Samedi 9 septembre, un jeune homme de 21 ans portant une kippa a été, selon le Crif, victime d'une agression antisémite près d'une synagogue.

Agressé, menacé, insulté et volé. Samedi 9 septembre, un jeune homme a été violemment agressé à Marseille. L'attaque, visiblement antisémite, est condamnée par les associations et responsables politiques de la région. Le parquet de Marseille, lui, a ouvert une enquête. 

Insulté et agressé près de la synagogue

Peu avant 7h, samedi 9 septembre, jour de chabbat, un jeune homme de 21 ans, de confession juive et portant une kippa, se rend dans une synagogue du 13ᵉ arrondissement de Marseille. Sur le trajet, dans une rue étroite, une voiture tente à deux reprises de lui foncer dessus. Après quoi les agresseurs ont commencé à proférer des insultes à caractère antisémite et à le menacer, l'intimant de se mettre à genoux. "Je vais te massacrer, mets-toi à genoux, sale juif, sale race, je vais te tuer", aurait déclaré l’agresseur, d'après le Crif

Si la victime n'est pas blessée, elle s'est vue dérober des bijoux qu'elle portait. 

Une enquête ouverte

Le jeune homme a porté plainte le jour de son agression. Le Crif de Marseille-Provence a indiqué s'associer à la plainte de la victime et se porter partie civile, "compte tenu de la circonstance aggravante d'antisémitisme".  La justice s'est saisie de l'affaire. La procureure de la République de Marseille, Dominique Laurens, a ouvert une enquête pour "violences aggravées avec arme sur une victime à raison de l'appartenance à une religion et extorsion de fonds et valeurs aggravée à raison de l'appartenance à une religion". 

La classe politique condamne

Cette agression ne manque pas de faire réagir la classe politique, qui condamne, elle aussi, ces agissements. 

Sur X (anciennement Twitter), Benoit Payan, maire de Marseille, a condamné "avec fermeté l'agression antisémite qu'a subi cet étudiant juif." "L'antisémitisme, les violences haineuses, le rejet et les discriminations sont contraires aux valeurs de notre ville, a déclaré l'élu, et doivent être dénoncées sans relâche".

"Cet acte ignoble ne doit pas rester impuni, a réagi la présidente LR de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal, sur X. Nous devons intensifier le combat contre l'antisémitisme qui déferle dans notre pays depuis le début de ce siècle".

Cette agression antisémite est jugée "abjecte" par Manuel Bompard, député de la 4ᵉ circonscription des Bouches-du-Rhone. "J'assure la victime et ses proches de toute ma solidarité, a-t-il déclaré. Nous avons besoin d'un plan d'action global contre l'antisémitisme et toutes les formes de racisme et de discrimination."

Le Crif demande une réponse forte

Dans un communiqué de presse, le Conseil représentatif des institions juives de France (Crif) de Marseille Provence exprime "sa colère et son inquiétude à la suite de cette agression antisémite d'une violence intolérable".

Pour Fabienne Bendayan-Chetrit, présidente du Crif Marseille Provence, cette agression provoque une "bouffée d'indignation, de colère et d'émoi". "Les propos tenus rappellent les heures sombres de notre histoire, s'émeut-elle. Des propos d'une insoutenable gravité qui justifient notre indignation." La présidente tient à souligner que la population juive représente 1 % de la population, mais que "60 % des agressions représentent la communauté juive". Un chiffre "alarmant".

"Ces dernières années, l'effroi est de constater que l’antisémitisme continue et tue, poursuit-elle. On ne peut pas se résigner contre cette montée de l’antisémitisme et que les juifs continuent de se faire agresser parce qu’ils sont juifs".

Pour Bruno Benjamin, ancien président du Crif de Marseille Provence et actuel président de l'association Implicité, la réaction est partagée. "C'est un ras-le-bol qui, finalement, nous étreint parce qu'on ne sent plus en sécurité, confie-t-il. Est-ce que c’est normal, dans ce pays, que les juifs ne peuvent pas vivre comme les autres ? Et-ce qu’on est tenus d’être agressés parce que l'on porte une kippa ?" Lui aussi réclame une "réponse forte". "Si on punissait ces gens comme il le fallait, ils ne recommenceraient pas", assure-t-il. 

436 actes antisémites en 2022 en France

À Marseille, on compte 70 000 juifs, soit la deuxième communauté de France. En 2022, le ministère de l’Intérieur et le SPCJ ont recensé 436 actes antisémites en France, contre 589 l’année précédente.

Selon l’enquête de Fondapol faite dans le cadre de la radiographie de l’antisémitisme en France, les 2/3 des personnes interrogées, de confession juive, témoignent avoir fait l’expérience de "moqueries désobligeantes ou de propos vexants". 

Le port d’une kippa, ou autre signe distinctif, apparaît comme étant le principal facteur de risque associé à une agression antisémite. Pour rappel, après l’agression d’un enseignant en 2016 à Marseille, le président du consistoire israélite de la cité phocéenne avait appelé les juifs à ne plus porter leur couvre-chef, "jusqu’à des jours meilleurs". En effet, 70 % des personnes interrogées portant un signe distinctif disent déjà avoir été victimes d’insultes, contre 39 % de ceux qui en portent rarement ou jamais. Le contraste est d’autant plus marqué par les personnes victimes de menaces d’agression (39 % contre 13%).

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