Du 27 au 29 avril, l'élu marseillais d'opposition et ancien député européen Karim Zeribi, devait être jugé pour abus de confiance et abus de biens sociaux. Mais le coronavirus est passé par là, et son procès a été renvoyé à une date non fixée.

Lundi 27 avril, au matin, en plein confinement, les portes du palais de justice de Marseille sont closes, personne pour tenir l’audience et la date de renvoi n’a pas été fixée.
 
L’homme politique marseillais devait comparaître en compagnie de cinq autres personnes, dont son fils Rayane et Driss Ait Youssef, docteur en droit public et président de l’Institut Léonard de Vinci.

La justice reproche à ces six personnes des faits d’abus de confiance et d’abus de biens sociaux. Dans l’ordonnance de renvoi, signée le 5 juillet 2018, la juge d’instruction détaillait l’ensemble des délits reprochés à Karim Zeribi.

Confusion de l’associatif et du politique

Selon l'instruction, Karim Zeribi a utilisé deux associations, qu’il a créées, Agir pour la Citoyenneté (APC) et Agir pour la Compétence et le Recrutement (APC-R) pour servir son activité politique.

"C’est dans ce contexte qu’il allait, à de multiples reprises, manifestement opérer à une confusion des genres entre le milieu associatif et l’intérêt politique de ses campagnes, le premier finançant le second", explique la magistrate.

"Les associations APC et APC-R, lesquelles fonctionnaient essentiellement grâce à l’octroi de subventions, publiques ou privées, ont vu leurs fonds utilisés à d’autres fins que celles convenues conventionnellement avec les autorités mécènes, et ce au profit de Monsieur Zeribi, candidat, et au détriment des actions pourtant annoncées", détaille-t-elle.

Ainsi, une part importante des subventions versées entre 2007 et 2009 à l’association APC, plus de 86.000 euros, aurait servi les intérêts politiques exclusifs de l’élu, "au lieu de mettre en contact employeurs et jeunes des cités pour favoriser leur insertion professionnelle".

Une lettre anonyme adressée au parquet de Marseille 

L’enquête a démarré après l'envoi d'une lettre anonyme, adressée au parquet de Marseille, le 18 octobre 2016.

Au cours de l’instruction, de nombreuses personnes sont entendues, notamment des salariés des associations. Ces témoins expliquent que les structures servaient de "véhicules politiques" pour optimiser l’électorat de Karim Zeribi.

Elles servaient aussi à financer ses campagnes politiques ou encore ses intérêts politiques, comme par exemple un sondage, "qui ne servait manifestement pas l’intérêt de l’association mais avait pour unique objectif de servir l’objectif de Karim Zeribi".

Quant à l’antenne marseillaise d’APC-R, "il n’existait pas de réel travail associatif", explique la juge d’instruction.

La magistrate conclut que "cette absence de transparence dans la gestion des fonds associatifs, lesquels servaient l’intérêt politique de Monsieur Zeribi, était corroborée par de nombreux autres témoignages"

La confusion de l’intérêt social et privé 

La juge ouvre ce chapitre avec des termes durs à propos des méthodes de gestion de Karim Zeribi.

"La confusion semblait partout au cœur du système d’organisation de Karim Zeribi qui, après avoir mêlé l’associatif et le politique, mélangeait les fonds sociaux et privés de la société K2C".  

Cette société de conseils et de communication a été créée par l’élu marseillais en 2007 et liquidée en 2014.

L’enquête révèle des irrégularités comptables, des virements sans justificatifs, toujours au bénéfice de l’homme politique, des dépenses injustifiées, comme par exemple la réfection de sa piscine, ou encore, la cession à titre gracieux d’une Mercedes, que K2C avait acheté 26.021 euros.

"J’attends avec impatience ce procès"  

Joint au téléphone lundi 18 mai, Karim Zeribi explique avoir hâte d'en finir : "J’attends avec impatience ce procès depuis cinq ans". L’ancien député européen a toujours contesté les faits reprochés. 

"Je n’ai rien fait d’illégal dans ce dossier, je me défendrai au tribunal, je suis serein (…) ce dossier est un comble, on marche sur la tête", maintenait déjà l'élu en juillet 2018, affirmant "qu'aucune collectivité ne s’est constituée partie civile".

"J’ai beaucoup de choses à dire, pour expliquer ce qu’est la vie associative", affirme celui qui a aussi était footballeur professionnel au stade de Laval.

L’élu marseillais, qui termine son mandat de conseiller municipal, indique que cette affaire ne l’écartera pas de la vie politique : "Je me suis mis entre parenthèses, mais j’ai hâte de revenir !" 
 
L'actualité "Société" vous intéresse ? Continuez votre exploration et découvrez d'autres thématiques dans notre newsletter quotidienne.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
Provence-Alpes-Côte d'Azur
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité