".

Nous avons 4 à 6 mois de retard, nous courrons droit vers la faillite.

Lizzy Rahmaoui, association Prado Plage

France 3 Provence-Alpes

"À l'été 2024, on ne sera plus là !"

Gérante du restaurant la Dolce Vita, Lizzy Rahmaoui est aussi secrétaire de l'association Prado Plage David, un collectif né de la détresse des commerçants, qui frappent désespérément aux portes de la mairie et de la Métropole depuis l'automne, se sentant laissés-pour-compte, sacrifiés sur l’autel d'intérêts qui les dépassent.

"Gilets jaunes, pandémie de covid, guerre en Ukraine, le contexte sociétal nous a fait beaucoup de mal" s’inquiète la porte-parole de l'association, depuis 2018, on dégringole tellement vite, qu'à l'été 2024, on ne sera plus là".

"Des rideaux de fer pour accueillir les touristes"

Pourtant, l'annonce de la construction d’une marina en vue des Jeux olympiques sur la base nautique située de l'autre côté de la route, avait fait renaître en eux l’espoir, raconte Lizzy, qui se réjouit malgré tout de voir débarquer les JO dans sa ville. Mais les problèmes s'accumulent par ailleurs, négligés eux aussi, dit-elle, tels que l'absence d'éclairage, l’insécurité, la saleté ou la vétusté.

En vue des JO, on veut aussi alerter sur le manque d'hygiène et de sécurité dans le quartier ! Nous-mêmes sommes victimes d'insécurité et vous voulez ramener le monde entier ici ?"

Lizzy Rahmaoui

Pour Lizzy, il est urgent de réagir au risque de ne "laisser aux visiteurs de Jeux Olympiques que des rideaux de fer" pour les accueillir. L'association a donc déposé en décembre des demandes d'aides exceptionnelles auprès de la Ville et de la Métropole, laquelle n'a pour l'heure fourni aucune réponse.

"La Ville n'abandonne pas ses commerçants"

De son côté, la mairie de secteur affirme prendre le dossier très au sérieux dans la mesure de ses compétences. L'aide économique relève de la Région, affirme un porte-parole, la compensation de chiffres d'affaires liée aux travaux dépend, elle, de la Métropole, "les subventions municipales ne pouvant servir à venir en aide aux commerçants en difficulté".

La Ville invite les commerçants à la patience, promettant un retour à la normale dans le quartier dès le printemps et assure qu'elle "n'abandonne pas ses commerçants". Elle tient à rappeler qu’une centaine de milliers d'euros a été investie pour la réhabilitation du périmètre.

Lizzy, elle, n'en démord pas : "s'il le faut, nous irons jusqu’à bloquer l’entrée de la Marina, le poing levé, le jour de l’ouverture, pour faire entendre notre colère".

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