Depuis le drame de la rue d'Aubagne il y a 10 mois, 500 personnes délogées ont été prises en charge. Les évacuations se poursuivent et l'Agence Régionale de Santé (ARS) a renforcé sa cellule d'aide psychologique. Les associations de bénévoles jugent le dispositif insuffisant.
Depuis le 5 novembre 2018, 3000 à 4000 personnes ont été évacuées de leurs logements après l'effondrement des immeubles de la rue d'Aubagne. Certains délogés ont dû quitter leur domicile en urgence. Tout juste ont-ils eu le temps d'emporter quelques affaires.
Des délogés sidérés par la perte
Dès le départ, une cellule d'urgence médico-psychologique a été mise en place. 10 mois après le drame, le dispositif existe toujours, il a même été renforcé."Le relogement définitif prend du temps, et on a observé des problèmes de santé qui sont propres à cette situation, explique Flavie Derynck, psychiatre à la cellule d'urgence medico-psychologique. Ces personnes sont sidérées par la rapidité des événements, il y a la peur de l'effondrement et puis il y a la brutalité de la perte du logement.
500 personnes bénéficient d'un accompagnement psychologique. "Il y a probablement pas mal de gens auxquels on n'accède pas, peut-être qu'ils ont un énorme besoin de soutien mais qu'ils ne sont pas dans la demande parce qu'il y a cette sidération, note-elle, c'est vraiment important pour nous de faire passer l'information".Ils perdent leurs repères, leurs objets personnels, leurs animaux domestiques, leur voisinage, leur quartier.... C'est un peu un équivalent de deuil. Le deuil d'une vie.
On prend très au sérieux cette souffrance psychologique.
Les évacuations se poursuivent
La psychiatre estime qu'il faudrait doubler les effectifs pour pouvoir aller vers ces personnes éparpillées dans des hôtels à travers la ville. Surtout que parallèlement, les évacuations se poursuivent."Ce n'est pas à la hauteur du problème qui dure et qui va durer car il y a beaucoup d'immeubles qui sont en péril, constate le collectif des psychologues, donc beaucoup de personnes évacuées et qui vont continuer à être évacuées. Il y a des personnes âgées, isolées, d'autres qui sont relogées dans de la famille ou qui trouvent une solution par elles-mêmes parce que ça dure.
"Seules 50 personnes ont été relogées de façon défninitive. Tous les autres sont en situation d'attente, et il y en a d'autres qui arrivent", ajoute-elle. C'est un traumatisme d'être évacué, et c'est un traumatisme de vivre dans cette incertitude."Il faut absolument qu'il y ait un psychologue au moment des évacuations pour que cela se passe le moins mal possible, car de toute façon c'est un traumatisme.