Procès du jeune qui avait agressé à la machette un enseignant juif à Marseille

Un lycéen radicalisé de 17 ans est jugé aujourd'hui à Paris pour avoir agressé à la machette un enseignant juif à Marseille en janvier 2016. Le procès se tient à huis clos. C'est la première fois qu'un tribunal pour enfants juge un acte criminel terroriste. 

Il avait 15 ans au moment des faits. Le 11 janvier 2016, il agresse à la machette un enseignant juif en plein rue. Ce lycéen Turc d'origine kurde s'était radicalisé. Il avait dit avoir agi au nom d'Allah., il s'était aussi réclamé de l'Etat islamique. Il voulait "planter" les juifs et les policiers, qu'il qualifiait de "mécréants".

Premier procès d'une attaque terroriste

Ce jeune est jugé ce mercredi et jeudi à Paris à huis clos par le tribunal pour enfants pour avoir tenté d'assassiner ce professeur juif. C'est la première attaque à caractère jihadiste commise ces dernières années sur le sol français à être jugée et la première fois qu'un tribunal pour enfants juge en matière criminelle terroriste. Agé de moins de 16 ans, à une semaine près, lors des faits, il bénéficie automatiquement de l'excuse de minorité, et la peine maximale encourue - la perpétuité dans le cas d'un adulte -, est réduite à 20 ans de prison.

Inquiétude des juifs de Marseille

Survenue quelques mois après deux autres attaques antisémites dans la ville, l'agression avait ravivé les inquiétudes des juifs de France et de Marseille. Le président du consistoire local avait conseillé de s'abstenir de porter la kippa dans la rue, par sécurité. Son appel avait été immédiatement critiqué par le grand rabbin de France et le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). Le président François Hollande avait, lui, jugé "insupportable" que des citoyens français estiment nécessaire de "se cacher".

Une dépression sévère pour l'enseignant

Benjamin Amsellem, professeur dans une école confessionnelle, avait réussi à se défendre en parant les coups avec la Torah qu'il tenait à la main, et n'a souffert que de blessures légères. Il avait eu le sentiment que son agresseur voulait le "décapiter", avait dit son avocat, Me Fabrice Labi. L'enseignant est toujours en arrêt de travail et souffre d'une "dépression sévère", selon l'avocat. Il "ne présente pas d'animosité" à l'égard de son agresseur mais veut "comprendre pourquoi il a fait ça".

Délégué de classe et bon élève

L'adolescent, en classe de seconde, avait été interpellé quelques minutes après l'agression. Dans sa fuite, il avait abandonné sa machette et son sac de classe. A la ceinture, il cachait une deuxième lame: un couteau qu'il comptait utiliser pour tuer les policiers qui allaient finalement l'interpeller. Le profil de cet adolescent aux bons résultats scolaires, délégué de classe, avait interpellé les enquêteurs. Arrivé en France à 11 ans pour rejoindre son père réfugié en France, Yusuf n'a laissé deviner quasiment aucun signe de sa radicalisation à ses amis, parents ou professeurs.

Inconnu des services de renseignements

Il administrait un compte Twitter relayant des appels au jihad, avait dans son téléphone des photos de jihadistes et d'armes, mais n'était pas dans le radar des services de renseignements. Il a acheté la machette quelques jours avant de passer à l'acte, dans un magasin de bricolage. Après plusieurs mois de détention, l'adolescent, dont l'avocat n'a pu être joint, a semblé commencer à se distancier "du système de pensée totalitaire" dans lequel il se trouvait, selon un expert psychiatre.
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